En Quoi Le Partage De La Valeur Ajoutée Influence t-Il Le Niveau De l'Investissement ?
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A/ Les constats empiriques et mécanismes reliant taux de marge et taux d'investissement
* En période de ralentissement des gains de productivité se pose le problème du partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits. Les entreprises ont tendance à limiter la croissance des coûts salariaux pour améliorer leurs profits afin de permettre une meilleure rentabilité de l'entreprise dans l'objectif de pouvoir investir. Le partage de la valeur ajoutée devient, de ce fait, favorable aux entreprises puisqu'il se traduit par une amélioration du taux de marge : EBE/VA. Depuis 1983, en France, la politique de rigueur salariale s'est en effet traduite par une remontée du taux de marge qui est passé de 25.8% en 1980 à 32.3% en 1997 (soit à un niveau supérieur à ce qu'il était avant la crise (30.8% en 1970). Le taux de marge plus élevé se traduit par un taux d'épargne des entreprises en hausse (EB/VA) et donc par un taux d'autofinancement (capacité à financer ses investissements : EB/FBCF) en hausse. En effet, le taux d'autofinancement est passé de 62% en 1980 à 115% en 1995. Cette capacité à s'autofinancer rend le coût de l'investissement minimal puisqu'il correspond alors au prix d'acquisition (pas de coût supplémentaire lié à l'emprunt). De 1985 à 1991, le taux d'investissement a progressé de 3 points (passant de 16% à 19%).
B/ Selon l'analyse libérale, l'augmentation de l'épargne tend à abaisser le taux d'intérêt réel
* Pour les classiques, le taux d'intérêt réel est la variable d'ajustement sur le marché des fonds prêtables entre l'épargne (qui correspond à l'offre de fonds prêtables) et l'investissement (qui correspond à la demande de fonds prêtables). Plus le niveau de l'épargne est élevé, plus le taux d'intérêt est bas. Or, un partage de la valeur ajoutée favorable aux entreprises élève le niveau de l'épargne, donc, tend à faire baisser les taux d'intérêts, ce qui est avantageux pour l'investissement puisque limitant les charges financières pesant sur l'entreprise et imputables à l'emprunt. De plus, des taux d'intérêts réels faibles favorisent la rentabilité financière de l'entreprise, mettant ainsi en place l'effet de levier. La rentabilité économique est supérieure au taux d'intérêt réel, la profitabilité est positive, elle permet de dégager une marge qui rémunère le risque. Cela rend l'investissement par recours à l'emprunt plus rentable, ce qui est profitable aux propriétaires d'entreprises ayant une faible capacité d'épargne.
* Dans la pratique, toutefois, un partage de la valeur ajoutée favorable aux entreprises ne se traduit pas toujours par un taux d'investissement élevé, ni même par des taux d'intérêts faibles (dans les années 1980 et 1990, les taux d'intérêts sont restés à des niveaux élevés).
II. Un partage de la valeur ajoutée favorable aux entreprises (en termes de capacités d'investir) peut ne pas se traduire par une décision d'investir, car le choix d'investir repose sur les profits escomptés de l'investissement et en cela dépend du niveau de la demande
A/ La hausse du taux de marge se traduit par un recul de la part des salaires dans la valeur ajoutée, assombrissant les perspectives de débouchés pour les entreprises
* En France, entre 1980 et 1997, la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé, passant de 68.3% à 59.7%. Cette rigueur salariale a freiné la croissance de la consommation, les entreprises ont alors revu à la baisse leurs perspectives de débouchés. La demande effective (demande anticipée dans l'analyse keynésienne) est alors apparue comme insuffisante pour justifier une hausse de l'investissement (taux d'investissement "historiquement bas" en 1996, bien que le taux de marge soit à un niveau élevé (32.3%), amenant à un taux d'autofinancement de 115%). Ceci montre que les entreprises, bien qu'ayant la capacité d'investir, n'ont pas pris la décision d'investir du fait de la faiblesse de la demande. Entre la demande et l'investissement, il existe un lien ténu, mis en évidence par Clark. Ce lien, c'est le principe de l'accélérateur, selon lequel les réactions de l'investissement à la demande sont amplifiées. Ainsi, si la demande ralentit, l'investissement est freiné de manière amplifiée, voire sa croissance devient négative. C'est cet effet de décélération qui a joué sur cette période.
B/ La volonté d'investir dépend de l'endettement et du degré d'utilisation des capacités de production
* Un partage favorable pour les entreprises de la valeur ajoutée ne se traduit pas nécessairement par une hausse de l'investissement. Si les entreprises sont largement endettées et les taux d'intérêts élevés, elles commencent par se désendetter pour assainir leur situation financière (années 1985 et suivantes).
* De plus, dans le cas où ce problème est résolu et que la demande repart, les entreprises n'investissent que si elles prévoient une reprise durable de la demande, car la rentabilité
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