Il parut alors une beauté à la cour, Lafayette
Commentaire de texte : Il parut alors une beauté à la cour, Lafayette. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar celiacsgx • 23 Avril 2020 • Commentaire de texte • 1 296 Mots (6 Pages) • 1 592 Vues
Le roman s’ouvre sur un tableau de la cour de France «dans les dernières années du règnes de Henri second». Sur cette brillante toile de fond, se détachent les portraits des Grands du Royaumes, tous plus remarquables les uns que les autres pour la beauté, l’esprit, le goût, le mérite. C’est dans ce cortège d’êtres d’exception que paraît l’héroïne, Mlle de Chartres, future princesse de Clèves : elle est encore plus extraordinaire que les plus prestigieuses dames de la cour et sa vraisemblance se trouve garantie par le cadre historique du roman. L’éducation à une place essentielle dans le portrait de la jeune fille. C’est le passage central du texte, qui donne à la présentation son importance décisive pour la suite.
I) L’art du portrait
L’auteure ne donne pas directement le nom de l’héroïne, c’est par une énigme que débute le portrait, l’apparition d’une inconnue dans le microcosme de la cour : «Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde». De même, ici, tous les regards se portent vers «cette beauté parfaite» qui surpassent toute les autres et suscite leur «admiration». Le récit marque un temps d’arrêt. En revenant sur le passé de la jeune fille mystérieuse, l’auteure donne les éléments de résolution de l’énigme : «on apprend qu’elle était de même maison que le vidame de Chartres» dont il a été question dans le début du roman, et son nom est révélé par celui de sa mère. La fin du texte renvoie au début, et l’image un instant interrompue, de l’entrée de Mlle de Chartres dans ce lieu où les regards jouent un rôle essentiel revient au premier plan «Lorsqu’elle arriva...surpris avec raison» (l.27/29). L’étonnement admiratif du vidame, marqué avec insistance par la répétition du terme «surpris», résume celle de toute la cour, éblouie, par ce personnage de conte de fées.
- Physiques: les seuls éléments auxquels peut s’accrocher l’imagination sont «la blancheur du teint», «ses cheveux blonds», «ses traits réguliers». La blondeur aura son importance par la suite : au tournoi, M. de Nemours choisit de porter du jaune, couleur aimée de Mme de Clèves qui «était fâchée d’être blonde car elle n’en pouvait mettre». Quant aux deux autres détails, ils n’ont pas un grand pouvoir d’évocation. Elle préfère suggérer ce qui émane de la jeune fille : «l’éclat», «la grâce», «les charmes» pour faire rêver la lecteur. L’auteure mêle subtilement les hyperboles les plus appuyées, les superlatifs les plus flatteurs (une beauté parfaites, un éclat que l’on n’a jamais vu qu’a elle).
- Caractéristiques: Lafayette n’insiste pas sur la formation intellectuelle de l’héroïne, tout est sur le mental et le physique: sa mère «travailla à cultiver son esprit et sa beauté». Mais la grande préoccupation de Mme de Chartres, «dont la vertu et le mérite étaient extraordinaires», n’est pas d’ordre intellectuel mais moral. Elle a un objectif paradoxal: non seulement «lui donner de la vertu», mais «la lui rendre aimable».
II) Les conseils d’une mère
Mme de Chartres éloignée de la cour par son veuvage, «avait donné ses soins à l’éducation de sa fille». Le développement qui suit, à une place centrale dans le passage (notons les imparfaits: «elle lui montrait», «elle lui contait», «elle lui faisait voir»), Chartres fonde son action sur la parole, elle sait qu’il n’y a pas d’éducation sans imprégnation. Femme intelligente, elle refuse la conspiration du silence quand il s’agit de sa fille: «la plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner». Cette pratique courante ne lui en impose pas: elle «avait une opinion opposée: elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour». Mme veut «persuader» et non contraindre : elle s’adresse à l’intelligence de sa fille, à sa raison et tire la conviction que sa confiance ne sera pas déçue. En effet ne pas parler d’amour quand la vertu est le but recherché de l’éducation, c’est risquer de réduire ses efforts à néant. Chartres consacre son discours à montrer le désordre qui suit la passion, alors qu’elle en dépeint les charmes. Il faut vivre en confrontant le paradoxe suivant: aimer la vertu et craindre, voire refuser la passion. Les deux visages de l’amour sont mis en lumière: «elle lui montrait ce qu’il a d’agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui apprenait de dangereux». Elle développe ensuite l’antithèse entre l’amour et la vertu dans deux tableaux contrastés: d’un côté «les malheurs domestiques» pour qui fait bon accueil aux «engagements» de l’autre, pour qui a choisi la vertu, la «tranquillité», «l’éclat» et «l’élévation». Les deux derniers thermes sont propres à séduire une âme d’élite : en effet, si l’amour
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