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L'expérience Du Mal Est-Elle Source De Progrès Moral ?

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xemple)

- avec jugement de valeur : passage graduel du moins bien vers le mieux, selon une transformation positive

- “le Progrès” : mouvement global de la civilisation occidentale marqué par un développement des sciences et des techniques. La conception du Progrès héritée du XIXème siècle, conçu comme un absolu, est lié à une philosophie de l’histoire. Au XXème siècle, la “foi au Progrès” en sa naïveté aveuglante perd de sa pertinence. La notion de progrès est davantage reliée à une évaluation de la valeur globale de l’action.

Termes opposés : régression, rémission, décadence, déchéance, …

Si la notion de progrès technique a un contenu clairement identifiable, celle de progrès moral est pour le moins problématique. Elle ne semble pas avoir de sens au niveau du développement de l’histoire universelle. En revanche, sur le plan personnel, elle retrouve une réelle pertinence : S’il est vrai que la vertu est l’habitude du bien, l’homme peut s’y exercer, et s’affermir. Par ailleurs, la conscience morale a besoin d’être éclairée … Comment ?

Le progrès moral serait alors un progrès dans la connaissance de ce qu’il faut faire et ne pas faire. L’homme expérimenté acquiert une connaissance qui le rendrait “plus moral” (progrès), c’est-à-dire davantage capable de discerner le bien du mal, et davantage capable de faire le bien et de renoncer au mal.

Problème : Comment concilier l’universalité de l’exigence morale avec la particularité d’une expérience subjective, singulière, et en bonne part intérieure ? Rôle pertinent d’une approche descriptive.

Plan possible

Introduction

L’expérience du mal est multiple : la souffrance qui pousse à la vengeance ou au pardon, le regret qui conduit au remords, au désespoir, ou au repentir, … Nous prenons conscience que ce qui a eu lieu n’aurait pas dû avoir lieu, et ainsi nous apprenons à connaître ce qu’il faudra éviter à l’avenir. Idem au point de vue de l’histoire universelle, ce “tissu d’atrocités” (Voltaire). Analogie avec l’expérience scientifique : les faits nous permettent d’induire des lois, en l’occurence ici des lois morales, qui devraient permettre un progrès moral.

Faut-il alors conclure que c’est l’expérience du mal qui produit ce progrès moral ? Comme si l’homme n’avait quasiment aucun savoir préalable, aucune capacité de discerner le bien du mal ? La croissance dans la connaissance du bien et du mal passe-t-elle réellement par l’expérience ? De quelle nature est cette expérience ?

I/ L’expérience du mal est la sortie de l’état d’innocence

1) L’état d’innocence est ignorance du bien et du mal. L’homme fait le mal initialement sans le savoir. C’est après coup qu’une connaissance morale lui est donnée.

L’état d’innocence trahit une ignorance fondamentale. L’histoire nous montre sa précarité. Les principes moraux, les lois politiques sont souvent des solutions apportées à des problèmes concrètement tragiques : la loi du talion, progrès par rapport au cercle infernale de la vengeance. L’ignorance pour être innocente n’en est pas moins tragique : Œdipe ignorait qu’il tuait son père et épousait sa mère. L’imprudence de l’innocence a cédé la place à la “révélation” du mal. Cette connaissance est éprouvante (Œdipe se crève les yeux).

2) Pour rendre possible l’éducation morale il faut supposer la possibilité d’un progrès moral

L’enfant innocent a le cœur léger. Néanmoins, il a besoin d’une éducation qui ne fera pas l’économie d’épreuves au terme desquelles il saura ce qu’il convient de faire, et ce qu’il convient de ne pas faire. Irénée de Lyon (à la différence d’Augustin) a relu le ch 3 de la Genèse, traditionnellement (et peut-être à tort) appelé la chute, comme le nécessaire apprentissage de la liberté humaine. C’est pour lui un “péché de jeunesse” quasi inévitable. L’humanité à l’état d’enfance doit risquer sa liberté pour découvrir le bien et le mal, apprendre à bien user de sa liberté, et ainsi progresser vers la pleine stature d’homme dont le Christ est l’accomplissement et la “récapitulation”. Accident de parcours à comprendre dans un itinéraire fondamentalement orienté vers le Bien, signe d’une humanité en croissance, en devenir, en attente d’accomplissement.

3) Cette croissance morale n’est peut-être alors que le fruit d’une peur des conséquences du mal, et donc de la mauvaise conscience (Nietzsche)

Celui qui agit pour la première fois ne connaît pas les conséquences malheureuses de ses actes. L’enfant fait le mal sans le savoir : irréflexion, essai, “test”, tentative au hasard … Pour Nietzsche (Généalogie de la morale), cet état d’innocence est l’état idéal de l’humanité. Puis vient la mauvaise conscience née de la peur ressentie par l’homme dont l’esprit est faible. De cette mauvaise conscience apparaissent les notions de Bien et de Mal. La morale qui empêche de faire le mal, est née du ressentiment des faibles à l’égard des forts. Est perdue la spontanéité innocente de l’action, à cause d’une dissociation perfide entre intention et action elle-même. C’est donc l’expérience comme leçon tirée des conséquences du mal redoutées qui rend l’homme plus moral. Mais pour Nietzsche, ce n’est pas un progrès !

Transition : Est-ce l’expérience du mal qui crée et développe le sens moral ?

Le progrès moral suppose une capacité à faire le bien volontairement. On ne peut raisonner à partir des seules conséquences extérieures du mal. Toute expérience du mal quelle qu’elle soit met déjà en œuvre un certain sens moral. L’état d’innocence n’est peut-être qu’une fiction.

II/ Qu’est-ce que suppose l’expérience du mal ? (enrichissement de la notion)

1) L’expérience du mal suppose une conscience morale déjà là

Contre Nietzsche, on peut opposer que, même si mal et mauvaise conscience sont liés, il n’est pas juste de dire que c’est la peur du mal qui engendre la mauvaise conscience. En effet, l’acte moral n’a rien à voir avec la peur de la sanction, qui reste une conduite intéressée. Avec Kant, il faut tenir que l’acte moral est l’acte fait en vertu d’une bonne volonté, d’une bonne intention. L’expérience du mal commis, c’est donc d’abord l’expérience de la volonté reconnue comme pervertie. Conséquence : pour être tenu coupable du mal, il faut déjà avoir accompli un certain progrès moral, et être pourvu de principes moraux. C’est donc bien plutôt le progrès moral qui permet de faire une véritable expérience du mal. D’où en radicalisant la position de Simone Weil : “On n’a l’expérience du bien qu’en l’acomplissant. On n’a l’expérience du mal qu’en s’interdisant de l’accomplir, ou, si on l’a accompli, qu’en s’en repentant.” (La Pesanteur et la Grâce)

2) Mais la raison calculatrice pervertit le sens moral : l’expérience d’une division interne.

Il reste qu’il est difficile à comprendre comment l’homme qui a une conscience morale assez aiguisée, puisse se sentir poussé à agir mal. Rousseau, (Émile, “Profession de foi du vicaire savoyard”) explique la dissonance entre la création d’un homme bon et un monde mauvais comme la perversion de la conscience morale originellement pure, par la raison calculatrice et intéressée. Le calcul engendre l’égoïsme, le repli sur soi, la recherche de l’intérêt particulier, là où la pure conscience morale est un sentiment instinctif et divin. L’expérience du mal est alors l’expérience d’une division interne du sujet entre raison et sentiment. C’est la face aveuglante de l’expérience qui est alors déficiente : “Quand on a accompli le mal, on ne le connaît pas, parce que le mal fuit la lumière.” (Simone Weil, Ibid.)

3) Dans l’expérience du mal, nécessité de distinguer le mal physique (l’adversité, le nuisible, mesuré aux conséquences) et le mal moral (qui n’est pas de l’ordre d’un fait)

Il faut alors distinguer dans l’expérience du mal, mal moral et malheur nuisible, simple conséquence. Kant (Critique de la Raison Pratique, I, I, 2) distingue le mal moral (Böse) du malheur, du désagrément (Übel, Weh). Le mal moral est repoussé par la raison en vertu d’une loi universelle, car a priori, et donc désintéressée. Il s’oppose au bien moral. Le malheur s’oppose au bonheur particulier de l’individu. En soi, il ne concerne pas la moralité. C’est le nuisible, le désagréable. D’où problème : Si le mal dont on fait l’expérience et dont on éprouve les conséquences est sans rapport avec la moralité de l’homme, on ne voit pas comment il pourrait être facteur d’un progrès moral.

Transition : Mais si le sens moral précède l’expérience du mal, cette expérience paradoxale ne contribue-t-elle pas alors à un certain progrès moral ?

En effet, n’y a-t-il pas pourtant un progrès moral possible ? Même si le

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