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"Le Festin Nu" Burroughs

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le livre légendaire de cette littérature de la ville « babylonienne » sous le signe de tous les vices, sexualité sans entraves ni tabous, de la marginalité, des drogues et de la violence... Mais aussi une réflexion sur les mœurs occidentaux, la morale, ou encore la surveillance et la culture (de consommation) de la société occidentale... Ecrit à la suite de "Junkie" ses confessions douloureuses sur sa vie de drogué et son homosexualité, En quoi "Le festin nu" est caractéristique du mouvement « beat » ?

– lorsqu’il vivotait de came dans des chambres infectes aux quatre coins du monde vivotant de différents emplois. C'est à Paris en 1958, qu'il met en forme ses notes éparpillées, dont le titre a été soufflé par Kerouac. Le festin nu est "cet instant pétrifié et glacé où chacun peut voir ce qui est piqué au bout de sa fourchette.", selon son explication. Après un débat houleux sur son contenu choquant, brut sans tabous et sans limites, "Naked Lunch" paraît aux Etats-Unis en 1962, mais s'attirera les foudres de la censure américaine et sera même condamné en 1965. Qualifié de "visionnaire de la littérature moderne", il est l'un des premiers, dès les années 60, à dénoncer les méfaits du capitalisme et l’utilisation des hommes comme des objets économiques mais aussi des applications de la science et de la génétique sur l'humain.

"Le festin nu" s'adresse tout du moins à un public averti « ceux qui n'ont pas l'estomac fragile » tant par les thèmes qu'il aborde que par sa forme iconoclaste faite de "cut up" ou encore de visions délirantes de l'auteur. Il ne raconte pas d'histoire à proprement parler mais mixe plutôt une série d’historiettes, d'épisodes ou de dialogues découpés en 21 chapitres, où domine la voix du narrateur "Lee" assimilable à Burroughs.

C'est en tout cas une expérience éprouvante et déroutante, parfois fastidieuse si l'on ne parvient pas à lâcher prise et à accepter suivre, voire de se perdre, dans ses convulsions et cauchemars, en rechercher à tout prix un lien ou une interprétation logique...

« Pourquoi tout ce papier gâché a essayer d’emmener le Beau Monde d’ un endroit a un autre ? Peut-être pour épargner au Lecteur la fatigue de randonnées a travers l’espace, et lui permettre ainsi de mériter son épithète d’Aimable ? (…) Un écrivain ne peut décrire qu’une seule chose : ce que ses sens perçoivent au moment où il écrit… Je ne suis qu’un appareil d’enregistrement… Je ne pretend imposer ni « histoire » ni « intrigue » ni « scénario »…(…)

Les écrivains parlent de l’odeur douceatre et fiévreuse de la mort alors que le premier camé venu te dira que la mort n’a pas d’odeur, et en meme temps une non-odeur sans couleurs de la mort… nul ne peut la humer à travers les volutes roses et les filtres de sang noir de la chair… » chapitre : Tu en ferais tout autant.

Il est donc assez facile de perdre le fil de l'auteur : un monde absurde et inspiré des sociétés modernes ou tout se vend « l’Interzone » , grotesque comique, noir, dépravé, dictatorial, truffé de médecins fous, de dictateurs fragiles, d'homosexuels brimés, de putains cannibales ou encore de lieutenants libidineux, etc.

Les premiers chapitres sont essentiellement consacrés aux affres de sa toxicomanie et a ses études sur les drogues, sous forme de carnet scientifique. On y trouve de mémorables passages décrivant les effets dévastateurs des drogues multiples sur le corps et l'esprit ou encore les différences subtiles entre fumeurs d'opium et les adeptes de la cocaïne ou du yage... Ils comptent parmi les plus réussis avec l'introduction préalable qui explique, comme cela n'avait encore jamais été fait, la condition et la psychologie de l'homme dépendant de la drogue. "(...) le camé ne veut pas être au chaud, il veut être au frais, au froid, au Grand Gel.(...) Voilà la vie qu'on mène dans la Chambre froide...

Même si le sujet ne vous passionne pas, il parvient à le dépasser et renvoie à l'Homme dans sa dimension universelle. « Les vieux de la veille, les vétérans du dross au visage burinés par le temps gris de la came n’auront pas oublié… Dans les années 20, les fourgueurs chinois émigrés chez nous jugèrent l’ Occident si corrompu, détestable et indigne de confiance qu’ils fermèrent boutique, et quand un camé en manque venait frapper à leur porte ils répondaient :

-Plus lien… leviens vendledi… »

Il divulgue des modes d'emploi sur le vif : "La coquette, papa, il faut la piquer direct dans la veine (...) et puis tu sens comme une bouffée de bonheur à l'état pur qui te transperce le cerveau en allumant toutes les lampes témoins du circuit, une succession d'explosions blanches qui te défoncent le citron." On ressent une profonde connaissance de la toxicomanie "... Une orchidée rouge s'épanouit au fond du compte-gouttes. Durant une longue seconde il hésita, puis il pressa le caoutchouc et regarda le liquide disparaître d'un trait dans la veine, comme aspiré par la soif silencieuse de son sang."

"Le plaisir de la coco, tu le sais bien à présent, se situe dans la tête et celui dans la morphine dans les tripes."

Tout du long, Burroughs (qui a étudié la médecine à Vienne) frappe par son approche très biologique des corps, de leur "mécanique" anatomique ou encore des réactions chimiques, du systéme nerveux et neuronal. Des extraits d'article scientifique ou d'encyclopédie jalonnent ainsi sa prose engagé à traduire sa perception novatrice des institutions « La prolifération cellulaire totale débouche sur le cancer. La démocratie est cancérigène par essence, et les bureaux sont ses cancers vivants. Bureaux, services, offices, sections… Un bureau prend racine par hasard dans l’Etat, se mue bientôt en tumeur maligne, comme la Brigade des Stupéfiants, et commence à se reproduire sans relâche, multipliant sa propre souche à des dizaines d’exemplaires, et il finira par asphyxier son hôte, au sens biologique du terme, si on ne réussit pas à le neutraliser ou à l’éliminer à temps. Les bureaux, qui sont de nature purement parasitaire, ne peuvent subsister sans leur hôte, sans leurs organisme nourricier…(En revanche, les coopératives peuvent parfaitement subsister sans l’etat.Elles offrent une solution rationnelle, c’est-à-dire l’instauration d’unités indépendantes répondant aux besoins

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