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Le Page Disgracié - Commentaire Du Prélude

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otal. On ne sait pas qui est Thirinte. Toutefois, c’est certainement un prénom. Or, la formule « Cher » + prénom connote une intimité entre les personnages. Adresse perceptible à travers le « vous » (x7).

* « Vous » d’intimité ou « vous » qui englobe le lecteur ? Double lecture possible. Manière de toucher le lecteur, de l’inclure, surtout que « vous » peut être à la fois singulier ou pluriel.

* Intimité : intimité présente dans l’adresse et dans le fait de nommer le destinataire par son prénom, comme dit précédemment. Et perceptible à travers l’idée du dévoilement. « Tout le cours de ma vie ».

1.3. L’exclusion de certains genres

Début du second paragraphe

(Feuille annexe) explication de la structure parallèle

* Refus de la poésie épique : La poésie épique évoque des événements historiques (mêlés généralement à des légendes) ou des héros magnifiés. Il s’agit en fait d’accorder à un fait ou à un héros une grandeur et une force extraordinaires. Ecriture prosaïque dans le fond et la formel, prose étant opposé à vers ou poésie. Fond prosaïque car ce n’est pas un récit héroïque, des exploits d’un héros mais une « histoire déplorable » soit une très mauvaise histoire (ici terme fort) renforcé par la description du personnage principal comme un « objet de pitié » et comme « un jouet des passions, des astres et de la Fortune ». Narrateur décrit ici comme un antihéros.

* Refus de la fable : Furetière « qui sert de sujet au poème épique et dramatique » donc à nouveau refus de la poésie épique puis refus du poème dramatique et « absolument Fausseté » ici intéressant car le mot qui suit a aussi une majuscule et il s’agit du mot « Vérité ». Donc refus de la fable car selon lui elle incarne le mensonge. Volonté de vérité. De plus, personnification de la Vérité « mal habillée », « toute nue ». Insistance sur le fait de vouloir faire un récit vrai.

* Ornementation : « peinture ... flattée » refus absolu de l’ornementation. Volonté de simplicité, de réalité, de vérité sans ornements. Idée que l’on voit aussi dans « Fable ... ornements avec pompe ». Vérité encore à travers le mot « original » et « miroir ».

CEPENDANT cela est paradoxal de montrer le miroir comme une réalité puisque l’objet présente une réalité inversée...

2. L’ambivalence du « je »

2.1. Le Pacte autobiographique, Philippe Lejeune

* « Effet contractuel » entre Thirinte et « je » et non entre auteur et lecteur (nuance), sauf si, comme on l’a dit précédemment, le « vous » est une manière d’englober Thirinte et le lecteur. Le récit viendrait en réalité d’une commande de Thirinte. C’est lui qui aurait poussé « je » à écrire, à raconter sa vie. . C’est lui qui a demandé à connaître les aventures du « je » : « vous voulez absolument » (absolument renforce cette idée, façon d’insister), « faire languir davantage », « je » pressé par Thirinte ?

* Libido sciendi : une des trois libidos de la faute originelle (charnelle, savoir, domination). Volonté de tout dire, de tout savoir. « Savoir tout le cours de ma vie » idée d’une continuité, de quelque chose dans la durée, renforcé par « les postures de ma fortune ». Le pluriel traduit une multitude, une multiplicité des épisodes. « Faire languir » : impatience, réelle volonté de savoir rapidement, curiosité de Thirinte. « Curieux », selon le dictionnaire de Furetière, renforce cette idée. Cela ne signifie pas « étrange » mais le désir « de tout savoir, de tout apprendre ».

* Vérité « toute nue » comme évoqué précédemment, mais vraiment vérité (miroir) ? Et vraiment vérité si autofiction ?

2.2. « Je narrant »

* Occurrences : On a déjà montré que le « je » était omniprésent dans notre extrait. Seulement, ce « je » peut avoir un double sens. Il peut être à la fois narrateur auteur et personnage principal. Exemple de la première phrase.

* Composition littéraire : le « je » narrant, ici, est très présent et majoritairement en ce qui concerne la composition littéraire (illustration) Autrement dit, ce « je » réfléchit sur le discours même. On peut parler de métadiscours. Il a une idée certaine de l’écriture. On l’a dit précédemment, le « je » pense son écriture. Il souhaite ni faire un poème épique, ni une fable, etc. mais plutôt une écriture vraie.

- Intertextualité : le « je » réfléchit sur l’écriture à travers l’exemple de Montaigne – « un des plus excellents esprits de ce siècle », « se met quelques fois en jeu », « vigoureux essais », « se dépeignant lui-même », « matière » montrent une très probable allusion aux Essais ; puis modèle car construction générale en livres (il devait y en avoir plusieurs), en parties (deux) et en chapitres enfin « moi » matière de son livre.

* Ironie : 1) par rapport aux romans longs et ennuyeux « de peur de vous être ennuyeux par un trop long discours », en effet les romans de l’époque étaient très longs comme L’Astrée (5399 pages) ou L’Histoire Comique de Francion (758 pages dans l’édition Gallimard), 2) critique des genres > excès dans le vocabulaire qu’il utilise par rapport à la description des genres « ornements avec pompe », « poème illustre » + mise en place des deux extrêmes (style haut et style bas) comme « poème illustre » opposé à « histoire déplorable » ou « peinture ... flattée » versus « lamentable original » 3) dévalorisation roman « lamentable », « dégout », etc. Alors pourquoi l’écrire ? Les caractérisations du roman ne donnent pas envie au lecteur de poursuivre sa lecture ; quelque chose le retient, cependant.

2.3. « Je narré »

Il répond aux horizons d’attentes (où ? qui ? quoi ? comment ?) et donne les modalités de l’énonciation.

* Qui ? Présentation personnage « prélude du page disgracié », « objet de pitié », « jouet des passions, des astres et de la Fortune », « trop grande ingénuité ne vous cause quelque dégoût ». Importance de sa propre caractérisation. Absolument pathétique. Grand nombre d’adjectifs péjoratifs. Apparaît comme une victime.

* Quoi ? Récit d’une vie : accent sur le thème du trivial, du banal. « Aventures si peu considérables », « matières où j’ai trouvé tant d’amertume », « histoire déplorable ». « Et mes voyages et mes amours ».

* Où ? Quand ? Temps contemporain, supposé / « et mes voyages » mobilité géographique.

* Comment ? Déjà évoqué. « Style qui a si peu de grâce et de vigueur », « lamentable original ». Quelque chose de commun : « le récit des choses (...) ou communs ou rares ».

3. Les moyens de la captatio benevalentiae

3.1. Absence de précision

On a cité précédemment le nombre d’occurrences qui renvoient au personnage, au lieu, au temps. Des informations sont données mais le « je » noie son lecteur dans des imprécisions. Rien n’est clairement annoncé. On a ni le nom du personnage, ni un lieu précis. L’auteur garde les clés. Il se montre quelque peu démiurgique. (Jacques Le Fataliste et son maître). On a un réel aménagement du suspense. L’auteur nous met l’ « eau à la bouche ». C’est une façon de donner au lecteur l’envie de continuer le récit pour savoir.

3.2. La volonté de plaire

* Construction stylistique : figures de style (personnifications de la Vérité, de la Fortune, effets de parallélisme déjà évoqués, et images

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