« Un Hémisphère Dans Une Chevelure », Charles Baudelaire

agraphe 6 contient plusieurs métaphores accumulées : le feu, la nuit, la plage.

S'il est donc possible de discerner une certaine progression à l'intérieur du poème, on peut dire cependant que ce qui en caractérise la structure, c'est le réseau de répétition, de correspondance et de symétrie entre les paragraphes, rendue évidente par les anaphores (« laisses-moi » → lien entre 1 et 7/ « Dans » → 4,5 et 6).

C'est grâce notamment a ces anaphores et ces parallélisme qu'accompagnent un travail sur les sonorité (allitération) et sur le rythme, que le texte apparaît comme un véritable poème sans vers ni rimes, répondant à l'objectif de Baudelaire, de créer « une prose poétique, musicale, capable de s'adapter a tout les mouvements intérieurs de la rêverie ».

S'agissant du rythme il faut noter la présence de vers blancs, en particulier de trois alexandrins, dans le dernière paragraphe.

Ce poème exprime le pouvoir des sensations d'abolir le monde réel (celui du spleen quotidien) et de transporter le poète dans un monde idéal, qu'il a connu dans une vie antérieure. Ce monde idéal est le paradis exotique caractérisé par les mots : « azures tropicales, huiles de coco...etc » L'accès à ce paradis se fait par la mer, image dominante du poème (champs lexical le plus riche). C'est donc l'ensemble des sens qui sont mobilisés en synergie pour faire surgir de la chevelure le souvenir du paradis entrevue lors du voyage à la Réunion : La vue, le touché et surtout l'odorat, qui est le sens privilégié chez Baudelaire.(« Mon âme me voyage sur le parfum, comme l'âme des autres hommes sur la musique »).

Les sensations réveillent le souvenir qui se manifeste par des images elles-mêmes traduites par des métaphores. C'est par série de métaphores filées que s'expriment les visions du poème.

Métaphore 1 : La chevelure est un océan qui renvoie les images de port et de bateau.

Métaphore 2 : La chevelure est comparée à des mains qui caressent, ce qui entraine le souvenir du bercement (enfance ?) et du plaisir érotique.

Métaphore 3 : La chevelure est comparée au feu d'une pipe à tabac ce qui entraine le souvenir des plaisirs que Baudelaire appelé « Le paradis artificiel ».

Métaphore 4 : La chevelure est comparée à la nuit tropicale où resplendit l'azur (oxymore).

Métaphore 5 : La chevelure est comparée à une plage couverte de végétations.

Ce poème est caractéristique de l'esthétique symboliste, dont Baudelaire est le précurseur.

Premièrement, par le thème des sensations et des correspondances : c'est par les sensations que s'établissent les correspondances verticales entre le monde réel et le monde idéal, concret et abstrait, présent et passé ; mais des correspondances horizontales existent également entre les sensations dont la mobilisation en synergie permet de dépasser les apparences du monde réel et dans percer les mystères.

Deuxièmement, par l'utilisation systématique de la métaphore , qui est seule capable de traduire les visions ou les illuminations suscitées par les sens.

Troisièmement, par la volonté de libérer le langage poétique des contraintes artificielles, telles que la rime et le vers, et par la création d'une prose poétique susceptible de concurrencer sinon la musique

du