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Lecture linéaire de la scène 3 acte II du Mariage de Figaro

Commentaire de texte : Lecture linéaire de la scène 3 acte II du Mariage de Figaro. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  21 Février 2020  •  Commentaire de texte  •  1 440 Mots (6 Pages)  •  1 490 Vues

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L’extrait étudié est tiré du Mariage de Figaro, écrit en 1778 par Beaumarchais. Cette œuvre est un drame bourgeois, sous-genre théâtrale partagé entre le comique et le tragique, car il n’est pas assez léger et ne contient pas assez de sublime pour être entièrement un de ces deux genres. Le passage que l’on va analyser correspond à un monologue de Figaro, lors de la scène 3 de l’acte V, qui permet une pause dramatique avant la suite de l’acte final. Ici, Figaro, valet du comte d’Almaviva, pense que sa femme Suzanne est sur le point de le tromper avec ce-dernier, qui avait déjà prévu depuis longtemps d’user de son droit de cuissage. Figaro va alors rompre totalement avec le rôle traditionnel du valet de comédie, en exprimant sa pensée et ses opinions lors de cette scène, alors que son statut social voudrait que son rôle soit secondaire, comique ou complice de son maître. Le texte donne à voir l’opposé, ce qui peut nous amener à nous demander en quoi ce monologue permet à Beaumarchais de mettre en scène les injustices de son temps à travers un personnage de valet de comédie atypique. Nous verrons cela avec un premier mouvement exposant une confrontation entre les mondes du valet et du seigneur. Puis, dans un deuxième mouvement plus court, nous constaterons que Figaro possède une histoire et donc une fonction importante dans la pièce. Enfin, un troisième mouvement nous révèlera la vision du monde extérieur du valet, et nous verrons en quoi ce-dernier est un miroir de l’auteur.

Dans le premier mouvement, Figaro s’adresse directement au seigneur à travers le pronom « vous » (l.2, 3, 5, 6 et 12), alors que ce dernier n’est pas présent. Il y a alors mise en abyme, car le valet s’imagine son maître devant lui et met en scène leur affrontement, introduisant ainsi du théâtre dans la pièce de théâtre (ce n’est par ailleurs pas la première fois que Figaro se met en scène, car jusque-là il jouait le valet de comédie pour ruser et tromper son seigneur). Figaro procède alors à un réquisitoire social à travers cette mise en abyme. La position du comte, mise en avant par le champ lexical de l’aristocratie (« comte » l.1 ; « grand seigneur » l.3 ; « noblesse » « fortune » « rang » l.4 « biens » l.5), lui confère de nombreux privilèges injustifiés. Ces avantages seigneuriaux entraînent une confusion au sein même du monde de la noblesse, démontrée par la phrase « vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie » l.3-4 : le parallélisme entre « grand seigneur » et « grand génie » connecte en effet ce que le comte est réellement (verbe d’état « vous êtes ») avec ce que le comte pense être (« vous vous croyez »). Figaro critique également l’absence d’efforts déployés par son maître pour obtenir ces privilèges à travers l’ironie du paradoxe « vous vous êtes donné la peine de naître » l.6-7, renforcée par la question rhétorique qui précède cette figure de style : « Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? » l.5-6. Ensuite, Figaro enchaîne avec son propre portrait, contrastant avec celui du comte. Appartenant à « la foule obscure » l.9, périphrase du Tiers-Etat, du peuple, et de la masse de l’anonymat, il doit faire preuve de détermination (champ lexical de l’effort : « déployer » l.9 et « subsister » l.10) pour obtenir ce qu’il veut, comme le démontre l’hyperbole « il m’a fallu déployer plus de sciences et de calculs pour subsister seulement, qu’on en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes » l.9 à 12. Figaro ressent de l’indignation en parlant, comme le montre les nombreuses phrases exclamatives du texte, mais cela témoigne également de sa ténacité. On peut alors aussi relever la répétition à la ligne 2 « vous ne l’aurez pas… vous ne l’aurez pas. », prouvant qu’il souhaite garder sa femme. Cependant, sa situation vis-à-vis de Suzanne reste pénible, et est d’ailleurs comparée dans une métaphore au « sot métier de mari » l.14-15. Elle est aussi un peu tragique, comme le montrent le pléonasme « la nuit est noire en diable » (il y a également une comparaison entre la nuit et le diable) et la métaphore (précédemment expliquée) « la foule obscure » à laquelle Figaro appartient, deux figures de style mettant l’accent sur l’ambiance sombre de la scène. Mais malgré ces injustices de niveaux, le comte veut « jouter » l. 12. On retrouve là une métaphore du combat intellectuel et social entre les deux hommes, ainsi que celui qu’ils se prêtent pour récupérer Suzanne. Cette scène est donc d’autant plus une mise en abyme car elle évoque une idée phare de l’œuvre, c’est-à-dire deux mondes qui s’affrontent, celui du valet et du seigneur. En effet, ce combat est utilisé pour critiquer les inégalités entre ces deux ordres.

Dépassé par ses émotions, le valet s’assoit (cela relève d’ailleurs du tragique) pour méditer. Un deuxième mouvement commence alors. Il sert de transition, et permet au valet d’expliquer son passé, et son histoire, témoignant de son importance dans l’œuvre, chose peu usuelle pour un valet dans une comédie.

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