Les Caractères de La Bruyère
Commentaire de texte : Les Caractères de La Bruyère. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Azert98 • 12 Juin 2023 • Commentaire de texte • 607 Mots (3 Pages) • 194 Vues
Acis
Les Caractères de La Bruyère ou Mœurs de ce siècle peignent les hommes en leurs traits sociaux. Au cœur de la vie de cour est l'art de la conversation auquel le moraliste consacre le cinquième chapitre de son œuvre. « Acis » en est le premier portrait singulier. En un dialogue fictif, le moraliste enseigne l'art du véritable échange qui se garde de tout excès. La théâtralisation de la rencontre révèle en creux un art de la conversation que la modestie doit conduire.
Le texte connaît un double mouvement : un dialogue fictif entre Acis et le moraliste, du début du texte jusqu'à « et de parler comme tout le monde ? », suivi d'une remarque didactique visant à éduquer Acis dans l'art de bien parler.
Le dialogue fictif :
« Acis » qui signifie en latin « pointu », « acéré » est à entendre ici de manière antiphrastique. Ce qui est fustigé en une saynète divertissante est le manque d'esprit d'un personnage vaniteux. Le texte s'ouvre sur trois questions rhétoriques qui instituent un faux dialogue marqué par un vocabulaire empreint d'une politesse toute de convention. L'adverbe « enfin » marque une certaine impatience du narrateur qui accentue l'effet d'attente induit par ces questions et le décalage comique entre ce suspens et la trivialité de ce qui suit : « vous voulez Acis, me dire qu'il fait froid. » Acis incarne ici la préciosité dont Molière s'était moqué en une pièce célèbre. Les paroles du personnage ne sont retranscrites qu'à travers le discours du narrateur qui les traduit, les rend intelligibles au coeur d'un
dispositif marqué par une simplicité qui se veut didactique. Les interrogations, la reprise de l'impératif « dites » mettent Acis en position d'élève auquel le narrateur enseignerait l'art de converser. La simplicité des propos met en valeur la virtuosité du locuteur capable de variations sur le thème usé du temps ou de la santé. Après cet exposé des faits, vient l'objection d'Acis, introduite par le connecteur logique d'opposition « mais », concession du narrateur au point de vue d'Acis, retranscrite cependant en un discours rapporté qui garde au moraliste sa position en surplomb. Ce qui est reproché au personnage est son manque de clarté, qualité primordiale pour un classique désireux de suivre le précepte de Boileau : « Ce qui se conçoit bien s'exprime clairement / Et les mots pour le dire arrivent aisément. » La réponse du narrateur manifeste sa désapprobation ironique : « est-ce un si grand mal d'être entendu quand on parle ? » « Entendu » signifie « compris » et il est évident que, loin d'être un mal, la compréhension est une donnée première, indispensable à toute parole avisée.
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