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Louis face à la mort / Lagarce analyse linéaire

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Par   •  21 Avril 2022  •  Analyse sectorielle  •  2 413 Mots (10 Pages)  •  1 325 Vues

Page 1 sur 10

L.A. Séquence 2, Texte 2 : Louis face à la mort

Introduction :

        Ce texte, monologue du personnage de Louis, est extrait de la pièce « Juste la fin du monde » de Jean Luc Lagarce. Jean Luc Lagarce est un dramaturge et metteur en scène contemporain (1957-1995). Il est issu d’une famille ouvrière chrétienne.  Il rejette pourtant le christianisme. Il étudie la philosophie jusqu’à ses 20 ans où il fonde sa propre compagnie de théâtre, le « Théâtre de la roulote » qui voyage de villes en villes. Il mène une vie précaire mais dans une grande liberté. Jean Luc Lagarce meurt du SIDA en 1995 et ne devient véritablement connu qu’à la fin de sa vie en tant que metteur en scène, il se fait connaître pour ses talents de dramaturge à titre posthume, notamment grâce à son œuvre « Juste la fin du monde ». Cette pièce écrite en 1991 mais publié après la mort de Lagarce, fait partie du répertoire de référence du théâtre  français puisqu’elle fait partie des rares  pièces à avoir été représentées à la très éminente Comédie Française. Cette pièce, comme beaucoup chez  Jean Luc Lagarce, s’inspire du théâtre des années 50, de Shakespeare, de philosophes mais aussi beaucoup de la Bible. « Juste la fin du monde » est écrite en 5 mouvement, rappelant la tragédie antique. Le titre de la pièce, une atténuation tragique de la crise familiale vécue tout au long de la pièce, rappel cet aspect théâtral. La pièce aborde le thème central du retour, mais aussi de la maladie, de la disparition, de  la famille et du jeu théâtral, la pièce devient une mise en abîme du théâtre lui-même.

 Dans « Juste la fin du monde », Louis rend visite à sa famille pour la première fois depuis des années. Il a l'intention de leur annoncer sa maladie et que sa mort prochaine est inéluctable, mais son arrivée fait resurgir souvenirs et tensions familiales. La pièce se finit sur un échec, Louis n’arrive pas à annoncé sa mort et repart. Ici, dans un monologue, Louis, mêlant les registres lyrique, tragique, polémique et pathétique, met en scène sa personnalité égoïste en plaçant sa famille comme responsable de sa mort prochaine et de sa tristesse. Il rejette toute sa haine et sa souffrance, créant un portrait paradoxal d’amour et de dégoût, une haine de la haine.

        Nous verrons comment Jean Luc Lagarce, en construisant dans cet extrait un monologue virulent, insistant sur la double attitude polémique et tragique de son personnage, fait de ce dernier un portrait  pleinement tragique puisque paradoxal.

1ère partie : v.1à 17 : L’angoisse du personnage face à sa disparition imminente

2ème partie : v.18 à 33 : L’expression de la démesure du personnage

3ème  partie : v.34 à 41 : L’anticipation tragique de Louis et sa vision de la mort

        

1ère partie : v.1à 17 : L’angoisse du personnage face à sa disparition imminente

Vers

Citation

Procédé/ Nature/ …

Interprétation

1

2

3

4

5

6

6-9

10

11

12 à 15

16 à 17

11 à 17

« je »

« Parfois, c’est comme un sursaut »

« Parfois »

« parfois, je m’agrippe encore, je deviens haineux, »

« parfois »

« je m’agrippe encore, je deviens haineux »

« haineux et enragé »

« enragé »

« je fais les comptes, je me souviens. »

« Je mords, il m’arrive de mordre. »

« Ce que j’avais pardonné, je le reprends, »

« Ce que j’avais […] dans la rivière, »

« un noyé  qui tuerait ses sauveteurs »

« je vous détruis sans regret avec férocité. »

« avec férocité »

« Je dis du mal. »

« Je suis dans mon lit, […] je vomis la haine. »

« elle m’apaise et m’épuise /

Et cet épuisement me laissera disparaître enfin »

« disparaître »

« enfin »

Comparaison

Adverbe  de temps

Epanalepse

Epanorthose

Epanorthose

Métaphore -> Animalisation

Césure à l’hémistiche

Présent de narration

Métaphore

Epanorthose

Emploi nouveau de temps du passé

Métaphore

 

2ème personne du pluriel

Complément circonstanciel de Manière

Allitération en « m »

Etant un monologue, emploi fréquent du « je » lyrique donc expression du soi et sentiments forts. Il y a également beaucoup de subjectivité. L’emploi répété et quasi systématique du « je » pour s’autoanalyser rend L. égocentré et égoïste.

Comparé indéfini « c’est »

-> tente d’expliquer ce sursaut qui évoque une action violente du corps. Le sursaut est également une prise de conscience.

Evoque l’intermittence de l’état agressif de L. Il est donc soumit à cette attitude qui peut surgir n’importe quand, il est soumit à une sorte de puissance intérieure

L. s’agrippe à la vie et ne parvient pas à se résigner à la mort.

Reprend l’idée du v.2 et continue à peindre son portrait par les mots en affirmant plus clairement.

L. perd une forme d’humanité en se rapprochant de l’animal.

Sa parole se veut encore raisonné puisque L. par la césure donne autant d’importance aux 2 parties du vers.

Nous invite à vivre de l’intérieur les métamorphoses du moi (Louis), de sa conscience. Cela anticipe subtilement l’agonie du personnage.

L. est comparé à un chien, un animal -> il perd sa condition d’Homme.

Donc L. remet en question son pardon. Présence du registre polémique puisque L. par cette remise en question cherche à susciter une réaction donc du polémique.

L. marque une volonté de revenir en arrière, il désire retourner dans le passé pour requestionner son pardon

L. se considère comme un « noyé » qui refuserait d’être sauvé, comme un personnage violent (il tue) qui refuse la main tendue et préférerait mourir en même temps que les autres.

Cela se rapproche de l’hubris (outrance dans le comportement inspiré par l’orgueil, la démesure), l’excès en grec, caractère typique du héro tragique. L. à l’image d’un héro antique tragique, déverse sa colère sur les autres pour pouvoir vivre encore un peu.

Avec  « noyé » déshumanise le personnage puisqu’un noyé est mort

->  Montre explicitement la volonté de destruction totale du personnage

L’Hubris du personnage augmente. Le verbe « détruis » a une valeur plus violente que le verbe tuer. Cela donne une idée de destruction, d’effacer, de réduire à quelque chose de démoli par un mécanisme minutieux d’effacement.

Cela semble être des personnes que Louis identifie clairement. De notre point de vue de spectateur, on ne sait pas qui est visé. On peut percevoir une volonté de déverser la haine au-delà de la scène. On peut penser que le « vous » vise le spectateur et brise ainsi le 4ème mur.

Renvoie à la métaphore de la bête animale au v.5, à la sauvagerie.

(= dire des choses méchantes) L. écrit son rapport au mal. Il en devient presque ridicule puisqu’en disant cela, il estime que les autres ne peuvent le comprendre. En « disant du mal »,  il cherche à augmenter son aura maléfique sur les autres comme si  le fait de dire que l’on fait du mal aux autres augmentait réellement l’influence néfaste que l’on aurait sur les autres. Ainsi, L. n’ayant pas assez de moyens pour faire du mal aux autres, il doit donc dire qu’il en fait pour tenter d’avoir une influence et donc d’en faire.

Idée de solitude. L. déverse sa haine, il la « vomis » . Le mot « vomis » transcrit une idée paradoxal de rejet. Sorte d’exorcisme -> faire sortir de son corps.

Hypotypose de l’image du  vomi, volonté de faire sortir quelque chose -> théâtre est un scalpel qui incise l’âme et fait sortir le mauvais.

Présence catharsis (grec terme médecine, purification). Conséquence : faire réfléchir le spectateur sur la violence et l’horreur au théâtre donc doit purifier des passions.

Energie paradoxale puisqu’elle est tellement  épuisante qu’elle le conduit à  la mort.

C’est un des premiers vers où « je » n’est pas sujet. Le « je » est COD du verbe, il subit l’action. -> Renforce l’aspect tragique  de L.  soumit à une force qui le dépasse. Il doit commettre des actes de violence pour s’endormir.

Peut mimer l’épuisement avec une sonorité plus douce.

Double sens :

-métaphore du sommeil réparateur (reprend l’idée du v.14)

-euphémisme désignant la mort

Désigne un soulagement ce qui rappel  l’état paradoxal du personnage.

Dimension poétique de ce passage dans les retours à la ligne. Cela permet de matérialiser les expressions + ou – violentes de L. Cela influe également la diction du texte.

...

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