Louise Labé
Fiche : Louise Labé. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Sophie COLAS • 16 Septembre 2021 • Fiche • 1 068 Mots (5 Pages) • 585 Vues
Louise Labé
La Sapho lyonnaise. Le substantif lyrisme n’existe pas à la Renaissance. On hésite à parler de lyrisme pour la Renaissance car le mot n’y est pas. On voit que lyrisme fait référence à une conception donnée par les romantiques. A cette époque, le lyrisme repose sur l’imitation des modèles. On assiste à ce lyrisme à une époque où la distance se creuse avec la dimension chantée de la poésie. On convoque cet imaginaire pour évoquer le lyrisme.
On entend par le lyrisme non pas tant l’épanchement du poète mais surtout la voix d’un « je ». la poésie lyrique c’est d’abord une énonciation, une tonalité, le caractère exclamatif d’une poésie chantée, le recours à la fonction émotive du langage. Pour la Renaissance c’est la capacité rhétorique du poème à émouvoir l’auditeur qui fait le lyrisme. Au 16ème siècle, la poésie est encore communément considérée comme du domaine de la rhétorique : le poète est envisagé selon les mêmes catégories que l’orateur : ceux qui savent émouvoir les foules. Le poète est comme un orateur dans un domaine particulier qui est la peinture des passions.
🡪 Sebillet, art poétique français, 1548 : quels sont les procédés poétiques pour que la description des passions soient communicables au lecteur. Ce n’est pas celle de l’authenticité mais par quels procédés poétiques la description des passions est telle qu’elle devient communicable. Transmettre, faire partager : modèle rhétorique important car réfléchit à ça. 🡪 Du Bellay : « celui sera véritablement poète que je cherche en notre langue qui me fera indigner, apaiser, éjouir, douloir, aimer, haïr, admirer, étonner, bref qui tiendra la bride de mes affections, me tournant çà et là à son plaisir : susciter les émotions. Il reprend les termes de Cicéron dans « orator » : dimension oratoire du poète lyrique, mêmes objectifs.
🡪 Nathalie Dauvoir : ce qui caractérise la poésie lyrique c’est d’abord un mode d’énonciation, une adresse lyrique susceptible de plusieurs modalités. Le lyrique est fondamentalement vocatif.
Figure qui a souvent choqué. Elle est tombée dans l’oubli jusqu’au début du 19ème siècle. Elle est considérée comme une autrice. Aujourd’hui figure majeure mais polémique dont on a bcp parlé en 2006 : Mireille Huchon suggère que Louise Labé n’est qu’une créature de papier. Elle aurait existé en tant que personne humaine mais aurait servi de nom pour écrivains hommes. Point de vue idéologique et réactionnaire : idée qu’une femme ne puisse écrire. Cette polémique révèle une question : articulation, être poète et femme à la Renaissance, comment une femme peut être reconnue en tant que poète. En plus, elle est bourgeoise : LL est fille et femme d’artisan lyonnais, comment une femme de ce milieu-là a-t-elle pu accéder à un tel niveau de culture au point de pouvoir écrire ce recueil ? Lyon est un des lieux essentiels de la Renaissance car bénéficie de l’influence italienne, aussi est-elle très dynamique. Cette école lyonnaise se nourrir de l’œuvre de Pétrarque, comme LL, même si d’emblée elle en inverse les rôles sexuels puisque chez Pétrarque la femme est l’objet et non pas le sujet.
L’intertextualité est le primat de la veine pétratrisque. Dire la passion amoureuse, c’est s’inscrire dans le sillage des auteurs qui ont précédé, c’est faire un exercice de réécriture, de réappropriation où on vivifie des modèles préexistants. Dire la passion amoureuse c’est s’inscrire dans une tradition. La tradition poétique pétratrisque que réinvestit LL s’est développé à Jean de Tournes : c’est lui qui publie les recueils de Pétrarque. Le modèle de canzoniere c’est le modèle de Pétrarque : adressé à un être dont on est amoureux, sous forme de parcours sentimental. Ce parcours sentimental se double d’un parcours spirituel, souvent le poète souffre de sa passion et ce désir va être transfiguré pour être épuré. La passion terrestre se spiritualise dans une perspective néoplatonicienne. LL reprend le motif avec un seul et unique objet, l’amour et la souffrance amoureuse. Le premier sonnet du recueil est en italien et est un clin d’œil à l’œuvre de P et annonce cette filiation. On voit que cette question des sources et du dialogue est centrale puisqu’au-delà de P il y a toute une veine de poètes latins (Ovide…).
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