Préface Anthologie Les Sept Péchés Capitaux

insatisfaction ! La magie subtile de l'expression poétique permet d'épouser toutes les nuances du rêve à la déception car le moi ne peut trouver à étancher sa soif d'absolu dans la possession avide des biens terrestres. Un thème indémodable, et une source d’inspiration inépuisable particulièrement appréciée des artistes, quels qu’ils soient : à travers les siècles, peintres, sculpteurs, auteurs et poètes ont œuvré tour à tour à la représentation des vices humains.

Un sujet apprécié de tout temps, certes. Mais, me diriez-vous, restons mesurés. Il nous faudra en effet reconnaître un âge où le thème du Péché fut particulièrement peu abordé : celui du Lyrisme. Souvent définie comme le genre littéraire qui accueille l’expression personnelle des sentiments du poète, le lyrisme est avant tout la recherche de la musicalité, la visée de l’idéal. Légèreté de Marot, allégresse de Ronsard, mélancolie de Maurice Scève, virtuosité de Louise Labé ; l’expression parfaite du Beau d’admet aucune représentation du Laid chez les grands de la poésie lyrique, ou presque : Du Bellay y fait en effet exception dans ses Défense et illustration de la langue française, dont est extrait le poème que vous rencontrerez plus tard.

Il faut savoir que nous avons mis un point d’honneur concernant la diversité des formes poétiques présentes dans cette anthologie : là réside tout l’intérêt du haïku de Paul Claudel, le sonnet de Du Bellay, la prose de Baudelaire... et la chanson de AqME. Cependant, trop d’originalité tuant l’originalité, Samain, Toulet et Auvray viennent contrebalancer cela par leurs formes plus classiques, mais pas moins attrayantes. Choisis avec minutie pour leur pertinence, mais également pour le regard qu’ils portent sur les Vices, ces sept poèmes vous présenteront les Péchés Capitaux, classés dans l’ordre précis énoncé par Saint Thomas D'Aquin dans sa Somme théologique.

La Beauté comme la Laideur, le Bien comme le Mal, les Vertus comme les Péchés trouvent ainsi leur meilleur compte rendu dans la poésie ; thèmes complémentaires qui resteront probablement à jamais des plus traités par les artistes, qu’importe leur discipline. Cependant, fidèles au légendaire pessimisme humain (après tout les Vices sont bien plus vivifiants que les Vertus !) nous espérons, amis lecteurs, que vous vous plairez à lire les pages qui suivront et pardonnerez le manque d’informations présentes dans ces quelques lignes. Mais après tout, comme disait Montaigne, « un suffisant lecteur découvre souvent ès écrits d’autrui des perfections autres que celles que l’auteur y a mises et aperçues, et y prête des sens et des visages plus riches »...