Grepa Le Vieillissement
Dissertations Gratuits : Grepa Le Vieillissement. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoirestion de la vie. ». Les difficultés à aborder le vieillissement des autres peut s'expliquer par le fait que cela nous ramène à notre propre évolution.
Les vieux d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'hier. En effet, ils sont plus nombreux, ils vivent mieux et plus longtemps : à l'âge de 60 ans l'espérance de vie est désormais de presque vingt ans contre douze ans en 1960, et leur revenu moyen est équivalent à celui d'un actif. On est loin du préjugé « ce qui est jeune est beau et ce qui est vieux est laid ».
Tout d'abord en tant que personnes, puis en tant que citoyens et enfin en tant que travailleurs sociaux, nous avons décidé de nous intéresser à ce thème. L'idée de fond s'articule surtout sur la découverte de ce public, de ce processus et des personnes concernées (notons tout de même que nous sommes tous concernés) et sur ce que le vieillissement suscite en nous.
Finalement, en quoi et comment, en tant qu'éducateurs spécialisés, proposer un accompagnement à ce public nouveau dans la sphère de l'action sociale?
Pour ce faire, nous allons tout d'abord définir notre thème, le vieillissement, étudier son évolution et ses représentations dans l'Histoire et découvrir la population concernée et sa considération sociétale. Puis, afin de s'approprier le thème, il sera question de revenir sur les représentations que nous pouvons avoir de cette population, les déconstruire et même découvrir de nouvelles pistes d'analyse. L'objectif de cet écrit est de faire le lien entre notre étude et le métier d'éducateur spécialisé en abordant ce que cette recherche nous a permis de comprendre de cette thématique.
* Rencontre du 3ème âge…
Il est devenu banal de dire que les pays occidentaux sont confrontés au vieillissement de leur population. Selon les chiffres de l'INSEE en 2011, les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 16% de la population. Des estimations prévoient que cette tranche d'âge passera de 16% à 25% en 2030. Cette hausse est la conséquence de l'augmentation du nombre moyen d'années que peuvent espérer vivre les personnes d'une classe d'âge donnée : l'espérance de vie pour un homme naissant en 2010 est de trois années de plus que pour un homme étant né en 2000. D'autres phénomènes interviennent comme le papy-boom, qui se traduit par des générations pleines ayant entre 55 et 65 ans, qui vont gonfler les effectifs des retraités.
Notre société est donc confrontée à la vieillesse, c'est pourquoi, elle peut être définie de plusieurs manières. Selon l'OMS, la vieillesse touche toutes personnes de 65 ans et plus. L'âge du départ à la retraite est un des critères sociaux pour définir la vieillesse. Pour le calcul des taux d'équipements et de services destinés aux personnes âgées, l'âge de 75 ans est pertinent. En institutions gériatriques, l'âge moyen des résidents est de 85 ans. La vieillesse n'est donc pas un processus mais un état qui caractérise la position de l'individu âgé. Ainsi sauf accident, elle touche tout le monde et la perception de sa vieillesse et de celle des autres est variable d'une société à une autre et subjective d'un individu à un autre. Par exemple, en Afrique chez les Mandenka, le vieux représente le savoir et la sagesse. Pour eux, les vieux ne sont pas déments mais ont déjà un pied dans « l'autre monde ». Alors qu'en occident, la place du vieux est contestée, on pense qu'ils ont du mal à s'adapter, qu'ils sont un poids pour notre société. Cela se perçoit même dans l'appellation des vieilles personnes, il est plus correct d'user des termes personnes âgées, troisième âge et seniors que de vieux et vieillards. Ces termes peuvent être stigmatisants, malgré tout nous les emploierons en tentant de se détacher de leur connotation négative. Chacun sait ce qu'est un vieux mais personne ne peut définir une personne âgée. « La personne âgée n'existe pas comme entité individuelle, c'est une terminologie sociale qui n'a pas de réalité humaine. » Le terme de « personne âgée fait disparaître le sujet avec son histoire personnelle, la personne âgée devient un habitant de la vieillesse. »
1. Une histoire vieille comme le monde
C’est à partir de l’Antiquité gréco-romaine que les différentes strates d’une image négative de la vieillesse sont apparues sur les plans juridique, politique, social et culturel. Une foule de textes, d’images se sont accumulées et nous montrent leur rejet par rapport aux valeurs dominantes des sociétés du monde occidental. Ainsi, les mythologies gréco-romaines n’aiment pas la vieillesse. Qu'ils naissent jeunes ou vieux, les dieux conservent éternellement leur première apparence et ne vieillissent pas. La vieillesse est exclue de la vie des dieux : leur corps conserve la beauté et la force de la jeunesse.
Plus tard, chez les chrétiens, la vieillesse n’est pas un sujet de préoccupation majeure de la religion. Même si la « mythologie » chrétienne repose aussi sur l’image d’un Adam dont la « chute » divine s’est manifestée par le vieillissement à cause des fautes qui lui ont fait perdre la jeunesse éternelle avant de mourir à l’âge de 1000 ans. Sa chute a ainsi entraîné celle de l’homme et, d’une certaine façon la vieillesse serait l’image ou la traduction physique du péché de l’homme. Une autre figure du vieillard a pourtant existé parallèlement à celle du vieillard pécheur chez les chrétiens : le vieillard en quête de sagesse. Saint Augustin écrivait ainsi que le temps de la vieillesse était celui où l’homme devait rendre plus ferme et solide son âme : « C’est aux vieillards, plus qu’à tous les autres qu’il convient de s’occuper de religion, eux pour lesquels sont passées les années florissantes de ce monde présent. ».
Dans l’Occident chrétien, il faut aussi souligner la forte discrimination sexuelle, ajoutée à celle de l’âge. Cette discrimination s’est accentuée au XVIe siècle où la véhémence à l'encontre des femmes a atteint une rare intensité. La peur de la vieille femme a entraîné la mort de nombre d’entre elles, en particulier celles qu’on appelle les « sorcières » dont l’hérésie supposée les ont conduites au bûcher. À l’inverse, le vieil homme, à la même époque, n’était dénoncé que pour la perte de sa puissance physique et le ridicule qu’il pouvait susciter.
À partir de 1348, la Peste noire ravage l’Europe et ce sont surtout les plus jeunes qui en sont les principales victimes. Les hommes et femmes plus âgés ont donc parfois maintenu plus longtemps leur rôle et leur domination dans la vie politique et économique. L’historien Georges Minois remarque ainsi que plus les vieillards récupèrent d’autorité et de richesse dans une société, plus le ressentiment à leur égard s’accroît.
À partir du XVIe siècle, la vieillesse fait son entrée dans le monde des pauvres. Cela signifie que de plus en plus souvent, la vieillesse fut associée à la pauvreté et à la figure de l’homme pauvre ou du marginal. Le vieillard qui n’était pas issu des catégories sociales aisées devait travailler jusqu’à un âge avancé auquel seules la maladie et la dégradation physique mettaient fin : les vieillards présents dans la rue étaient donc déjà ceux qui étaient devenus particulièrement vulnérables. En 1656, Louis XIV créa à Paris l’Hôpital Général. On regroupa sous une administration unique baptisée « Hôpital Général » plusieurs établissements (la Salpêtrière, Bicêtre, la Pitié) dans le but d’y enfermer tous les pauvres de Paris pour les éduquer et les mettre au travail. C’est là le début de ce que Michel Foucault a appelé le « grand renfermement » même si en 1656, les objectifs de l’Hôpital Général visaient surtout à contrôler les mendiants, les malades mentaux et les invalides qui hantent les rues de Paris. Mais plus que jamais le vieillard au XVIIe siècle était représenté sous les traits du mendiant, du fou sénile.
À la fin du XVIIIe siècle il y eut une remarquable tentative de réhabilitation du vieillard et de la vieillesse, accomplie, après le temps de la surveillance, par la volonté de développer une assistance dont l’objectif est la réinsertion dans la société civile, en quelque sorte, l’inverse de l’exclusion.
La révolution industrielle confirme le clivage social et deux tendances existent alors et qui montrent une distorsion entre une représentation nouvelle et une réalité sociale toujours engluée dans les difficultés et le drame. En effet, pour les catégories sociales les plus modestes, la logique de l’exclusion demeure. Mais, dans les catégories bourgeoises, une représentation plus heureuse de la vieillesse apparaît où les liens entre les enfants et les grands-parents sont valorisés.
Cette représentation nouvelle au sein de la bourgeoisie n’a pas remis en cause les difficultés séculaires des vieillards. La révolution industrielle a même rendu certaines situations plus tragiques avec la grande détresse de vieux travailleurs errant entre les campagnes et les villes.
Dans les familles ouvrières séparées par le travail et le nombre excessif des enfants, les vieillards n’ont plus leur place. Les premiers penseurs du
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