Lecture Biblique - Analyse de la Parabole des Talents
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25.26
Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que j'amasse où je n'ai pas vanné;
25.27
Il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j'aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt.
25.28
Otez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents.
25.29
Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a.
25.30
Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Introduction
L’évangile selon Saint Matthieu est le premier des quatre évangiles canoniques que contient le Nouveau Testament. Cet évangile ne se présente pas comme une simple biographie de Jésus (comme pourraient être perçus les évangiles selon Marc et Luc) mais bien comme une thèse construite et documentée adressée d’une part aux croyants, pour les conforter dans leur foi et d’autre part aux incrédules ou aux opposants pour les réfuter. Pour ce faire, il raconte notamment plusieurs paraboles dont le thème commun est l’avènement du Royaume des Cieux. Nous nous intéresserons ici à la Parabole des Talents. Notons malgré tout avant de commencer qu’une parabole similaire se trouve dans l’évangile selon Saint Luc (XIX, 12-27), même si on ne nous parle pas dans cette dernière de « talents » mais bien de « mines ».
Sens Direct
Le Sens des mots
Talent : Un talent est une unité de monnaie de l’antiquité qui représente une somme considérable. Il s’agit de l’équivalent d’environ 25 Kg d’argent. Recevoir un seul talent, c’est déjà recevoir un trésor.
Faire Valoir : Tirer d’une chose le profit, l’avantage qu’elle peut rapporter. Ici, il s’agit bien d’investir les talents dans le but d’en récupérer plus.
Rendre compte : Ici, remettre quelque chose à qui elle appartient, redonner.
Moissonner : Faucher et récolter les céréales. On suppose donc qu’il faudrait logiquement avoir semé pour pouvoir moissonner.
Amasser : Quand on parle de grains, il s’agit de les réunir. Normalement, il est nécessaire de les vanner (tamiser les grains dans un van pour les nettoyer) avant de les amasser.
Vivre dans l’abondance : Signifie vivre dans la richesse, en possession de grandes ressources.
La Narration
La parabole se structure en trois parties. La première nous présente la situation initiale. Un homme qui part en voyage et qui remet des biens à ses serviteurs.
La deuxième partie nous raconte ce que les serviteurs vont faire de ces biens. Les deux premiers vont les faire prospérer tandis que le troisième va se contenter de garder précieusement son talent.
Enfin, dans la troisième partie on nous montre le retour du Seigneur. Il donne un jugement de valeur sur les actions des serviteurs en son absence. On comprend que les deux premiers serviteurs qui ont tenté d’investir les talents sont récompensés et ont gagné la confiance du maître. Par contre, le dernier serviteur qui n’a pas osé investir est exclu et puni. Il est considéré comme étant inutile. Cette dernière partie joue le rôle de morale de la parabole. Nous pouvons à ce sujet distinguer les deux dernières phrases qui concluent avec force l’histoire, présentant la fin comme étant inéluctable.
Le Genre Littéraire :
Nous sommes donc face à un texte biblique et plus particulièrement face à une parabole. Le mot parabole exprime une parole lancée contre quelque chose. C’est une représentation allégorique qui renferme une idée morale. Le but principal est de faire réfléchir les lecteurs. La parabole contient des interprétations différentes et le principe est souvent de comprendre ses significations cachées. Au final, on tente de faire passer un enseignement moral.
L’intention de l’auteur :
Comme nous l’avons déjà rapidement vu dans l’introduction, le but premier de Matthieu est de convaincre les Juifs que Jésus-Christ est réellement le fils de Dieu. Le thème de son discours est l’avènement du Royaume des Cieux dont l’Eglise est la préfiguration sur Terre.
Sens Indirect :
Symbolisme lexical :
Nous nous intéressons ici au sens symbolique de certains mots. Commençons par le mot « talent » qui exprimait comme nous l’avons vu une unité de mesure monétaire. Ce mot a pris un sens moderne tout à fait différent puisqu’il désigne désormais une aptitude particulière dans une activité humaine. Autrement dit, c’est une capacité à réaliser une action. On remarque dans la parabole que celui qui n’investit pas, qui ne fait rien est considéré comme « paresseux » et perd son talent. L’idée d’activité est désormais associée au « talent ».
Ensuite, lorsque l’on voit le mot « maître », on ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec Dieu. En l’occurrence le « retour du maître » peut s’associer au retour du Christ (le fils de Dieu) tant attendu par les Chrétiens. Ce rapprochement est intensifié par l’utilisation du mot « Seigneur » par après. On fait comprendre que le maître agit comme agirait Dieu, ces paroles sont en quelque sorte la vérité suprême. Par le même jeu de rapprochement, les premiers serviteurs sont considérés comme de bons disciples, ayant bien servi le maître (et donc Dieu). Ils peuvent donc entrer dans la joie de celui-ci. Par contre le dernier serviteur qui n’a pas fait valoir son talent est considéré comme étant un mauvais serviteur de Dieu. Ces serviteurs peuvent représenter n’importe quel disciple de Dieu, n’importe quel croyant.
Ensuite les expressions « moissonner où tu n’as pas semé » et « amasser où tu n’as pas vanné » ont un sens tout à fait symbolique ici. L’idée est de tenter d’amasser le plus possible, de prendre des risques même lorsque la logique pourrait signaler le contraire. Ces expressions renforcent la puissance et la grandeur du maître.
Enfin nous pouvons signaler la force des mots employés dans les deux derniers versets (abondance, ténèbres, pleurs et grincements de dents) qui montrent toute l’importance de la récompense ou de la punition éventuelle.
Symbolisme propositionnel :
Cette parabole illustre l’obligation pour les chrétiens de ne pas gâcher leurs dons reçus de Dieu et de s’engager, même s’il y a un risque pour faire grandir le Royaume de Dieu. La vigilance chez Matthieu n’implique absolument pas une attente prudente, sorte d’immobilisme craintif comme on le voit chez le troisième serviteur. Elle est plutôt ici une fidélité dans les devoirs de la vie chrétienne et quotidienne. Pour le dire autrement, écouter la parole de Dieu ne suffit pas, elle doit porter du fruit. Nous pouvons également noter le fait qu’il faut toujours être attentif et ne pas veiller car on ne sait jamais quand le maître va revenir. C’est-à-dire, en extrapolant, il ne faut pas dévier du droit chemin car on ne sait pas quand la justice va nous rattraper et quand nous seront punis pour nos erreurs. Mais, et c’est là le point important de cette parabole, l’erreur n’est pas ici un résultat négatif d’une action mais bien l’absence d’action. Le troisième serviteur s’estime irréprochable, pour lui, il n’a rien fait de mal. Seulement il n’a rien fait de bien non plus. Et c’est pour cela qu’il est puni, il vaut mieux agir que rester sans rien faire. C’est un appel à s’engager dans sa foi.
Intertextualité :
Pour situer le texte dans une perspective plus large, nous allons nous pencher sur d’autres passages de l’évangile selon Saint Matthieu. Nous pouvons commencer par la parabole du cortège nuptial et surtout sa finale : « Veillez donc car vous ne savez ni le jour ni l’heure. C’est comme un homme qui partit en voyage ». On remarque ici aussi un appel à la vigilance. Le maître reviendra, c’est certain, mais la reddition des comptes n’est pas pour aujourd’hui. Cet aspect se rapproche, comme nous l’avons déjà vu dans l’analyse du symbolisme propositionnel, de l’idée qu’il faut toujours suivre le droit chemin car, même si on ne sait pas quand, le maître va revenir et justice sera faite.
Nous pouvons également remarquer le fait que le troisième serviteur va remettre en question la justice. De par son langage, il conteste le droit du maître de réclamer plus qu’il ne lui a remis : « Voici ton bien ! ». Ce même procès intenté au nom de la Justice se retrouve dans la parabole des ouvriers de la onzième heure, lorsque les employés rouspètent car ils sont payés de la même manière, peu importe le nombre d’heures de travail prestées. Malgré tout, ces protestations sont bien
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