Relation soignant-soigné – Distance professionnelle – Soins à domicile
Analyse sectorielle : Relation soignant-soigné – Distance professionnelle – Soins à domicile. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Olga Tchuitcheu • 2 Novembre 2016 • Analyse sectorielle • 1 987 Mots (8 Pages) • 3 326 Vues
Mon stage se déroule, du 25 avril 2016 au 27 mai 2016, dans un cabinet d’infirmières libérales. L’équipe est constituée trois infirmières associées et de deux remplaçantes. Les patients pris en charge sont ceux qui vivent dans le secteur où est implanté le cabinet.
1- Description des situations
Les situations se déroulent tout au long de mon stage, en effet je suis en stage dans un des cabinets d’infirmières libérales de mon quartier. De ce fait ma tutrice et moi allons prodiguer des soins à des personnes que je côtoie de près ou de loin.
Mme M. est une patiente du cabinet chez qui nous intervenons pour les tests de glycémie, les injections d’insuline et le suivi biologique dans le cadre de son diabète. La première fois que nous nous sommes rendues chez elle pour ses soins, ma tutrice m’a présentée comme sa stagiaire, Mme M. d’emblée m’a fait la bise comme d’habitude lorsque nous nous croisions au quartier, je ne l’ai laissée faire, mais je me suis pas sentie à l’aise. Mme M était agréablement surprise de savoir que je faisais la formation d’infirmière. Elle a commencé à me demander des nouvelles de mes enfants pendant son soin, pour ne pas être impolie, j’ai répondu évasivement à ses questions.
Mme D. est également une patiente du cabinet suivie dans le cadre de son diabète. Pendant une semaine nous avons été chez elle pour ses soins. La semaine suivante, ne figurant pas sur notre tournée je ne l’ai pas vue ; cependant le week-end elle m’a croisée et elle m’a demandée pourquoi elle ne m’avait plus du tout vu, sur le moment j’ai voulu lui faire comprendre que je n’étais pas sur mon temps de stage mais sur mon temps privé, mais j’ai pris sur moi et je lui expliquée que j’avais été sur une autre tournée et qu’elle me verrait la semaine suivante.
Mme B. est une patiente du cabinet, souffrant de syndrome bipolaire, dont nous avons à charge la gestion des traitements, de la récupération des médicaments à la pharmacie à la distribution journalière. Le souci avec Mme B c’est qu’elle n’est pas souvent à domicile lors de notre passage, dans ces cas elle est donc obligée de passer aux permanences du cabinet pour récupérer son traitement. Un vendredi lors de notre passage elle n’était pas à domicile, après mes heures de stages alors que je flânais sur la place du marché, Mme B. m’accoste en me disant que nous ne sommes pas passées lui donner ses médicaments. Je lui explique posément que nous passées et qu’elle était absente, et qu’il faudrait qu’elle aille à la prochaine permanence pour avoir son traitement. Elle s’est mise à m’expliquer en pleurant qu’elle a besoin de ses médicaments, les passants nous regardaient d’un drôle d’air ; Mme B leur disant c’est rien, c’est mon infirmière. Autant je me sentais extrêmement gênée, autant je ne voulais pas rabrouer Mme B.
Mme M est une patiente prise en charge par le cabinet pour son suivi de diabète, du TP/INR ainsi que les pansements d’un ulcère de jambe. Mme M est ma voisine de l’étage du dessus, nous ne nous sommes jamais vues, du fait qu’elle soit en fauteuil roulant, ça fait des années qu’elle n’est pas sortie de son logement. La première fois que je suis allée chez elle c’était pour une prise de sang. A mon entrée dans le logement j’ai été frappée par l’état d’insalubrité, et l’odeur qui y régnaient. J’avais qu’une envie finir mon soin et sortir de là.
Ces situations parmi tant d’autres m’ont fait avoir un regard différent sur mon quartier ainsi que ses habitants. De toucher de près l’insalubrité, la précarité, la solitude, la maladie, savoir faire la part des choses entre moi « habitante du quartier » et moi « étudiante en soins infirmiers » a été émotionnellement difficile. Aujourd’hui au-delà des immeubles et des maisons, quand je marche dans mon quartier, je vois maintenant des personnes, des histoires de vie. Etait-ce parce que c’était mon quartier ? Est-ce que ça aurait été facile si ça avait été un lieu différent de mon lieu de résidence?
A la fin des journées je prenais le temps d’échanger avec ma tutrice, et de nos échanges m’est venue l’idée d’approfondir cette notion distance professionnelle ainsi que l’éventuel impact des émotions sur la relation soignant-soigné dans les soins à domicile.
Pour mieux analyser cette situation je me suis appuyée entre autre sur :
La compétence 6 du référentiel de compétences : communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins
L’UE 1.1 Psychologie, sociologie et anthropologie : représentations de la santé et de la maladie, mécanismes d’adaptation et de défense
L’UE 4.2 Soins relationnels : la relation soignant-soigné, la relation d’aide, la relation adaptée à des situations spécifiques, l’analyse des émotions
2- Le questionnement
Cette situation m’a amenée à me poser les questions suivantes:
- Comment peut-on préserver une distance professionnelle malgré le fait d’entrer dans le domicile du patient et donc de pénétrer dans son environnement et son intimité ?
- Comment s'initie la distance professionnelle et comment se maintient-elle dans le suivi d’un patient à domicile ?
- Les affects ont-ils une place dans la relation soignant-soigné ?
- En quoi les affects entre soignant-soigné peuvent interférer dans la prise en charge du soigné ?
3- Analyse
1. La relation soignant soigné, les émotions, la gestion des émotions dans un contexte de soins à domicile
La relation est une rencontre entre (au moins) deux personnes, c’est-à-dire deux individualités, deux psychologies particulières, deux histoires. On rentre en relation avec son corps, sa parole et son affectivité.
Le dictionnaire encyclopédique des soins infirmiers définit la relation soignant-soigné comme suit : « Lien existant entre deux personnes de statut différent, la personne soignée et le professionnel de santé. Cette relation nécessite trois attitudes :
- un engagement personnel de l’infirmière, le malade étant accepté sans jugement de valeur, tel qu’il est, avec un autre mode de raisonnement, d’autres réactions et d’autres sentiments ;
- une objectivité, pour éviter une déformation de ce qui est vu et entendu ;
- un minimum de disponibilité. »
En effet, une relation avec un patient dépend de plusieurs facteurs (personnalités du soignant et du soigné, parcours de vie, pathologie du patient, contexte de la prise en charge...) au point où chacune est unique. Le bon déroulement de la relation soignant-soigné représente un des enjeux majeurs de la qualité de la prise en charge d’un patient. Il conditionne le bien-être psychique de la personne soignée, mais également du soignant. Comme il a été dit plus haut, la relation soignant-soigné met en jeu des affects, des sentiments et des émotions, de la part du patient d'une part, qui dépendent essentiellement de son vécu de la maladie et de la prise en charge, mais également de la part du soignant. Ces trois termes sont donc étroitement liés les uns avec les autres. Qu'il le veuille ou non, le soignant met en jeu une réelle implication affective dans son soin.
A ce propos l'article R.4312-25 des Règles professionnelles infirmières établit que « L'infirmier ou l'infirmière doit dispenser ses soins à toute personne avec la même conscience quels que soient les sentiments qu'il peut éprouver à son égard et quels que soient l’origine de cette personne, son sexe, son âge, son appartenance ou non-appartenance à une ethnie, à une nation ou une religion déterminée, ses mœurs, sa situation de famille, sa maladie ou son handicap et sa réputation».
En effet, toute relation entre deux personnes, qu'elle soit privée ou professionnelle, met en jeu le ressenti intime de chaque protagoniste
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