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Le marché du travail à la lecture du mouvement néo-classique

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Par   •  25 Mars 2024  •  Cours  •  2 092 Mots (9 Pages)  •  202 Vues

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SEANCE 1

LE MARCHE DU TRAVAIL A LA LECTURE DE L’APPROCHE NEO-CLASSIQUE

INTRODUCTION : 

La réforme de l'assurance-chômage, caractérisée par une diminution des allocations, vise à stimuler le retour à l'emploi. Cela se fait cependant au prix d'une prolongation de la durée d'indemnisation et d'un durcissement des conditions d'attribution, voulant forcer ainsi les chômeurs à accepter des emplois potentiellement moins appropriés à leurs compétences ou aspirations. L'œuvre de Steinbeck, "Les raisins de la colère", offre un aperçu éloquent des conditions de vie des travailleurs suite à la crise de 1929 et de la façon dont les employeurs manipulaient la loi de l'offre et de la demande pour réduire les salaires. Cette situation historique a conduit à l'instauration de lois encadrant le marché du travail pour garantir des revenus durant les périodes de chômage. On voit là l'interaction étroite entre économie et politique : dans un certain contexte économique, la régulation de l’organisation est primordiale et c’est à la politique qu’est dédiée à la prise de décisions. Ainsi, ce sont les politiques qui choisissent l'orientation économique. Les économistes jouent un rôle crucial en expliquant le fonctionnement de l'économie (approche positive) et en proposant des normes d'organisation (approche normative), que les politiques s'efforcent ensuite d'implémenter. Pour comprendre les enjeux actuels du marché du travail, il est donc nécessaire de partir de l'analyse mainstream, c'est-à-dire celle du courant néo-classique, et de la confronter ensuite à la réalité pour mettre en lumière les écarts existants entre les divers courants économiques.

I. LE MODELE NEO-CLASSIQUE DU MARCHE DU TRAVAIL :

A. Rappels des caractéristiques de l’analyse néo-classique : 

Dans la perspective néo-classique, telle que formulée par Walras, le marché est envisagé comme une entité où les individus agissent de manière rationnelle, basant leurs décisions sur des calculs de coût et de bénéfice, avec une attention particulière sur la notion d’utilité. La concurrence pure et parfaite (CPP) est perçue comme le mécanisme permettant d’atteindre l'Allocation Optimale des Ressources (AOR), illustrée par des graphiques détaillant les surplus des consommateurs et des producteurs. Les conditions spécifiques de la CPP, lorsqu'elles sont appliquées au marché du travail, comprennent l'atomicité (absence de collectifs dominants parmi les vendeurs de travail et les entreprises) pour éviter le pouvoir de marché des agents, l'homogénéité du produit (tous les travailleurs possèdent des compétences et qualifications similaires et sont en mesure d’occuper n’importe quel emploi proposé) permet de comparer les offres et les demandes de travail seulement avec le salaire, une parfaite information (les demandeurs et offreurs de travail sont pleinement informés des conditions du marché) pour éviter les situations d’asymétrie d’information, ainsi que la libre entrée et sortie du marché garantissant alors la satisfaction de tous les agents lorsque l’équilibre est atteint.

B. L’offre de travail : 

Dans le modèle néo-classique, l'offre de travail est modélisée comme une maximisation sous contrainte, où le temps de travail est limité au cours d'une journée. Choisir de travailler implique de renoncer à des heures de loisir, et l'acceptation d'heures de travail est motivée par l'accès à un panier de consommation plus fourni. Le salaire est donc vu comme un avantage incitatif. Les travailleurs acceptent des heures supplémentaires tant que l'utilité marginale d'une heure supplémentaire de travail est supérieure ou égale à l'utilité dérivée des loisirs. Ainsi, l'offre de travail est présentée comme une fonction croissante du salaire, illustrée graphiquement par une courbe allant vers le haut. Dans ce cas, c’est l’effet de substitution qui l’emporte.

Au-delà d’un certain niveau de salaire, les agents préfèrent travailler moins car leur niveau de consommation est satisfaisant et refusent alors de travailler plus. On parle d’effet de revenu.

C. La demande de travail : 

La demande de travail, du point de vue des employeurs, prend en compte divers coûts tels que les salaires et les cotisations sociales. Elle se base sur un calcul coût-avantage qui évalue la productivité marginale (la production additionnelle permise par une unité supplémentaire de travail) face au coût salarial pour l'entreprise. En conséquence, la demande de travail est conceptualisée comme une fonction décroissante du salaire. La possibilité de substituer le capital au travail, en fonction de la combinaison productive choisie par l'entreprise, est également une caractéristique importante de ce modèle. La fonction de demande de travail est représentée par une droite ou une courbe descendante.

D. La rencontre indirecte de l’offre et de la demande : 

Dans la théorie néo-classique, la rencontre entre l'offre et la demande de travail ne se fait pas directement, mais à travers un processus de médiation symbolisé par la figure du commissaire-priseur. Ce dernier interroge séparément les offreurs et les demandeurs sur la quantité de travail qu'ils sont prêts à proposer ou à demander pour chaque niveau de salaire. Les postes ne sont pourvus que lorsque le prix d'équilibre, autorisant les échanges, est trouvé. Ce modèle théorique mène à l'idée d'un plein emploi, où ceux qui acceptent le salaire d'équilibre trouvent un emploi et les entreprises pourvoient leurs postes à ce même niveau salarial. Tous les acteurs sont ainsi supposés être satisfaits, grâce à la libre entrée et sortie du marché.

Dans ce cadre théorique, les interventions de l'État, sont souvent perçues comme des obstacles à l'équilibre du marché. La flexibilité des salaires est donc préconisée, et les rigidités salariales, souvent attribuées à des acteurs comme les syndicats ou à une hiérarchie juridique, sont considérées comme des éléments perturbateurs.

E. Quelques simplifications nécessaires :

La question de savoir si on peut travailler moins lorsque le salaire est suffisamment élevé conduit à une première simplification. En principe, l'offre de travail est considérée comme une fonction croissante du salaire réel, ce qui signifie que plus le salaire réel augmente, plus les travailleurs sont disposés à offrir leurs services. Cependant, cette relation est nuancée par le fait qu'au-delà d'une certaine rémunération horaire, le salaire total accumulé peut devenir assez important pour inciter certains travailleurs à réduire leurs heures de travail, privilégiant ainsi le loisir au travail supplémentaire. Cette situation est décrite par l'effet de revenu. Dans ce cas, les modèles graphiques montrent deux équilibres distincts : l'un où l'effet de substitution (travailler plus lorsque le salaire augmente) domine, et l'autre où l'effet de revenu (travailler moins pour un salaire plus élevé) prévaut. Les néoclassiques ont alors retenu l’hypothèse que l’effet de substitution est dominant, ce qui correspond à une certaine réalité.

La liberté d'entrer et de sortir du marché du travail dans les sociétés industrielles modernes est une question complexe, fortement influencée par la nécessité économique. Dans ces sociétés, le travail est souvent indispensable pour acquérir la monnaie d'échange nécessaire à l'accès aux biens et services, comme le souligne Steinbeck dans sa description des travailleurs s’exilant qui souhaiteraient obtenir des terres grâce auxquelles ils pourraient satisfaire leurs besoins en ayant peu de monnaie. Ils comptent sur l’autoproduction. Cette réalité de l’économie monétaire rend difficile de se passer de travail, à moins de disposer d'un revenu non salarial. Les économistes néo-classiques ont proposé le concept de salaire de réserve, qui représente le salaire minimum auquel un individu est prêt à offrir son travail une fois perçu le revenu non salarial. Cependant, cette notion est souvent négligée dans l'analyse pratique une fois la courbe d'offre de travail tracée.

En lien avec ce salaire de réserve se trouve la question du revenu universel. Les politiques de droite y voient une opportunité de libre choix pour les individus, tandis que celles de gauche considèrent le revenu universel comme un moyen de réduire les inégalités. Néanmoins, le défi réside dans la détermination de ce que le revenu universel pourrait remplacer dans le système actuel, soulevant ainsi des interrogations sur son intégration et son impact sur la structure économique et sociale.

II. QUELS LIENS AVEC LA REALITE ?

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