Les crises du mildiou et du COVID 19 Causes, conséquences et analyse comparative

Les crises du mildiou et du COVID 19

Causes, conséquences et analyse comparative

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Maël Dassonville                                                                      Année 2020 - 2021

FI2 DUT TCJ                                                                              M. Mbelle Abega

Introduction

Dans ce dossier nous nous intéresserons à deux des principales crises que l’humanité ait connu au cours des deux derniers siècles. Nous traiterons de la crise du mildiou qui a touché l’Europe et plus particulièrement l’Irlande et l’Ecosse dans les années 1840. Nous traiterons également de la crise économique, sanitaire et humanitaire du COVID-19 que nous traversons en ce moment même et qui bouleverse notre manière de vivre et d’appréhender l’évolution de la situation économique à l’échelle mondiale.

        Avant d’aller plus avant dans notre analyse de ces deux phénomènes complexes il me semble important de redéfinir quelques termes qui nous seront utiles pour comprendre les événements mis en avant dans ce dossier. Tout d’abord nous nous demanderons ce qu’est une crise et plus particulièrement une crise économique. Ce phénomène de crise économique est défini par l’encyclopédie Larousse comme étant une « rupture d’équilibre entre grandeurs économiques, notamment entre production et consommation ». De manière plus générale une crise peut être définie comme étant une « phase grave dans une évolution » qu’il s’agisse de l’évolution d’événements, d’idées ou d’autre chose.

        Deux autres définitions qu’il semble important d’aborder sont celles du mildiou et du COVID 19. Nous allons étudier les crises engendrées par ces deux choses qu’il nous faut donc comprendre au mieux. Le mildiou tout d’abord est une maladie s’attaquant à de nombreuses plantes (la pomme de terre et la tomate principalement), il s’agit d’une maladie fongique qui est donc causée par un champignon. Cette maladie à la particularité de pouvoir prendre des proportions épidémiologiques quand les conditions y sont favorables et de pouvoir détruire des cultures entières si son avancée n’est pas vite repérée et contrôlée à l’aide de moyens adaptés. Le COVID 19 plus communément appelé coronavirus par abus de langage est une maladie infectieuse émergente provoquée par un virus se nommant coronavirus SARS-CoV-2. Cette maladie entrainant fièvre, toux, diminution ou perte de l’odorat et du goût et de graves problèmes respiratoires pour les personnes qui y sont le plus sensibles est d’or et déjà à l’origine de plus de 1,250 millions de morts. Aujourd’hui le COVID 19 est à l’origine d’une situation de crise sanitaire et économique sans précédent et cette épidémie a même été recatégorisée en tant que pandémie par l’OMS depuis le 11 mars 2020.

        Maintenant que nous avons défini les notions de crise et de crise économique ainsi que les maladies à l’origine des deux crises que nous étudierons dans ce dossier il est intéressant de se rendre compte de la diversité de ces phénomènes de crise et surtout de leur omniprésence à travers notre histoire. Ces phénomènes peuvent apparaitre dans tout type de contexte et se manifester de bien des manières, c’est ce que nous allons voir dans la suite du dossier en étudiant les tenants et les aboutissants de ces deux crises tout en les mettant en lien par de nombreux parallèles. Grâce à cette analyse nous pourrons répondre à la problématique suivante : « Quelles sont les causes et les conséquences des crises du mildiou et du COVID 19 et en quoi sont-elles semblables et différentes ? ».

        Dans un premier temps nous étudierons la crise du mildiou, ses causes, ses conséquences ainsi que les différents éléments et acteurs qui entrent en jeu et permettent d’expliquer ces causes et conséquences. Nous ferons de même pour la crise du COVID 19 avant de comparer les deux crises entre elles, leurs différences ainsi que leurs similarités que ce soit au niveau de leur impact ou des différentes mécaniques socio-démographiques à l’œuvre tout au cours de ces crises et de leur gestion. Enfin nous conclurons ce dossier avec un rapide résumé des propos rapportés et en faisant un point sur la méthode de travail et la réalisation de cette étude de manière plus générale.

 I – La crise du mildiou

        Nous allons donc traiter dans un premier temps de la crise du mildiou dont nous avons brièvement parlé dans l’introduction. Pour commencer, nous allons tenter de comprendre les causes de cette crise qu’elles soient d’ordre socio-démographique, historiques ou scientifiques.

        Les causes de la crise du mildiou semblent être multiples et cette crise même si elle est en apparence due simplement à l’apparition d’une maladie touchant les récoltes des paysans irlandais et européens semble prendre ses origine dans un contexte complexe et propice à l’apparition et au développement du problème. En effet, il faut savoir que peu de temps avant le début de cette crise, au début des années 1840, l’Irlande a connu une véritable explosion démographique et que sa population a augmenté de manière exponentielle en quelques années seulement (même s’il est vrai que ce phénomène d’augmentation de la population a débuté au milieu des années 1700). L’apparente prospérité économique de l’époque a engendré une augmentation des naissances, les familles se sont agrandies et cela jusqu’au point où les récoltes du pays dont la création de richesse était principalement portée par l’agriculture ne suffisait plus à subvenir aux besoins de nombreuses familles. Dans ce contexte, la misère sociale s’est fait ressentir avec de plus en plus de force, les carences étaient coutume et la population de manière générale se trouvait affaiblie, atteinte de malnutrition et de nombreux autres soucis liés au manque de nourriture et surtout au manque d’une nourriture riche et diversifiée puisque comme nous le verrons plus tard la nourriture de base de la classe moyenne et des milieux défavorisés était alors la pomme de terre. De plus, le manque d’industrialisation de l’Irlande de l’époque ne permettait pas la création d’emplois et par conséquent l’absorption de cette main d’œuvre croissante ce qui a eu pour résultat des taux de chômage de plus en plus élevés contribuant à la misère sociale et économique, à la baisse du pouvoir d’achat et par conséquent à la famine puisque les classes sociales les plus pauvres n’avais plus de quoi subvenir à leurs besoins primaires.

        Le fait que l’économie irlandaise de l’époque soit presque uniquement basée sur l’agriculture joue également un rôle majeur dans le développement et la compréhension de la crise du mildiou. En effet, la population la plus pauvre du pays était alors composée en grande majorité d’agriculteurs qui n’avaient pas d’autres sources de revenus ni d’autre source de subsistance que l’agriculture. En effet à l’époque il existait trois types d’exploitants terriens : les propriétaires à vie, les détenteurs de baux, et les locataires sans baux. La population la plus pauvre était constituée en grande partie de locataires sans baux qui vivaient dans l’instabilité la plus totale et devaient bien souvent travailler environ 200 jours par an dans les exploitations des propriétaires pour payer la location du lopin de terre qui leur permettait de nourrir leur famille. Ces personnes travaillaient donc la terre pour gagner de quoi louer une parcelle de terre à exploiter pour nourrir leur famille, le tout en exploitant principalement pour leur consommation personnelle la pomme de terre qui était le type de culture avec la meilleure rentabilité au mètre carré et la plus grande simplicité de culture. Ces personnes étaient donc totalement dépendantes de cette culture.

        Enfin, le contexte historique particulier est également à prendre en compte pour avoir une compréhension complète du contexte dans lequel la crise s’est développée. Les tensions entre les paysans irlandais et les riches propriétaires étaient d’ordre religieux aussi bien qu’économique. En effet, la bourgeoisie irlandaise et donc la grande majorité des propriétaires terriens se trouvait être de confession protestante tandis que les paysans et les classes moyennes et défavorisées en général se trouvaient être de confession catholique. Ces conflits qui trouvaient leurs origines dans des divergences d’opinion religieuse bien antérieures au climat de crise des années 1840 expliquent en partie le manque de considération des propriétaires pour la condition des paysans. En effet ces derniers se trouvaient bien souvent expulsés de leurs propriétés s’ils ne pouvaient pas payer leur loyer parfois ridiculement élevé en raison de l’avidité des propriétaires et des agents qu’ils embauchaient pour collecter ces revenus. En plus de cela la plupart des propriétaires n’investissaient pas leur fortune dans leurs exploitations dont l’état se dégradait. Tout cela augmentait encore l’instabilité du niveau de vie des paysans irlandais qui se retrouvaient bien souvent obliger de mendier ou de chercher du travail en Ecosse ou en Angleterre tant leur situation était désespérée.