Relation International

ts. Dans la pratique, cette approche ignore les différences de puissance, de population, de niveau de développement... entre états, différences qui influent énormément sur les dynamiques internationales. Les Relations Internationales cherchent donc de nouveaux outils d'explication et d'analyse des phénomènes internationaux : par exemple, elle ne se contente pas de faire référence aux seuls sujets de droit international (c'est à dire les états), mais s'intéresse à tous les acteurs des relations internationales : organisations illégales, prix Nobel de la Paix, organisations non-gouvernementales, sociétés multinationales... C'est ainsi que certains auteurs de l'école dite réaliste (qui s'oppose à l'école dite idéaliste), dont Morgenthau, en vinrent à considérer que le Droit est incapable de rendre compte du phénomène des relations internationales, par exemple sur des concepts de rapports de force, de raisons d'État, d'intérêts nationaux... Ils ont ainsi conduit à l'émancipation de l'étude des Relations Internationales du Droit International Public.

Cette émancipation s'est également faite vis-à-vis de l'Histoire, avec l'objectif de dépasser le récit historique ou journalistique afin d'obtenir une vision plus sociologique des phénomènes internationaux. Les Relations Internationales sont également nourries de concepts issus de l'anthropologie, de la géographie, de l'économie, de la psychologie... Les Relations Internationales apparaissent ainsi comme une discipline carrefour, à la rencontre de plusieurs autres disciplines auxquelles elle emprunte des grilles de lecture.

1. La notion de relations internationales

Afin de bien appréhender le sens de l'expression « Relations Internationales », il peut être pertinent de se pencher sur ses termes séparément. « Relations » sera ici entendu dans un sens large. Sont couverts par ce mot l'ensemble des rapports internationaux, c'est à dire tous les flux et échanges de toutes natures, matériels et immatériels. Ces flux concernent des domaines extrêmement variés, puisqu'il peut s'agir de relations commerciales, scientifiques, idéologiques, culturelles... Il peut aussi bien s'agir d'échanges d'idées, d'information ou de biens.

Le terme « International » n'est en revanche pas dénué d'incertitudes dans sa définition même. L'adjectif trouve son origine dans les écrits du philosophe anglais Jeremy Bentham, qui en serait l'inventeur. Autant dire qu'il est récent : le mot apparaît pour la première fois dans son Introduction to the principle of morals and legislation, à la fin du XVIIIe siècle, où l'auteur introduisait une distinction entre droit national et international. Le concept n'était pas nouveau, mais on parlait alors de « droit des gens »(traduction littéral du latin jus gentu) pour qualifier le droit international. Bentham considérait son néologisme comme plus précis pour faire référence aux rapports entre états souverains et non plus entre citoyens. Cette invention lexicale tient compte de la réalité de son époque : la seconde moitié du XVIIIe siècle est une période de développement des transactions transfrontalières et de façon plus générale des rapports entre états souverains. Conséquence de son succès, le mot « international » entra dans la langue française en 1801. Cependant, le phénomène des relations internationales existe en temps qu'objet d'étude depuis l'antiquité : Tucidide, Machiavel, Hobbes, Rousseau, Kant... S'étaient déjà penchés sur la question. Reste à voir comment entendre le mot « international » dans l'expression « Relations Internationales ».

Par « Relations Internationales », on entend deux types de relations : d'une part les relations inter-étatiques qui sont des rapports entre groupes sociaux indépendants, basés territorialement et délimités politiquement. Ces relations sont horizontales : les états souverains y sont mis sur un pied d'égalité. C'est bien dans ce sens là, celui « d'inter-étatique », que Bentham inventait le mot « international », les états étant alors les seuls acteurs internationaux qu'il observait. Le concept d'internationalité, dans ce sens, suppose l'existence de collectivités distinctes qui se reconnaissent mutuellement le droit à l'existence. La permanence de l'État à travers les siècles explique que les rapports internationaux soient d'abord ceux entretenus par les gouvernements des états. Aujourd'hui encore, les états demeurent les détenteurs des pouvoirs les plus importants, malgré la concurrence d'acteurs inter-étatiques.

L'école classique du Droit International considère que le fait majeur demeure le découpage de territoires entre communautés indépendantes et souveraines, le découpage en états : il en reste l'acteur essentiel. Pendant longtemps, on a compris le phénomène des relations internationales comme strictement synonyme de relations inter-étatiques. Une telle analyse apparaît désormais comme dépassée et il semble restreint d'en rester à ce seul niveau. On ne peut plus réserver à l'État le rôle d'acteur exclusif des relations internationales et occulter d'autres acteurs importants : un grand volume de ces relations échappe aujourd'hui au contrôle des états, on considère aujourd'hui que les relations internationales concernent également ce qu'on appelle les relations transnationales.

L'adjectif « transnational » qualifie une relation entre acteurs non-étatiques, des individus ou des groupes, au delà des frontières d'un état ou dont les effets s'étendent au delà des frontières d'un état, mais qui ne passent pas par les relations entre états. Si l'état n'est pas acteur des relations transnationales, on retrouve tout de même l'idée de frontière, donc le cadre étatique : le concept même d'internationalité suppose l'existence, on l'a vu, de communautés distinctes qui se reconnaissent.

Qu'elles soient inter-étatiques ou transnationales, les relations internationales connaissent un essor important depuis plusieurs années, notamment les relations transnationales : de nouveaux acteurs envisagent de prendre un rôle concurrent à celui des états : certaines sociétés multinationales ont un chiffre d'affaire supérieur au PIB de certains états et un nombre d'employés supérieur à la population de certains états, les organisations non-gouvernementales, groupes de pression internationaux et privés à but non-lucratif, constitués selon les lois d'un seul état, ont une influence internationale telle que certaines ont acquis le rôle observateurs internationaux et son parfois autorisées à intervenir dans le cadre de la résolution de conflits inter-étatiques; d'autres acteurs non étatiques peuvent encore prendre un poids considérable dans les relations internationales. Abdel Kader Khan est un exemple édifiant : à l'origine traducteur pour Urelco, une société spécialisée dans le nucléaire civil, il vend à plusieurs états, dont la Libye, la Corée du Nord et le Pakistan des connaissances acquises en traduisant des documents sensibles; ce qui entraîna une prolifération nucléaire incontrôlable et donc un changement du rapport de force inter-étatique. On pourrait au même titre citer les réseaux terroristes et mafieux, certains scientifiques dont notamment les prix Nobel de la Paix...

On peut à ce stade proposer la définition suivante des relations internationales :

Les échanges, les flux de toute nature qui traversent les états et échappent au contrôle juridique d'un seul état.

La frontière comme répartiteur de l'espace mondial est ainsi le critère qui permet de déterminer si un rapport social relève ou non des relations internationales.

On comprend qu'avec la mondialisation et le développement des technologies de communication notamment, les frontières deviennent de plus en plus perméables tandis que les échanges et flux s'intensifient. On pourrait recourir à l'image du « Global Village » qui essaie de rendre compte des effets de la mondialisation et des NTIC : on peut se rendre rapidement d'un point à l'autre du globe, communiquer en temps réel à n'importe quelle distance... Le monde en serait comme « rétréci », ramené à l'échelle d'un village. Quoi qu'il en soit, on assiste depuis plusieurs années à une révolution des relations internationales, qui se complexifient et s'étendent : elles concernent désormais tous les secteurs.

2. Aperçu historique des relations internationales et de la société internationale

Il faut, avant d'entamer ce bref survol historique, préciser que les relations internationales ne « commencent » pas à un moment précis : à vrai dire, les relations internationales sont antérieures aux états modernes : des phénomènes de relations internationales sont attestés dès l'antiquité entre entités politiques, certes indépendantes, mais qui ne constituent pas pour autant des états : empires, cités grecques... On assiste à la conclusion de traités, à l'échange de missions itinérantes, on fait la distinction entre