Récit Commenté d'une trouvaille ou d'une tentative éducative
Mémoire : Récit Commenté d'une trouvaille ou d'une tentative éducative. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar mugron • 22 Février 2018 • Mémoire • 3 741 Mots (15 Pages) • 3 668 Vues
Récit commenté d’une trouvaille éducative
(RCTE)
Titre : Mozart : une passion, un code
Nom : Ronald MUGWANYA
DF1- Approche relation éducative
Moniteur Educateur Promotion 2017-2019
Mozart : une passion, un code
Ce fameux mercredi 08 novembre 2017 restera gravé dans ma mémoire. Il restera gravé dans ma mémoire, non pas parce que la pluie s’était invitée au rendez-vous, contredisant ainsi les prévisions météorologiques de Catherine Laborde ; et je ne l’attribue pas, non plus, au camion des éboueurs tombé en panne dans ma rue durant plusieurs heures au cours de cette matinée - petite péripétie que mes voisins automobilistes ont déjà oubliée -, mais parce qu’en tant que stagiaire, je vais découvrir pour la toute première fois de mon existence un public accueilli dans une structure qui héberge et accompagne des adultes, hommes et femmes présentant un handicap mental et des troubles psychiques. Dans cette structure se trouve un foyer d’accueil médicalisé, un foyer de vie et un foyer d’hébergement destinés à assurer un accueil adapté selon le degré d’autonomie de chacun des résidents. C’est en effet à l’intérieur de cette structure que je vais faire la connaissance de l’un des résidents, une rencontre qui a inspiré ce récit, que j’ai décidé d’intituler « Mozart : une passion, un code ».
Effectuer un stage dans cette structure m’offre l’opportunité d’entrer en contact avec un public aux besoins particuliers et qui suscite en moi beaucoup de questions : comment pourrais-je animer une activité auprès de ce public spécifique ?
La tête pleine d’interrogations rend aussitôt mon trajet en métro si court que la rame arrive presque trop vite à ma station. « Finies les réflexions, on verra sur place » me dis-je alors. Une fois sorti des méandres du métro, je décide soudain de me focaliser sur la carte google de mon smartphone afin de localiser l’adresse du foyer. Au bout de cinq minutes, j’arrive enfin dans la rue qui correspond bien à celle indiquée sur mon petit papier. Je dois attendre l’heure exacte du rendez-vous pour, enfin, pouvoir sonner à la porte d’entrée de cet immeuble flambant neuf situé dans une rue très silencieuse et pourtant au cœur de l’une des villes réputées les plus bruyantes de l’hexagone. Je me demande alors si le choix du lieu de ce foyer s’est basé sur ce luxe rarissime que puisse offrir Paris, la « ville lumière ».
Ce moment d’attente avant que ne s’ouvrent les portes d’entrée du foyer me donne l’occasion de rassembler mes compétences et mes qualités personnelles afin de me concentrer pour mieux intervenir dans le domaine du handicap devant un public exigeant. Je me demande alors si, en seulement un mois de formation, les cours théoriques reçus vont pouvoir jouer un rôle important dans la réussite de mes premiers jours de stage.
Ce même jour, un groupe de cinq bénévoles d’une association de solidarité internationale qui favorise, non seulement la pratique du tennis de table dans des milieux spécialisés, mais utilise aussi cette activité comme outil éducatif et d’épanouissement, se présente au foyer une heure plus tard, dans le but d’introduire ce sport et d’animer des activités ludiques auprès des résidents. Un éducateur qui vient me chercher au bureau me fait rencontrer ce groupe en me disant que, pour commencer, je vais rester avec eux pendant l’activité ping-pong. Nous sommes vite dirigés au 4ème étage dans la salle des activités. Le silence que nous imposent les autres éducateurs du foyer amplifie le suspense et notre marche discrète fait défiler les chambres, l’une après l’autre. D’un côté, un jeune homme ouvre la porte de sa chambre pour laisser apercevoir un groupe d’inconnus et, d’un autre côté, au bout du couloir, une femme âgée d’une cinquantaine d’années, déjà agitée, nous passe le bonjour de manière bien accentuée. Nos regards se croisent les uns et les autres tout en poursuivant notre chemin. A ce moment-là, nul ne doute que la question qui traverse chacune de nos pensées est « comment allons-nous réussir tous ensemble cette mission difficile avec un public ne présentant pas les mêmes capacités mentales, physiques et psychiques que nous ? ».
Une fois arrivés dans la salle des activités, nous y rencontrons quelques personnes déjà assises sur des chaises. Sans port de badge nominatif, il nous est alors difficile de distinguer entre personnels et résidents, à part quelques individus qui se démarquent par leurs manières de s’exprimer, leurs rires et leurs apparences. Pour les autres, qui sont plus discrets, nous privilégions la prudence. Le premier pas déjà franchi, je découvre aussitôt les différents usagers à qui le groupe de bénévole propose les exercices appropriés. Les éducateurs du foyer m’ayant laissé seul avec ce groupe, nous nous trouvons à ce moment précis parmi les usagers ; l’instinct d’improvisation s’impose aussitôt, non pas sur la technicité particulière de la pratique sportive du tennis de table, mais sur la manière idoine de faire participer tout le monde. Mais alors, me dis-je, tout a l’air de se dérouler comme prévu… Difficile d’en conclure ainsi, enfin, pas aussi vite. En tout cas, tout le monde se met à contribuer en accompagnant les résidents novices. De mon côté, je cherche à repérer celles et ceux qui restent quelque peu en retrait afin de les motiver davantage. La séance est parallèlement marquée par quelques agissements que nous n’avons pas l’habitude de voir, mais nous faisons comme si tout était parfaitement normal. Certains résidents qui s’engagent dans une activité veulent continuer jusqu’au bout et manifestent clairement leur intérêt et leur motivation pour réaliser des gestes simples proposés. D’autres essayent aussi, mais abandonnent rapidement dès la première difficulté rencontrée ; ils s’installent ensuite sur les chaises qui encerclent l’espace dévolu aux activités en attendant que leur soit proposée une nouvelle série de gestes à réaliser.
Au bout de 30 minutes, d’autres habitants continuent à arriver dans la salle des activités et se joignent au groupe déjà constitué. Je me charge alors de les accueillir en leur tendant une raquette et une balle. A ce moment-là, je repère un monsieur âgé d’une soixantaine d’années et mesurant environ 1 mètre 60. Je décide de l’observer dans un premier temps et je découvre rapidement qu’il n’a certainement pas envie de participer. Son regard et son humeur veulent tout dire. Ces observations me poussent donc à m’intéresser plus particulièrement à lui car, à son arrivée, il s’est juste assis sur une chaise avec la tête baissée comme si un éducateur venait de le déloger de son confort pour lui imposer une activité contre son gré. En tous cas, il ne figure pas parmi celles et ceux qui essayent et font l’effort de participer.
« Il est peut-être temps de tester le futur ME en toi », me dis-je alors tout en me motivant. Oui, il faut que je parvienne à le motiver lui aussi afin qu’il participe comme les autres. Je déclenche un compte-à-rebours et, à trois, je me décide à aller à sa rencontre. Je prends place sur une chaise libre juste à côté de lui pour, d’abord, me présenter à lui. « Bonjour », lui dis-je en lui tendant la main. Pas de réponse, mais sa tête reste baissée, ce qui confirme mes premières impressions à son sujet : ce monsieur n’a guère envie de participer aux activités collectives. Mais, est-ce une raison de m’ignorer ou est-ce un signal m’invitant au contraire à lui prêter toute mon attention ? Je m’interroge in petto. Je me demande si, éventuellement, son handicap pourrait en être la raison. Je me concentre sur son indifférence en tentant de me présenter à nouveau. « Bonjour Monsieur, moi, je m’appelle Ron et je suis moniteur éducateur stagiaire. Je voudrais qu’on s’amuse tous les deux avec la balle de ping-pong », lui dis-je en lui montrant une balle et une raquette. L’homme, d’une froideur ophidienne, refuse de me répondre. Je recommence, cette fois ci sous un ton encore plus bas. Au bout de quelques secondes, le monsieur au visage fâché se décide à me répondre. Je profite de l’occasion pour reprendre ma formule de politesse et lui répéter mon prénom avec la main tendue vers lui. Il la serre enfin en me disant « Ahan ! ». « Pardon ? », lui dis-je. Il répète alors cette onomatopée et il ajoute, « Moi Ahan ! ». En effet, il s’agit bien de son prénom, que je réussis finalement à comprendre au bout de 5 répétitions laborieuses de sa part. Il s’appelle en réalité Adam. Je viens seulement de découvrir qu’il a des troubles d’élocution, mais je n’en sais pas davantage à son sujet. Néanmoins, je ressens une première satisfaction au fond de moi. Alors, je me dis que ce n’était pas si sorcier d’établir le contact ! Mais, attention, car cette satisfaction dont je viens de me réjouir va vite être écourtée par la suite de notre conversation. Adam n’est pas si facile à vivre qu’il en a l’air car lorsque je lui propose une raquette et une balle, je découvre qu’entrer en relation avec lui n’est pas du tout aisé. Il me répond en effet avec un « NON ! » très ferme et très bien prononcé. Pour le coup, je me dis que ce n’est pas encore gagné !
Je décide alors de faire un tour, le temps de donner
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