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A-t-on raison d'accuser la technique?

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s ressources du sous-sol. La technique en est venue également à transformer complètement la nature. Reprenons l'exemple des plantes : pour les aider en cas de sécheresse, la technique les manipule génétiquement et fait des mélanges incompatibles, que la nature n'aurait pas fait seule. Cela perturbe donc le cycle naturel : par exemple, les CFC, qui permettent la conservation et la consommation de produits industriels, sont rejetés dans l'atmosphère et contribuent à la destruction de la couche d'ozone. C'est également le cas du CO2 qui est incompatible avec la nature (puisqu'il n'est pas produit par celle-ci), et qui pollue la planète.

Mais la technique a également eu des effets négatifs sur l'humanité. En effet, même si la technique, et particulièrement les nouvelles technologies, nous a permis une ouverture sur le monde : si l'on prend l'exemple de la télévision, on remarque que beaucoup de personnes la regarde sans but, et non plus pour s'informer ou même se divertir, et cela les dépossède donc de leur conscience, ils sont devenus le moyen pour la technique de se développer. La technique a aussi permis à notre corps de gagner beaucoup de puissance, une puissance trop grande pour notre âme qui ne s'est pas développé autant et qui est devenue trop faible pour diriger un corps surpuissant. Nous ne savons plus articuler l'intelligence des fins et celle des moyens ce qui crée un déséquilibre (l'illustration parfaite est le déséquilibre entre le Nord et le Sud, le fossé qui se creuse entre les pauvres et les riches, comme le fossé entre le corps et l'âme). La technique a créé des besoins nouveaux sans satisfaire les besoins fondamentaux de tout le monde. Le développement de la technique est devenu à lui même sa propre fin. De plus le machinisme a fini par dominer l'homme qui perd la maîtrise de la technique et qui se fait peu à peu remplacer par celle-ci : beaucoup de postes ont été perdus car remplacés par des machines. Cela est particulièrement le cas chez la classe ouvrière qui a beaucoup souffert de la mécanisation.

La technique nous a permis d'agrandir notre emprise sur la nature, de nous libérer des contraintes naturelles et de nous faire gagner du temps. Grâce à cela, elle a permis au capitaliste d'augmenter sa production, au détriment de l'ouvrier qui devient le maillon d'une chaîne qu'il ne maîtrise plus : les machines, qui doivent normalement alléger son travail, aider à l'efficacité, finissent par le dominer et contribuent à son aliénation. C'est ce que dénonce Marx : l'ouvrier ne fait qu'une seule tâche, simple et répétitive, qui l'empêche d'exercer son intelligence, ce qui l'abêtit. Il ne décide plus de la façon dont il doit travailler et ce qu'il doit produire, c'est la machine qui le fait à sa place car, à partir du moment où on le sépare de ses outils, il est démunit et n'a plus de moyen de produire. De plus, le travailleur devient un instrument de production, utilisé dans but d'accroître la production, au seul profit du capitaliste : ce que produit le travailleur lui devient étranger et lui échappe des mains, il devient lui-même un objet, car la richesse qu'il produit revient au capitaliste, et c'est cette même richesse qui l'appauvrit. La seule valeur liée la technique est l'efficacité, il n'y a pas de morale, et cela sert seulement les intérêts du capitaliste

La technique a donc permis beaucoup de choses mais elle a eu des effets négatifs sur la nature et l'humanité en aliénant l'être humain. Mais ces accusations ne sont-elles pas trompeuses et ne peut-on pas faire quelque chose pour éviter ces effets négatifs?

Selon Simondon, on ne peut pas accuser la technique de ses fins mauvaises car les machines ne sont que des moyens. Par exemple, qui oserait accuser un revolver d'avoir tué quelqu'un? Même si celui-ci porte en lui-même sa fin en suggérant fortement la finalité de sa création, c'est l'homme qui a tiré que l'on va accuser. En effet, d'après Marcuse, il est dans la nature de l'homme de faire usage de ce qui est à sa disposition car c'est un "homo faber", qui signifie l'homme fabricateur : l'homme n'est plus caractérisé par sa "sagesse" ("homo sapiens sapiens") mais par le fait qu'il fabrique toutes sortes de choses, des outils par exemple. Mais entre l'aire de l'outil et celle de la machine il y a un grand fossé. En effet, l'outil prolonge notre corps alors que la machine nous donne une dimension qui excède le naturel. Ce n'est donc plus quelque chose de naturel. De plus, selon Marcuse, la technique en est venue à déterminer les actions, les aptitudes, les attitudes qu'implique la vie sociale. Elle n'est plus neutre et domine donc l'homme qui ne peut plus rien faire sans elle.

La responsabilité est en fait portée par la culture, car la technique est une marque propre de notre humanité. Comme expliqué ci-dessus, l'homme est "homo faber", fabricateur d'outil. Cette fabrication d'outil suppose que l'on se représente mentalement l'action à accomplir, la forme de l'outil le mieux approprié pour cette action etc… la technique est donc indissociable de la pensée, et donc de la culture. La culture a en fait dénaturé l'objet technique en ne lui donnant qu'un seul statut, une seule fonction : celle d'être utile. De ce fait, l'homme ne connaît plus que le fonctionnement de la machine, mais pas son essence, sa nature. Il n'est donc pas n'est pas aliéné par la machine elle-même mais par son ignorance de la technique : pour Simondon, la machine renferme une sorte d'humanité, elle fait partie de "la table des valeurs et des concepts" de la culture.

C'est l'homme qui a le pouvoir de remédier aux effets négatifs de la technique, car c'est lui-même qui les a crées. Il doit donc être le centre organisateur. En effet, pour Bergson, c'est à l'homme d'organiser la nature et de lui assigner des fins bénéfiques car les techniques sont des moyens neutres que l'on peut maîtriser. Il faudrait une pensée centrale, organisatrice, qui coordonne l'industrie, l'agriculture et donne une place appropriée aux machines sans qu'elles écrasent l'homme, qu'elles lui rende seulement service. Simondon, lui, parlait de créer des machines "ouvertes" (l'homme serait "l'organisateur permanent" de cet ensemble de machines) car l'automatisme des machines ne leur permet d'utiliser au maximum leurs capacités : "une machine purement automatique, complètement fermée sur elle-même dans un fonctionnement prédéterminé ne pourrait donner que des résultats sommaires". Il faudrait également respecter la nature, l'utiliser à des fins humaines et se soumettre à ses mécanismes : selon Bacon "on ne commande à la nature qu'en lui obéissant".

Mais pour pouvoir maîtriser la nature, il faut d'abord s'instruire. Cela peut se faire grâce à la peur: selon Jonas, c'est elle qui peut instruire car on ne peut prévoir rationnellement les effets du progrès technique, qui peuvent pourtant être irrémédiables. L'homme peut également puiser dans une ressource spirituelle, comme il a puisé dans des ressources d'énergie de la terre, pour développer son âme et pouvoir se réapproprier le pouvoir de diriger la technique. Ces ressources sont les œuvres spirituelles de l'humanité.

L'homme peut donc faire en sorte de ne pas créer tous les effets négatifs que l'on reproche à la technique d'avoir créer. Comment l'homme, par le biais de la technique moderne en est venue à engendrer ces effets négatifs?

Depuis le 17ème siècle, le point de vue que porte l'être humain sur la nature a changé avec Descartes.

Au 16ème siècle, la nature était vue comme "dame nature", elle était personnifiée, magnifiée. Aristote voyait la nature comme la cause première

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