Andromaque

tes.

Qu’est ce qui a changé par rapport à 2011 et ces 6 petites victoires seulement ? Nouveaux coureurs, matériel… Question entraînement, rien. On avait perdu la confiance. Sur le Tour, j’ai traîné ma misère. C’est beaucoup dans la tête. Dans le doute en permanence, vous ne relevez jamais la tête. C’est bizarre, cette année, ce ne sont presque que les coureurs déjà là qui ont gagné. Ce mélange nous tire vers le haut. Je suis toujours positif, certains sont dans le trou dès que ça ne gagne pas. Ce n’est que du sport, la presse en rajoute. Ça m’est passé. Un grand sponsor est arrivé, outre les deux mécènes. L’équipe a recruté, on parle d’un centre de formation type Mapei. C’est motivant quand tout a failli s’arrêter… Cette fidélité est énorme. Omega Pharma arrive et on parle plus encore de l’équipe Quick•Step, sponsor présent depuis le début. On a été mal. Ce qui est intéressant, c’est que l’on est reparti à haut niveau dans un niveau de budget décent. Les millions ne font pas tout. Regardez BMC pour le moment ! Dans l’équipe, il y a une énorme confiance de la part du staff aussi… On est responsable. On s’entraîne chez nous.

Tout le monde est à droite, à gauche. Il faut la confiance des managers. Si ça ne marche pas, c’est de notre faute, pas celle de l’équipe. Dans ce métier, il faut être professionnel. Plus de pression ? Je ne la sens pas. Sur Paris-Nice, on est reparti avec les points UCI. C’est mon objectif, le nôtre. Le système est ainsi fait. C’est la valeur des équipes, des coureurs. La pression est naturelle. Il y a la bonne pression et la mauvaise.

Si les résultats ne venaient pas comme Leopard en 2011, peut-être BMC en 2012 ? La première victoire est la plus dure, un soulagement. Regardez les équipes toujours à zéro succès. On était à une vingtaine fin mars, on peut partir en vacances un mois. Et, ce qui est sympa, c’est le nombre de coureurs qui gagnent. Comment va se gérer la saison avec de gros leaders comme Boonen, Chavanel, Leipheimer, Martin et d’autres ? Paris-Nice, on a trois leaders, Tony, Levi et moi. Le but est de faire un bon général. Les circonstances de course font l’évolution. Je ne me prends pas la tête. Je fais mon truc. On me dit “t’es protégé”, ok. Sinon, ok ! Je roule, je garde le moral tout le temps. C’est ma

Planète Cyclisme : Sylvain, après deux mois de courses dont Paris-Nice et avant vos classiques, quel est votre premier bilan ? Sylvain Chavanel : Avant tout, on a de moins en moins de vacances. L’intersaison passe vite. La compétition reprend au soleil début janvier aux quatre coins de la planète. J’ai ouvert au Tour de San Luis (Argentine) sur une course de plus en plus importante. À chaque épreuve que j’ai disputée, l’équipe a gagné, pris du plaisir. Quand on commence ainsi, on enchaine sur une spirale positive. Collectivement, il y a une raison à ce retour en force de la Quick•Step ? Les stages, on fait tous le même métier. L’entraînement novembre-décembre, c’est au même endroit. On pourrait mettre le dossard dans l’hôtel. On se retrouve à 6-7 équipes. Je n’apprécie pas trop. À la reprise, on aime bien être entre nous dans l’équipe. On fait des stages de 10 jours avec des blocs de travail intensifs et progressifs. La base, on la fait à domicile : du fond, rouler tranquille le plus longtemps possible. Une fois la base construite, on installe des blocs de travail, les stages à partir de novembre. Certains coureurs ne coupent même pas, juste par des petites sorties. Et il y a des coureurs comme moi, qui coupent de 3 à 5 semaines sans vélo, rien. Après, il y a énormément de retard, il faut prendre son mal en patience. Le corps est ressourcé, a une énergie à dépenser, mais c’est long de retrouver le niveau. J’essaie de couper le moins possible. Le repos a été court. Vous avez été opéré d’une hernie discale (à gauche) et peu coupé. On n’est pas parti en vacances avec ma femme (Natacha) et mes enfants (Baptiste,

7 ans et Maxence, 4) à cause de l’opération. C’est pour ça que je suis en forme tôt. J’ai peu coupé. Attention, le but n’était pas de gagner San Luis. Les objectifs guident la pression. Il faut que la condition vienne. Ça fait deux ans que j’ouvre ma saison sur des courses lointaines. Je cours peu en France, Paris-Nice Dauphiné avant le Tour, un choix personnel à 32 ans pour éviter la routine.

Autour de Colombiers, Sylvain s’entraîne sur de rudes routes, avec parfois des côtes de 15-20 % sur 1 km. Ça sent bon les Ardennaises !

Cette opération du dos, un soulagement… Dans la vie de tous les jours surtout. Quand vous rampez à la maison pour aller manger, vous ne pouvez même pas rester plus d’une minute debout. J’ai emmené mes enfants à Disneyland. Dans la queue des attractions, je m’assoyais par terre au milieu de la foule. Un changement radical, du jour au lendemain. On n’imagine pas, on se couche avec la douleur, se réveille avec. Ce n’est pas parce que je me suis fait opérer que je suis à 100 %.Mon corps doit retrouver un aspect normal. Pendant 4 ans, j’ai vécu avec cette hernie, mon corps s’était habitué à vivre de travers. Le vélo est dur. Quand le corps impose une douleur de plus… Ça fait partie de la vie. Jusqu’à Paris-Nice, vous avez obtenu de belles places. Grâce au travail déjà accompli ? Oui. Je suis un coureur qui court toute l’année et gagne de temps en temps. Mon physique ne me permet pas de gagner tous les dimanches. Je ne suis pas un pur sprinteur,

rouleur ou grimpeur. Je suis bon partout. C’est pour cela qu’aujourd’hui, j’arrive à être présent toute l’année. Je prends plaisir à faire des placettes. Il y aurait un plus grand soula-

“J’ai toujours entendu dire “Attention à Chavanel”, eu l’étiquette de celui qui prend des risques, réserve des surprises. Je fais péter où on ne m’attend pas. J’aime !”

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On ne reconnaît plus le Boonen 2010-11. On m’a vu l’embrasser après sa victoire à Paris-Nice. Je l’ai fait par plaisir pour lui. Il a beaucoup changé. Depuis qu’il a eu ses problèmes personels, que la presse l’a descendu, il a pris du recul. Ses succès, l’argent gagné très jeune… Il est rentré de Monaco en Belgique, revenu à ses sources, s’est rendu compte que ce n’était que du vélo. Quand vous avez tout gagné à 25 ans, il reste quoi après ? Il a encore une motivation énorme.

Sylvain adore l’exercice du chrono. Déjà champion de France, il rêve du titre mondial avec Quick•Step par équipes à Valkenburg en septembre, une première.

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RENCONTRE

nos, j’ai toujours été un des plus forts. J’aimerais être dans une équipe dans laquelle je souffre. Avec Omega Pharma-Quick•Step, on peut être champion, sur le podium.

tout que je cours à l’étranger avec les couleurs françaises, montré du doigt. Mon entourage me voit mieux à la télé. Les adversaires, pas top. Dès que vous levez le cul de la selle, ils savent que c’est moi qui attaque.

En tant que coureur français, n’est-il pas tabou d’annoncer ses objectifs ? Je n’aime pas les grands discours. C’est pipeau, ça ne fait pas avancer. Je ne dis pas clairement “je veux gagner le Tour des Flandres”, mais “je veux marcher jusque fin avril, trouver ma meilleure condition le plus longtemps possible”. Certains le font :“aujourd’hui, c’est moi qui gagne”. Je ne sais pas faire. Quick•Step vous a initié aux classiques ? J’ai découvert sur les dernières années Cofidis. Un changement de culture de Cofidis à Quick•Step. Ce frein, la peur, d’aller au contact des étrangers. Je me sens bien dans l’équipe, même si parfois, il est dur de n’être qu’au contact d’étrangers. J’aimerais le contact de Français, à la même culture. Il y a un manque, même si je suis parfaitement accepté. Vous faites partie des coureurs qui n’ont pas hésité à franchir le pas à l’étranger… Intéressant afin que les étrangers aient une autre vision de nous. Ils n’aiment pas les français, “grande gueule”. Ils voient qu’on est très bien. C’est le moment de remporter la classique ? J’apprends beaucoup avec un Boonen dans l’approche. Certains savent faire ça jeune.

trop surdimensionné le Tour. Il y a trop de journalistes. Ça me gonflerait vite. Je n’ai pas cette capacité pour gérer, supporter la pression, répondre chaque jour. Je l’ai déjà fait sur une journée. C’est de la folie. 10 jours, parfois, il devait en avoir marre, je pense.

Il manque une victoire avec le maillot… Je n’aurai peut-être pas 10 victoires en fin de saison. Mais si je pouvais claquer une classique avant le championnat de France… Cette année, je ne sais même pas si je vais y aller. C’est plat comme ma main. Le but, c’est de rapporter le titre du chrono. J’ai retrouvé de bonnes positions, un bon vélo de chrono. J’ai de bons résultats cette année dans l’exercice. Je voudrais encore progresser. Vous allez disputer votre 12e Tour déjà… Notre équipe sera très forte. Le profil 2012 sera un plus pour les Omega Pharma-Quick• Step. Mes ambitions perso, on verra. Martin, Velits, Leipheimer… Cette année, on aura des cols très durs, mais courts et pas my-

À vos débuts, on faisait le rapprochement Jalabert-Virenque Voeckler-Chavanel. Cela vous a énervé,