Commentaire la nuit de Valognes

’a bien fait comprendre ne serais-ce que par ces différentes postures. «Usé, épuisé, les épaules basses et le dos rond, le traits tirés par la veille » est l’expression de l’acte II scène3 qui le montre le mieux. Don Juan vieillit mal car les douleurs physiques provoquées par le temps ne sont pas ces seules douleurs.

Son deuxième trait nouveau de son caractère est la maturité. On remarque le calme étonnant que possède le héros tout au long de l’histoire. En effet, sa maturité repose sur le fait qu’il s’est lassé de toutes conquêtes amoureux. Sganarelle le mentionne bien « Voyons, vous savez très bien que depuis plusieurs mois, je n’ai pas inscrit un seul nom sur mon carnet ». Le valet du héros tient dans cette version de l’histoire un carnet où serait écrit le nom de toutes les victimes de son emprise, lequel il avoue n’avoir plus inscrit un seul nom depuis quelques temps. Même si on ignore encore la raison, on constate que Don Juan n’est plus ancré dans le désir de la chair féminine. Pourtant, au début de la pièce, comme ces dames on croit au conservement de l’ancienne personne. Don Juan est amusé, il rit de la situation dans laquelle il se trouve. Ne se souvenant d’aucune de ces conquêtes tant aucunes d’elles ne l’ont marqués, il n’a que faire de ces femmes, présentes ici en son honneur. On retrouve alors le séducteur libertin, cruel et charmant de Molière. Ce n’est qu’à l’ instant où il accepte d’épouser Angélique qu’on comprend que cet homme a changé. L’infidèle charmeur ne se serait jamais plier à une situation sans qu’elle ne le lui convienne. Or, il cesse au chantage de ces dames et l’intrigue de comprendre le pourquoi de sa réponse s’installe.

C’est à la fin de l’acte III que celle-ci nous ait donné. On apprend qu’enfin Don Juan aurait trouvé l’amour. Improbable mais vrai, Don Juan serait tombé amoureux du frère d’Angélique grâce auquel il aurait appris à tenir sa parole. Cet amour a achevé le héros qu’il était autrefois car, malgré le temps, ce n’est autre que cet amour impossible qui l’a anéanti.

On retrouve donc dans cette pièce un Don Juan en questionnement sur lui-même Maintenant qu’il a trouvé l’amour, il se questionne sur celui-ci. Trouvé chez un Homme, il a dû beaucoup de mal à le rapprocher du désir. Tourné vers le passé à cause de son amant mort, Eric-Emmanuel Schmitt nous retrace un héros triste, pensif, vieilli ce qui le rend différent, d’où une certaine métamorphose.

B] La nouvelle conception de Don Juan : un homosexuel.

Dans cette version de Don Juan, nous assistons à une singulière découverte qui n’est autre que l’amour du personnage principal envers un

homme. Que voulait montrer l’auteur en faisant du plus célèbre séducteur de femme un homosexuel ?

Celui-ci s’explique dans un entretien avec Pierre Brunel, universitaire et critique littéraire dans lequel il énonce ne jamais avoir entrevu dans les précédentes versions de Don Juan une explication sur la sexualité de l’homme. Il souhaite remettre en cause ce que nous croyons être. Qui nous dit que nous aimons vraiment tel ou tel catégorie de personne ? Selon lui, Don Juan reste hétérosexuel par le fait qu’il ne comprend pas ce qui lui arrive. Tombé amoureux alors qu’il n’était attiré que par le désir, et d’un homme alors qu’il ne voyait qu’à travers les femmes provoque en lui un grand bouleversement. Le héros ne comprend plus rien, il perd tous ses repères contrairement au Chevalier, l’amant de Don Juan qui comprend la situation et se suicide honteux.

La religion dans ce texte est complètement écartée. La transformation du personnage est fondée sur l’amour avec un grand A. Certes, nous avons dans l’histoire le personnage la Religieuse qui la représente naturellement mais sans arrière pensée. C’est l’amour qui fonde l’histoire notamment par l’interrogation de Don Juan sur ce qu’il est. Après sa relation avec le Chevalier, or de ses habitudes, celui-ci s’interroge de plus en plus et commence une nouvelle vie ou il apprendra à se connaître. L’amour est évoqué comme une certaine harmonie de soi même. Tant que l’on ne l’aura pas découvert, nous ne découvrirons jamais la paix de