Commentaire sur le texte d'Henri Bergson

s jalouses le manifesteront toujours de la même manière, les personnes nerveuses auront toujours les mêmes réactions face à une situation, les personnes amoureuses aiment, en général, de la même façon. Néanmoins, nous pouvons considérer que chaque réaction est propre à un individu puisqu’elle émane de sa personnalité et donc de son essence même. Ainsi, nous revenons au fait que nous sommes tous différents. Pourtant, le langage exprime bien ces émotions, ces réactions par les mêmes mots (« Cependant le langage désigne ces états par les mêmes mots chez tous les hommes »).

Le philosophe admet donc que la personnalité diffère d’une personne à une autre mais que le langage, les mots sont identiques quand à leurs formes propres. Ils sont, certes, utilisés de manière différente chez tous les individus mais ont bien la même signification. Pour nous faire comprendre cela, Bergson utilise deux exemples concrets : l’amour et la haine. L’amour et la haine sont deux émotions totalement différentes mais que chacun exprime de la même façon. L’amour est un sentiment incontrôlable mais formidable, alors que la haine est un sentiment, certes, incontrôlable mais totalement repoussant. Nous les exprimons de la même manière : en faisant plaisir à nos amis, à la personne qui partage notre vie ou bien en faisant du mal à la personne que l’on déteste le plus. Ils sont donc différents dans leur essence, tout comme les réactions des individus. Nous pouvons retrouver le caractère unique dans le fait qu’il n’y ait qu’un seul mot pour exprimer ces deux sentiments. Toutefois, parfois un « je t’aime » ou un « je te hais » n’est pas assez fort pour exprimer ce que l’on ressent vraiment. Nous retrouvons donc ici, l’impuissance de la langue et des mots en eux-mêmes. Bergson ajoute également : « des milles sentiments qui agitent l’âme ». Il veut sûrement dire que les sentiments et émotions sont beaucoup trop nombreux pour être tous définis par de simples mots mais qu’ils permettent quand même d’exprimer ce que notre âme ressent et la définition de notre personnalité. Nous pouvons donc nous demander si il y a un moyen d’exprimer l’inexprimable.

Pour essayer de nous prouver qu’il y a bien un moyen d’exprimer l’inexprimable, Bergson prend l’exemple d’un romancier. Selon lui, le romancier est capable d’exprimer toutes sortes de sentiments grâce à la richesse de son vocabulaire et la justesse avec laquelle il l’utilise. Il a donc une sorte de « talent » que lui seul possède pour exprimer avec précision la moindre émotion, le moindre sentiment que son personnage ressent. Il arrive à toucher ses lecteurs grâce à ses mots. Parfois, un livre peut aller jusqu'à nous faire pleurer de tristesse comme de joie à l’aide de simple mot sur une feuille de papier. Le langage ordinaire est donc impuissant pour exprimer une simple émotion face à celui du romancier. Mais nous pouvons nous demander pourquoi le langage ordinaire est impuissant si les mots, même exprimer différemment, ont la même essence ? Il faut donc rechercher le côté unique du mot dans la façon dont le romancier va l’utiliser. En effet, pour Bergson, le romancier utilise le même principe que pour la définition du « moi » : en juxtaposant des détails, donc des mots. Il ajoute même que le romancier ne peut toucher les gens que de cette manière et que ses écrits deviennent une sorte de « moi » de ce dernier. Les mots deviennent donc uniques dans leur sens et leur utilisation. Cependant, nous ne sommes pas tous des romanciers et donc le langage reste tout de même impuissant pour une grande partie du monde.

Toutefois, Bergson, en conclusion, nous dit qu’il est impossible de traduire ce que l’âme ressent vraiment et que l’on échouera toujours. En effet, la méthode du romancier de juxtaposer les mots associe en fait les idées mais ne forme jamais