Compte rendu notes et contre-notes de Ionesco

t d'un combat mené au jour le jour, elles sont écrites au hasard de la bataille. […] mais il faut savoir se séparer de soi même, des autres, regarder et rire, malgré tout, rire. J'espère que mon théâtre a plus d'humour que mes polémiques, j'espère ».

L'auteur et ses problèmes

« Pourquoi écrivez-vous ? » demande-t-on souvent à l'écrivain.

Est-ce qu'il veut s'affirmer, c'est à dire justifier son existence ? Est-ce qu'il a quelque chose de plus à dire que les autres ? Est-ce qu'il a peur de la mort et qu'il désire continuer de vivre après sa mort physique ? Est-ce pour sauver le monde et lui-même ? Est-ce pour louer Dieu ou glorifier l'univers ? Est-ce pour tâcher de voir clair en lui-même, de s'explorer, de se comprendre, de s'expliquer ? Est-ce parce qu'il ne se comprend pas et qu'il sollicite les explications des autres ? Est-ce parce qu'il se sent seul et qu'il veut rompre cette solitude et communiquer ou fraterniser avec ses semblables ? A toutes ces questions Ionesco répond « oui , car la création est une nécessité instinctive, extra-consciente ; parce qu'imaginer, inventer, découvrir, créer, est une fonction aussi naturelle que la respiration. Selon lui, pour réussir à écrire il suffit d'être tout simplement sincère. Une œuvre sincère est une oeuvre autonome. Il faut aussi écrire pour soi, c'est ainsi que l'on peut arriver aux autres. « c'est en cela que l'on peut parler d'une certaine éternité de l'oeuvre d'art, alors que le reste s'écroule, s'altère, esclave du changement : idéologies périmées, hypothèses confirmées puis infirmées, pensées délabrées ».

Dans cette partie, Ionesco parle du critique. Selon lui, le critique reste prisonnier de lui-même, il exprime ses sentiments, sa mentalité, la mentalité de son époque dont il est tributaire, ses passions, ses partis pris. Tout critique est un partisan : il ne veut voir dans l'oeuvre que l'illustration de ses désirs ou de ses idées, il approuve ou réprouve l'oeuvre dans la mesure ou celle-ci est conforme à ses désirs, à ses idées « l'habitude, la routine, la paresse mentale, la facilité font que le critique ne remet plus en question ses propres principes ».

Expérience du théâtre

« Pourquoi écrivez-vous des pièces de théâtre? »

Il s'est mis à écrire du théâtre car il le détestait. Le jeu des comédiens le gênait, les situations lui paressaient arbitraire. Pour lui le comédien faisait quelque chose d'inadmissible , il renonçait à lui-même, il s'abandonnait, changeait de peau. Pire, il ne devenait d'ailleurs pas quelqu'un d'autre, il faisait semblant. Leur simple présence détruisait la fiction, l'imaginaire. Pour lui, il s'agissait de trouver un juste milieu entre cohésion scénique sans déshumaniser le comédien. Pour ce faire, il fallait faire un théâtre de violence : violemment comique, violemment dramatique. Eviter le psychologique ou plutôt lui donner une dimension métaphysique. Le théâtre est dans l'exagération extrême des sentiments, exagération qui disloque la plate réalité quotidienne. Dislocation du langage aussi : pour théâtraliser la parole il faut la pousser à son paroxysme.

Si les comédiens le gênaient c'étaient parce qu'ils voulaient être trop naturels : en renonçant à l'être, ils le redeviendront d'une autre manière. Il faut qu'ils n'aient pas peur de ne pas être naturels. Il s'agit de jouer contre le texte : sur un texte insensé, absurde, comique on peut greffer une mise en scène, une interprétation grave, solennelle, cérémonieuse. En effet, tout est permis au théâtre, il faut donc faire jouer également les accessoires. Par contre pour éviter le ridicule des larmes faciles, de la sensiblerie on peut sur un texte dramatique greffer une interprétation clownesque, souligner par la farce le sens tragique d'une pièce. Le comique étant intuition de l'absurde, il lui semble plus désespérant que le tragique.

Discours sur l'avant-garde

Que veut dire Avant-garde ?

Ce serait une sorte de pré-style, la prise de conscience et la direction d'un changement qui doit s'imposer. L'avant garde ne peut être reconnu qu'après coup. Ionesco, lui, préfère définir l'avant garde en termes « d'opposition et de rupture », « l'auteur rebelle a conscience d'être contre son temps ». L'écrivain d'avant-garde est un critique de ce qui est, c'est un critique du présent. La protestation de l'écrivain d'avant-garde est une réaction contre le réalisme qui représente l'expression la plus courante et abusive de la vie théâtrale ; elle peut être une protestation contre un certain symbolisme qui est devenu abusif, arbitraire, ne cernant plus la réalité.

L'auteur de théâtre d'avant-garde doit être le poète enragé de la vérité. Il y a une véritable recherche d'authenticité et un refus d'un théâtre psychologique. Il faut aller au plus bas de l'être humain. Il y a également une recherche d'un côté caricatural : instinctif, cruel, les personnages sont plus ou moins des marionnettes.

Ce qui a contribué au théâtre de l'avant-garde est la succession de plusieurs choses :

tout d'abord il y a eu la remise en cause d'un monde en particulier dû à l'histoire du XXeme siècle ( les Deux grandes guerres mondiales), une lutte contre « l'embourgeoisement », une remise en forme du théâtre ( recherche d'une authenticité par le rire. Le rire est une distanciation), une recherche d'un nouveau langage ( si ce n'est pas le langage des mots, c'est celui des gestes).

Propos sur [son] théâtre

Dans ses pièces, Ionesco véhicule plusieurs thématiques : la lutte contre l'embourgeoisement, l'idée de mort et du sens de l'existence, de la solitude, l'absurde.

l'embourgeoisement : « le petit bourgeois n'est pour moi que l'homme des sloggans, ne pensant plus par lui-même, mais répétant les vérités toutes faites, et par cela mortes, que d'autres lui ont imposées. Bref, le petit bourgeois est un homme dirigé ».

dans son angoisse fondamentale la peur de la mort, l'accent n'est pas mis sur les différences des hommes mais sur ce qui identifie