La Coopération Internationale Dans La Lutte Contre Le Sida
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Lorsque les premiers cas de SIDA ont été diagnostiqués aux Etats-Unis en 1981, la communauté internationale a entamé la concertation pour mettre en place une réponse globale à cette nouvelle épidémie. Six ans plus tard, en 1987, l’OMS est la 1ère OI à lancer un Programme mondial sur le SIDA (ou PMS). La 1ère journée annuelle mondiale du SIDA est lancée un an plus tard (1988) à l’initiative de l’ONU.
C’est en 1996 que la coopération prend un nouveau tournant avec la création du Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA, plus connu sous le nom d’ONUSIDA, avec 6 organisations coparrainantes : le PNUD, l’UNESCO, le FNUAP (Fonds des Nations Unies pour la Population), l’UNICEF, la Banque Mondiale et l’OMS).
Puis en 2001 création du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme (GFATM), qui donne une place aux acteurs non-institutionnels. Il est financé par les gouvernements, associations et diverses corporations, et est indépendant du système onusien.
D’autres organisations sont financées directement ou indirectement par USAID (et maintenant le President’s Emergency Plan for AIDS Relief, PEPFAR), le Danish International Development Agency (DANIDA), le Norwegian Agency for Development Cooperation (NORAD), le UK Department for International Development, et autres gros donateurs bilatéraux. Enfin, il existe une nuée de petites organisations avec leurs propres financements, objectifs et intérêts.
Le SIDA constitue un cas à part de coopération internationale ; en 2000, le Conseil de Sécurité, qui n’avait jamais abordé une question de santé publique depuis sa création, s’est réuni trois fois sur la question du SIDA. Ce fut aussi le cas de l’Assemblée générale, qui a pour la première fois en 2001 convoqué une session extraordinaire sur ce thème.
Le SIDA fait partie des Objectifs du millénaire pour le développement adoptés par l’Assemblée Générale : 8 objectifs, le sixième est consacré à la lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies. Cible 7 : « avoir stoppé la propagation du VIH/SIDA d’ici à 2015 et avoir commencé à inverser la tendance actuelle ».
• Budgets consacrés à la lutte contre le SIDA
Globalement, depuis 25 ans, la communauté internationale et les pays touchés par l’épidémie ont multiplié par 20 les sommes consacrées à la lutte contre le SIDA.
Le Fonds mondial fournit 20% de l’aide totale ; depuis sa création en 2002, il a approuvé des programmes s’élevant à 6.6 milliards $ et en a dépensé environ 3 milliards.
L’aide bilatérale joue également un rôle, notamment avec le PEPFAR, créé en 2003, pour lequel le Congrès américain a voté un budget de 15 milliards, dont 9 milliards ont été dépensés pour l’instant.
La Banque Mondiale s’est au départ peu intéressée aux questions sanitaires, considérant qu’elles s’amélioreraient naturellement avec le développement économique. Puis, sous la direction de Robert McNamara, de 1968 à 1981, elle s’est progressivement investie dans des projets relatifs à la santé via des investissements directs. Au cours des 10 dernières années, le budget de la Bq consacré à la santé a augmenté de manière régulière, avec un pic de 3.4 milliards $ en 2003, pour revenir à 2.1 milliards en 2006, dont 87 millions spécialement alloués à la lutte contre le SIDA.
En outre, avec le FMI, l’OCDE et le G8, la Banque a récemment décidé d’annuler la dette de plusieurs pays pauvres très touchés par l’épidémie, afin que l’argent consacré au remboursement de la dette puisse être redirigé vers les services publics clés, notamment la santé.
Du côté des Etats, la plupart des pays, même les plus pauvres, ont augmenté leur budget consacré au secteur de la santé , en partie pour contrer les attaques les accusant de négliger les politiques sociales. Par exemple, dans les années 1990, les pays d’Afrique sub-saharienne dépensaient en moyenne moins de 3% de leur budget dans le secteur de la santé ; aujourd’hui, ce chiffre tourne autour de 11%.
Les contraintes financières de l’Afrique ont également provoqué la croissance de l’Aide Publique au Développement. Elle est passée de 53.6 milliards $ en 2000 à 61.1 milliards $ en 2004. En conséquence, les ressources disponibles pour la lutte contre le SIDA sont passées de 1.1 milliards $ en 1999 à 6 milliards $ en 2004.
• Rôle des Etats : investissement croissant vers le multilatéralisme
De nombreux Etats ont dans un premier temps préféré nier l’existence du VIH/SIDA sur leur territoire pour plusieurs raisons, notamment pour ne pas décourager le tourisme, consacrer une partie de leur budget à la prévention et prendre des mesures de lutte ou admettre l’échec des pouvoirs publics à maîtriser la pandémie.
On observe aujourd’hui une plus grande volonté des Etats de s’investir dans les politiques internationales de lutte contre le SIDA.
D’autre part, pour plusieurs Etats africains post-décolonisation relativement « poreux », le problème du SIDA apparaît davantage comme un problème régional plutôt que national, cela amenant naturellement des opportunités de coopération.
Certains Etats sont en outre trop faibles ou trop pauvres ; ils dépendent d’organisations extérieures pour le financement et parfois pour l’administration de leurs politiques de santé publique. Dans une récente étude macroéconomique, le PNUD a montré que les dépenses internationales sur des programmes concernant le VIH/SIDA dans des pays pauvres ont doublé entre 2002 et 2004, et vont probablement encore doubler. Pour les pays pauvres, cette augmentation signifie que d’ici à la fin de l’année 2007, les dépenses de lutte contre le SIDA pourraient représenter jusqu’à 10% de leur PIB.
B. Le rôle crucial de la société civile
L’autre caractéristique majeure de ce renforcement de la coopération dans la lutte contre le SIDA est la place particulière tenue par la société civile, notamment celle des ONG.
Depuis plusieurs décennies, les experts de santé publique ont été confrontés aux larges disparités en matière de soins qui séparaient les pays développés des pays en développement. Bien que ces inégalités soient constatées et déplorées, elles étaient globalement acceptées comme un état de fait, les préoccupations de santé étant considérées, à l’image de la position de la Banque Mondiale, dans un cadre plus large de pauvreté et de développement.
Le SIDA a donc créé un tournant car lorsque la pandémie a été découverte, les activistes occidentaux de lutte contre la maladie, ainsi que les médecins et les scientifiques concernés, qui avaient finalement relativement peu d’expérience concernant les pays en développement, ont été choqués de l’ampleur de ces inégalités et les ont massivement dénoncées.
La « révolution » a véritablement pris forme en 1996 lors d’un sommet international sur le SIDA à Vancouver, au cours duquel une nouvelle combinaison de médicaments ARV (anti-rétroviraux) fut introduite sur le marché, provoquant un allongement conséquent de l’espérance de vie des malades infectés par le VIH. Le coût de traitement atteignant à l’époque 14.000$/an, les médicaments demeuraient inaccessibles pour la grande majorité des malades hors des pays développés. ( Mise en place de groupes d’activistes qui ont fait pression sur le G8 pour l’achat d’ARV à donner aux pays pauvres. En l’espace de trois ans, les fonds récoltés pour les programmes d’aide sanitaire en Afrique subsaharienne ont ainsi atteint 865 millions de dollars.
On estime aujourd’hui le nombre d’ONG spécialisées dans la lutte contre le SIDA à 60.000.
Les ONG ont parfois été à l’avant-garde des initiatives des politiques de prévention et de traitement. Au Burkina Faso et au Mali, des organisations locales ont par exemple commencé à importer des médicaments ARV bien avant les donateurs et le gouvernement.
Les ONG jouent également un grand rôle dans la dénonciation des pratiques commerciales abusives des laboratoires pharmaceutiques, notamment dans le cadre de l’OMC avec les ADPIC (Aspects des Droits de Propriété Intellectuelle relatifs au Commerce).
La pression internationale a ainsi amené 39 entreprises pharmaceutiques à retirer la plainte qu’elles avaient déposée contre l’Afrique du Sud après la décision de cet Etat de baisser le prix des médicaments.
Plus récemment, la Fondation Clinton a obtenu d’importantes réductions de prix pour les médicaments produits par des fabricants de génériques.
Enfin, en 2004, le gouvernement du Brésil est parvenu à un accord avec les laboratoires pharmaceutiques pour réduire d’un tiers le prix des médicaments ARV en menaçant ces entreprises de mettre en place le système des « licences obligatoires » autorisées par l’OMC.
II. Les limites de la coopération en matière de lutte conte le SIDA
Nous l’avons vu, la lutte contre le SIDA s’inscrit dans les problématiques de la gouvernance mondiale, à savoir une coordination efficace entre une multitude d’acteurs. Le principal objectif étant de résoudre les disparités existantes entre le Nord et le Sud en matière d’accès aux soins (médicaments) et d’éducation :
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