La Double Inconstance Marivaux 1723 Lecture Analytique Acte I Scène 4

mme. Le résultat n'étant pas plus satisfaisant, il entreprend de le tenter par une sorte de chantage :amitié, biens matériels, richesse, tels sont les éléments qu'il fait miroiter aux yeux

ETUDE :

I)DEUX MANIÈRES DE VIVRE OPPOSÉES

Ce qui oppose les deux univers auxquels appartiennent Arlequin et Trivelin ne relève pas uniquement du domaine matériel, ni de l'importance qu'on lui accorde. Le début du dialogue révèle le peu de cas que l'on fait des sentiments d'un être lorsque le bonheur du Prince est en jeu. On peut ainsi sérier les différences et les analyser sur trois plans : les sentiments, l'importance accordée à l'argent pour résoudre les problèmes et les plaisirs des biens matériels.

a) L'importance accordée à l'argent dans toute tractation

Un autre point semble séparer Arlequin de Trivelin, c'est le problème de l'argent. A défaut d'avoir pu faire appel au dévouement d'Arlequin envers son Prince, Trivelin utilise l'argument financier, qu'Arlequin pressentait lui même Trivelin appartient à un monde où tout peut se régler matériellement : les nombreuses allusions à la richesse et à ce qu'elle procure rappellent que le rôle de Trivelin est finalement d'acheter Arlequin. Les termes « richesse » , « prix » , et les images de la vie facile révèlent les caractéristiques du mode de vie de la cour.

b) Les charmes de la vie facile

Ce que fait miroiter Trivelin est une vie aisée, luxueuse, mondaine et frivole. Elle est définie par la possession de biens matériels (« maison à la ville, maison à la campagne » , ; « équipage », « carrosse », , d'une domesticité (« vos valets », ), biens sur lesquels insiste Trivelin .A ce luxe un peu tapageur, synonyme de vie agréable, et facile, Arlequin oppose la simplicité d'une vie frugale qu'une bonne santé suffit à rendre heureuse (« quand on se porte bien, qu'on a bon appétit et de quoi vivre » , ). Les deux façons de vivre s'opposent presque point par point : refus des domestiques, vie laborieuse, réduite aux activités essentielles (« fait on autre chose dans sa maison... ?, : par rapport à la rusticité authentique de sa vie, Arlequin ne. voit dans ce qu'on lui propose que des « contes » Le choix de termes péjoratifs comme « babioles » ou « contes » souligne l'aspect superficiel et mensonger de cette vie. Celle ci est d'ailleurs présentée sous un jour nettement critique.

II) CRITIQUE DE LA COUR, ÉLOGE DE LA VIE SIMPLE

A travers l'envoyé du Prince, Trivelin, c'est toute l'idéologie de la cour qui s'exprime. La critique qui transparaît tout au long du passage s'exprime de deux manières, par le ton de Trivelin, d'un côté, par les réactions d'Arlequin, de l'autre, qui souligne avec bon sens l'aspect superficiel et peu authentique de la vie qu'on lui propose.

a) L'attitude de Trivelin

Le messager du Prince se révèle un porte parole illustrant assez bien le milieu qu'il représente ; on trouve chez lui une certaine assurance, un paternalisme flatteur et un peu hypocrite. Ce sont là, sans doute, les caractéristiques du monde dans lequel il évolue.

L'insistance sur l'argent, la volonté de Trivelin de faire comprendre à Arlequin ce qu'il perd dénotent également la supériorité de ceux qui prétendent connaître la véritable valeur des choses, ce qu'ils expliquent avec une logique qu'ils considèrent comme imparable. La réplique de Trivelin (« Parbleu ! vos valets » , illustre assez clairement cette logique supérieure de ceux qui ont l'habitude du monde.

La critique porte non seulement sur le monde envisagé (argent, vie luxueuse), mais sur le comportement de ceux qui appartiennent à cet univers et qui ont une façon de penser et de juger que rien ne peut ébranler : si Arlequin refuse les offres de Trivelin, celui ci ne remet pas en cause les offres mais le comportement d'Arlequin, qu'il juge « étrange » de ne pas être sensible au charme du luxe

b) Le comportement d'Arlequin

La critique de la cour passe indirectement par la simplicité d'Arlequin et par la manière dont il « démystifie » les offres de l'envoyé du prince. Aux certitudes et à l'assurance il oppose un bon sens qui pourrait être destabilisateur pour Trivelin. Il représente le naturel face à l'artifice, l'ignorance face aux subterfuges et une logique simple face aux pseudo évidences de Trivelin. On peut noter à ce sujet l'affirmation : « Vous êtes trop cher » , qui est une façon plaisante de retourner la situation (Arlequin pourrait être le demandeur et être lui-même trop « cher »). On peut aussi