La précarité alimentaire

        DM STSS : LA FAIM EN FRANCE

1. La précarité alimentaire peut participer au processus d’exclusion

L’alimentation est un des déterminants majeurs de la santé, elle joue un rôle fondamental dans les questions d’identités, de lien social, familiales et d’appartenance. Ainsi il faut être attentif à la notion de précarité qui est l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. On peut donc dire que la précarité alimentaire est un facteur de risque pouvant participer au processus d’exclusion qui a pour définition la mise à l’écart de la société d’un individu ou groupe d’individus entraînant la rupture du lien social.

On peut constater que le poste alimentation se place après le poste logement et crédit et avant les dépenses de santé. On distingue une hiérarchisation des dépenses liées à l’alimentation car les enfants sont en première position puis le père ou le conjoint pour ensuite se terminer avec la prise en considération de la mère exprimant ainsi une logique « sacrificielle ».

On peut mettre en évidence différents facteurs de l’exclusion sociale mis en exergue par la précarité alimentaire.

Ainsi cette dernière va avoir des impactes néfastes sur la santé des personnes démunies, mais on peut également faire ressortir les difficultés de vivre en société et des problèmes d’éducation.

• Un impact sur la santé des personnes démunies

 La précarité alimentaire a des effets néfastes sur la santé des populations des plus démunis et peut entrainer une exclusion sociale et des inégalités qui vont faire apparaitre des disparités. Ainsi ne pas se nourrir, ne pas manger à sa faim ou même manger de façon très déséquilibrée peut avoir des conséquences graves sur la santé. En dehors du fait d’avoir faim, les personnes démunies vont être faible, sans force et souffrir de malnutrition entraînant des pathologies. Tous ses facteurs sur la santé peuvent provoquer des effets néfastes sur la santé des populations souffrant de précarité alimentaire :

• Des carences nutritionnelles dues à des apports insuffisants,
•  Des déséquilibres nutritionnels entrainant cette fois des maladies tel que l’obésité, le diabète, la boulimie, l’anorexie touchant des personnes modestes et précaires,
• Le manque de budget consacré au poste alimentaire va avoir des conséquences néfastes sur les choix et les disponibilités alimentaires.

Par conséquent être en précarité alimentaire va entrainer des problèmes de santé qui de ce fait va exclure l’individu de la vie sociale. L’impact sur la santé va encore plus fragiliser les plus démunies car face à la maladie ils vont avoir du mal à se soigner, le poste de dépense santé arrive après les dépenses alimentaires ce qui laisse présager des problèmes croissants de santé.

• Un impact sur la vie en société :

Avoir accès à l’alimentation quand on est en situation de précarité a des conséquences sur la vie sociale des individus et oblige les plus démunies à mettre en place des stratégies pour s’alimenter :

• Ils vont devoir trouver des modes d’approvisionnement en marge de notre société, par exemple la présence de glaneuse sur les marchés. En effet le manque de moyens financiers va avoir pour conséquence de trouver de la nourriture en dehors du circuit de distribution traditionnel et exclure de ce fait les personnes des lieux de d’achat commun à tous tel que la grande distribution. Cela va donc mettre en marge de la société ces personnes en situation de précarité alimentaire, ils ne vont non seulement pas pouvoir créer de lien social, comme on peut le faire en faisant ses courses. Mais elles vont également se sentir exclues, inutiles, en souffrance psychique et moral, ainsi qu’en dehors de la vie économique de cette société basée sur l’existence d’un pouvoir d’achat pour exister et être reconnue.
• Trouver des modes de stockage et de conservation des aliments. Plus de 8 millions de personnes font partie d’un foyer se déclarant en insécurité alimentaire pour des raisons financières et cela interagie également avec d’autres postes de dépense tel que le logement. Ainsi des personnes sans domicile fixe par exemple vont devoir non seulement faire face à des importants problèmes de précarité alimentaire mais également de conservation et de stockage de leurs denrées.

• La préparation des repas va être difficile, car les choix vont être restreint et l’achat de denrée va se limiter en termes de valeur nutritionnel et bienfait pour la santé. Ainsi le partage d’un bon repas cuisiné va laisser place à des produits de première nécessité, et on va privilégier les produits rassasiants. On va donc éviter les produits superflus, conviviaux (épices, cacahouète, olives) qui crées du lien, en échangeant, mais plus dangereux des produits importants dans l’équilibre alimentaire vont être rationnés car trop chère comme la viande, le poisson, les fruits et légumes. De plus les produits dits de luxes vont être supprimés (chocolat, café, fromage) mais aussi les petits plaisirs des enfants (bonbons, pâtisserie…) et pire encore le fameux gouter est sacrifié excluant plus intensément.  Par conséquent le repas ne va pas être un moment de partage mais plutôt un simple réflexe alimentaire, absence de jouissance des moments conviviaux et ce déséquilibre alimentaire va entraîner des maladies pouvant accentuer encore plus l’exclusion sociale.

On se retrouve donc due aux difficultés financières entrainant la précarité alimentaire face à une absence de valorisation à travers les activités culinaires inexistantes qui entraine inexorablement le manque d’échange et d’isolement sociale au sein même de la famille.

• L’exclusion sociale est telle que la fréquentation des restaurants demeure impossible, le poste loisir est inaccessible pour cette population en précarité alimentaire, de ce fait cela accentue davantage l’exclusion sociale, le partage en famille ou entre amis.

 La précarité alimentaire outre son impact sur la santé et la sociabilisation des plus démunis on voit apparaitre un impact fondamental sur le rôle joué par les parents touchés par la précarité alimentaire sur l’éducation des enfants.

• Un impact sur le rôle éducatif des parents.

La précarité n’épargne pas l’éducation, les parents vont se sentir coupable et ressentir un sentiment d’impuissance de part leurs difficultés financières pour assurer leur rôle. Les parents vont être touchés par la précarité et ainsi avoir du mal à nourrir convenablement leurs enfants, à les soigner le mieux possible, à les rassurer dans une société où ils se sentent exclus et surtout de leur faire plaisir.

Le sentiment de récompense est important dans notre société, ne pouvant alors pas assumer le rôle de pourvoyeur de nourriture, de sécurité, de soin et de plaisir les parents vont donc se sentir en dessous de leur rôle d’éducateur et entrer dans un cercle vicieux qui va avoir des conséquences sur les modes de socialisation alimentaire des enfants. Ils vont donc se sentir dévaloriser, coupable, ressentir de l’angoisse qui pourra non seulement entraîner des maladies tel que la dépression et l’isolement dans un système qui entrainera la dépréciation de soi et la mésestime. Les parents entrent alors dans une spirale qui met en danger leur identité, le lien social et familial.