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Management et motivation au travail - L'exemple de Red Bull Racing

Étude de cas : Management et motivation au travail - L'exemple de Red Bull Racing. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  30 Novembre 2021  •  Étude de cas  •  2 863 Mots (12 Pages)  •  628 Vues

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Sommaire :

I – Description des objectifs de Red Bull Racing et analyse du choix de management choisi par l’écurie

II – Description des liens entre management toxique et performance : le cas de Pierre Gasly

III - Pierre Gasly entre rejet et deuil

IV - Renouer avec un cadre de travail sain et sa confiance en soi

CONCLUSION

I – Description des objectifs de Red Bull Racing et analyse du choix de management choisi par l’écurie

Red Bull Racing est une écurie de Formule 1 qui a connu ses heures de gloire au début des années 2010 en remportant le championnat du monde « constructeurs » (récompensant l’écurie au global qui aura fini le championnat avec le plus de points en fin de saison) et « pilote » (récompensant le pilote qui aura engrangé le plus de points sur la saison) en 2010, 2011, 2012 et 2013 avec pour figure principale le pilote allemand Sebastian Vettel. Depuis ces quatre succès consécutifs, l’écurie cherche désespérément à renouer avec la victoire. Le problème majeur de Red Bull Racing étant de trouver un successeur de la même trempe que le pilote allemand pour gagner le championnat pilote. L’autre mission de l’écurie est de réussir à manager un « deuxième pilote » capable de suivre le « pilote n°1 » afin de récupérer le plus de points sur la saison pour décrocher le titre constructeur ; le seul titre qui est réellement valorisant pour l’écurie.

Red Bull est une écurie réputée pour son style de management extrêmement exigeant et toxique ; notamment matérialisé par l’énorme pression qu’elle a l’habitude de mettre sur ses deux pilotes. Ce style de management est extrêmement proche de celui décrit par Nicole Aubert et Vincent de Gaulejac dans le Le coût de l’excellence. En effet, les pilotes Red Bull ont pour seul objectif la performance et l’excellence. Le directeur d’écurie Christian Horner et le directeur exécutif Helmut Marko sont connus pour leur gestion tyrannique du personnel et n’hésitent pas à faire porter la responsabilité de la viabilité économique de la marque productrice de canettes en Formule 1 à ces deux pilotes. Ou plutôt depuis 2016, sur son « deuxième pilote » …

En effet, Red Bull dispose de deux écuries en F1 : Red Bull Racing Team et son écurie sœur : Alpha Tauri (anciennement Toro Rosso). L’idée derrière cette organisation particulière est de placer dans l’écurie sœur des pilotes prometteurs mais pas assez expérimentés pour gagner des titres dans l’écurie principale. Ce système peut être associé à un « système managinaire » comme décrit dans Le coût de l’excellence, car chaque pilote Alpha Tauri se voit promettre une place dans l’écurie principale si ses résultats sont excellents. Outre les fortes rivalités que ce système crée au sein de l’écurie sœur, ils impactent les performances de l’écurie au global car les pilotes ne cherchent que leur réalisation personnelle. Le retour de flamme de ce « système managinaire », beaucoup de pilotes en ont fait les frais ces dernières années. En effet, une fois l’idylle du passage chez Red Bull vécue, on demande tout de suite au jeune promu de performer et d’être au même niveau que le numéro 1.

Depuis 2016, Red Bull voit en Max Verstappen, pilote néerlandais, son « pilote-star », capable de remporter un championnat du monde s’il est correctement épaulé.

Nous analyserons alors le cas précis du pilote n°2, Pierre Gasly, particulièrement éloquent, et expliquerons par le biais d’éléments de psychologie les raisons de son échec dans cette écurie (vidéo 1).

II – Description des liens entre management toxique et performance : le cas de Pierre Gasly

En 2019, Pierre Gasly a été promu chez Red Bull Racing en provenance de Toro Rosso. Il subit alors le management par l’illusion expliqué précédemment. En effet, en tant que promu, Pierre Gasly se considère comme étant au niveau pour performer dans l’écurie principale. En réalité, il ne vient que pallier le départ de l’ancien n°2, qui ne supportait pas la concurrence exacerbée induite par les dirigeants mais surtout leur favoritisme envers Max Verstappen. Pour justifier cette évolution, ces managers le couvrent d’éloges. Ils fixent des objectifs démesurément hauts dès les premières courses et ne laissent pas au jeune pilote français le temps de s’adapter à sa nouvelle monoplace. Cette pression d’entrée de jeu et les comparaisons incessantes avec le pilote hollandais vont créer un mal-être autour de Pierre Gasly. Il développera des angoisses qui le pousseront à commettre des fautes en piste. Et voilà qu’un cercle vicieux s’est initié, faisant perdre toute confiance en soi au pilote français (vidéo 1.5)

Le « système managinaire » ne fonctionne tant que l’organisation satisfait les désirs de l’individu, or dans cette situation précise ils ne sont même pas pris en compte. Le développement de la voiture ne tourne qu’autour des réclamations de Max Verstappen. Pierre Gasly sent que son avis est ignoré. Cependant l’univers extrêmement compétitif de la Formule 1 (il n’y a que 20 pilotes dans la catégorie reine) pousse le français à prendre son mal en patience. Son inexpérience lui provoque les foudres des fans de Formule 1 allant même jusqu’à dire qu’il ne méritait pas sa place.

Tous ces éléments, plus d’ordre politique que sportifs, peuvent s’analyser et se comprendre en reprenant la théorie de l’équité d’Adams. La contribution énorme de Pierre Gasly à l’écurie en termes d’engagement, de temps et de sacrifices personnels pour s’adapter à cette nouvelle monoplace ne sont absolument pas au niveau de la rétribution offerte par son équipe ou par les fans. Ceci crée donc un déséquilibre perçu par le pilote comme une injustice avec sentiment de dépréciation. Si dans la théorie d’Adams, l’iniquité négative entraine généralement un réaménagement de ses contributions à la baisse, ici les managers de chez Red Bull profitent de la situation de compétition extrême entre les pilotes pour que Pierre Gasly continue à fournir des efforts tout en pointant du doigt ces performances insuffisantes. L’utopie promise par le « système managinaire » se retourne contre le pilote français (vidéo 2.5).

Comme Max Verstappen et son talent indéniable font de lui une personnalité que Red Bull cherche à conserver à tout prix, il devient plus facile pour les dirigeants de remplacer un numéro 2 que leur jeune prodige. Les performances de Pierre Gasly sont sans cesse comparées à celle de l’ancien numéro 2 et de l’actuel numéro 1. L’idée managériale derrière ce principe est, selon la théorie du renforcement, qu’un comportement renforcé peut amener une modification (ici on espère de meilleures performances de Pierre Gasly sous la pression). Or, lorsque que le type de renforcement choisi est celui de la punition (à travers le stimulus d’une comparaison avec son coéquipier), la réponse n’est souvent pas à la hauteur des attentes des dirigeants et est plutôt vécue comme une réprimande, réduisant ainsi à peau de chagrin la confiance en son talent chez le pilote français.

Mais si l’on cherche à aller plus loin dans l’analyse des performances du pilote n°2 de chez Red Bull, on remarque que l’obligation d’hyperperformance exigée par l’écurie n’a pas été suivie des performances espérées. Nicole Aubert dans Hyperperformance et combustion de soi associe cette exigence d’hyperfonctionnement à l’hyper-réaction. L’épuisement et le doute chez le pilote français l’ont poussé à ne plus s’en tenir à des performances moyennes mais bien à repousser encore plus ses limites et à commettre de réelles erreurs, pouvant potentiellement nuire à son intégrité physique, notamment illustrées par des crashs (vidéo 2).

Si l’on suit encore la thèse de Nicole Aubert on peut analyser ce management toxique de la part de Red Bull comme n’étant pas directement la faute des managers du pilote français. En effet, une des impasses du dépassement de soi peut être l’exigence économique selon l’auteure. Si l’on reprend la philosophie de Red Bull et que l’on questionne son engagement en Formule 1, on comprend que la Formule 1 n’est qu’une vitrine servant à faire de la publicité à une marque qui n’a aucun lien, à l’origine, avec le sport automobile. Lorsque Renault, Mercedes ou Ferrari cherchent à montrer toute leur expertise en termes de savoir-faire dans l’automobile en s’engageant dans la catégorie reine, Red Bull ne cherche qu’à augmenter les ventes de ses canettes. Et ce sport, extrêmement couteux pour l’entreprise, se doit d’être une opération financière rentable pour la firme. Finalement, cette pression indirecte plus générale compromet les bonnes performances des pilotes au sein de l’écurie par le type de management qu’elle implique et qui a brisé la carrière de nombreux jeunes pilotes talentueux ces dix dernièress années. La pression du groupe Red Bull se répercute donc sur ses directeurs d’écurie chez Red Bull Racing, qui ne font finalement que déléguer une pression

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