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Commentaire sur le Chêne et le roseau

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le parallélisme syntaxique renforce l’antithèse : « Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr ». Cette comparaison illustre la force du chêne

B) Position du roseau

* Face au long développement du chêne, le roseau n’oppose qu’une faible résistance (6 vers). Contrairement au chêne qui n’est que dans le dénigrement du roseau, ce dernier commence par une concession : le chêne a « jusqu’ici » (v.21) « résisté sans courber le dos » (v.23) aux « coups épouvantables » (v.22) des vents.

* Il apparaît plus malin que le chêne et dément ce que le chêne présente comme une vérité universelle : « les vents me sont moins qu’à vous redoutables ». Ce décasyllabe (seul vers de la fable de ce mètre) contient la réfutation intégrale de la thèse du chêne. Le roseau avance même un argument supplémentaire : « il plie mais ne rompt pas » ce qui insidieusement suggère que le chêne ne pliera pas mais rompra.

* Perfide, il feint de prendre pour de la « compassion » (diérèse qui souligne la moquerie) ce qui était pur mépris et affecte de croire que le chêne a un « bon naturel » . Ainsi le roseau évite la joute verbale : et l’humilité, la modestie, la confiance en soi et l’ironie sont ses réponses.

* Il privilégie la simplicité et répondre de manière naturelle, face au chêne qui manifestement ne l’est pas // avec le début du texte.

C) Appel de l’arbitre

* Le roseau témoigne d’une certaine habileté en ajoutant « attendons la fin » (v.24) où il signifie au chêne qu’il accepte de parier avec lui et qu’il veut bien en appeler à l’arbitrage d’une force susceptible de les départager.

* Cette force est introduite depuis bien longtemps : le vent (v.4) la tempête (v.9) l’aquilon et le zéphyr (v.10) ainsi que l’orage, le vent, les vents (v.20) et leurs coups épouvantables (v.22). Le vent est leur principal sujet de conversation, son apparition est donc préparée.

Nous venons d’analyser tout ce qui fait l’intérêt de ce récit chargé de suspense, on pourrait dire de cette « joute verbale ». Essayons de voir dès à présent si derrière le poème, il n’y a pas de message ou de leçon transmise ?

II. Présence discrète du narrateur.

A) Retournement de situation et issue tragique du combat.

* Le combat démarre dès l’arrivée du vent, lequel apparaît pour la circonstance sous une forme redoutable : c’est « le plus terrible des enfants/ que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs, autrement dit c’est un cyclone, un ouragan.

* La symétrie du vers 28 crée un effet de suspense en réservant quatre syllabes pour chaque concurrent : « l’arbre tient bon, le roseau plie » asyndète. Comme aucun des deux n’emporte le combat, le vent se fait plus violent : « redouble ses efforts » (v.29).

* Le duel se termine en faveur du roseau que sa souplesse a sauvé mais son succès n’est possible que par la mort du chêne, ce qui confère à la fable un caractère tragique : dans cette tragédie le rôle de la fatalité a été joué par le personnage du vent.

B) Metteur en scène habile

* Jean de la Fontaine n’est pas ici un reporter neutre, il possède un rôle de metteur en scène : tout d’abord le récit est rendu vivant par le rythme des octosyllabes et des alexandrins, coupé par les enjambements.

* Il dramatise l’ampleur du combat par l’utilisation de périphrases emphatiques : « le plus terrible des enfants… » ainsi que la puissance du chêne « celui de qui la tête au ciel était voisine », et met ainsi aux prises des colosses surhumains.

* La phrase où toute l’action est concentrée, celle où le chêne et le roseau luttent contre le vent, est rapportée au présent de narration pour donner plus de vie à l’action. On peut rapprocher par ailleurs l’ironie du roseau, de celle du fabuliste dans la phrase sarcastique : « mais attendons la fin » où auteur et personnage semblent se confondre.

C) Poète et moraliste

* Les classiques voulaient « instruire et plaire », c’est pourquoi on observe dans cette fable de nombreux « outils poétiques ». Les symétries comme dans le vers 10 ou le vers 28, les inversions : « mon front au Caucase pareil », les métaphores : « sur les humides bords des royaumes du vent » et la musicalité : allitération en [k] et [r] « contre leurs coups épouvantables/ résisté sans courber le dos » (évocation des bourrasques) sont autant de moyens d’accaparer l’attention du lecteur, afin de lui transmettre une morale.

* L’alternance des octosyllabes et des alexandrins introduit de la variété dans les tempos et les rythmes. L’unique décasyllabe met en évidence une donnée qui sera prophétique : « les vents me sont moins qu’à vous redoutables ». Quant à la diérèse de com-pa-ssi-on elle attire l’attention sur l’ironie du roseau.

* En dépit de l’absence de moralité explicite, le narrateur est aussi un moraliste.

* Dans le titre : l’article défini singulier « le » confère aux deux personnages une valeur générale allégorique : la Fontaine, qui a observé les hommes, prête au chêne et au roseau des comportements humains.

III. Portée de la fable

A) Lecture sociale et psychologique

* Le vers 6 « vous oblige à baisser la tête » s’oppose trop au vers 7 « cependant que mon front, au Caucase pareil » pour qu’on ne puisse voir dans les deux végétaux personnifiés de la fable, la mise en scène symbolique de deux groupes sociaux que tout oppose : les puissants et les misérables. (=ne pas fier aux apparences).

* On a vu le roseau esquiver habilement le conflit : il y a peut-être là un conseil glissé par le fabuliste à ceux qui sont en bas de l’échelle sociale : restez humbles et modestes : rien ne sert de braver les plus puissants.

* Ceux qui se vantent de ne jamais courber le dos et de toujours résister sont les plus fragiles : ne jouez pas au grand sinon vous serez trahi par ce que vous avez de petit : les forts ont aussi leurs faiblesses.

* Mieux vaut être modeste qu’arrogant, conciliant que rigide, humble que satisfait et sûr de soi ; soyons pragmatiques. Il vaut mieux s’avoir s’adapter que de se crisper et de s’entêter devant plus fort que soi.

B) Lecture philosophique

* La Nature est sacrée : le chêne en a fait la triste expérience, remettre sa justice en cause a provoqué sa perte .

* Enfreindre les lois de la Nature est vain et imprudent. Acceptons-nous tels que la nature nous a faits.

C) Lecture politique

* // mésaventure du chêne avec celle du surintendant Fouquet, embastillé pour avoir tenu tête au roi.

* Ainsi, La Fontaine serait le roseau, habile à trouver des formules où la critique est dissimulée, des moyens de dire les choses qui fâcheraient le souverain, des récits d’apparence anodins qui révèlent une observation des hommes sans complaisance.

Conclusion :

* Ainsi « le Chêne est le roseau » est plus qu’un poème, c’est un récit à visée didactique et morale, conformément au genre de la fable, mais aussi à la doctrine des classiques : instruire et plaire. Pour Esope dont s’inspire la Fontaine le récit illustrait la morale, se mettait à son service.

* On voit bien qu’ici le poète la Fontaine a pris le dessus (son côté Maître des Eaux et Forêts), que la parole est donnée à la seule Nature pour le plus grand plaisir des lecteurs dont la liberté d’interprétation est intacte.

* On peut rapprocher ce texte de la fable d’Esope « le roseau et l’olivier dont s’est inspiré La Fontaine.

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LE ROSEAU ET L’OLIVIER

Le roseau et l’olivier disputaient de leur endurance, de leur force, de leur fermeté. L’olivier reprochait au roseau son

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