Explication de Texte - Aristote, Métaphysique
Commentaire de texte : Explication de Texte - Aristote, Métaphysique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Aurel6475 • 27 Novembre 2022 • Commentaire de texte • 1 552 Mots (7 Pages) • 1 404 Vues
Aurélien Ithurbide - T6
Aristote Métaphysique
Explication de texte
“Ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début, ce furent les difficultés les plus apparentes qui les frappèrent, puis, s'avançant ainsi peu à peu, ils cherchèrent à résoudre des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des Étoiles, enfin la genèse de l'Univers. Apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance (et c'est pourquoi aimer les mythes est, en quelque manière se montrer philosophe, car le mythe est composé de merveilleux). Ainsi donc, si ce fut pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, il est clair qu’ils poursuivaient la science en vue de connaître et non pour une fin utilitaire. Ce qui s'est passé en réalité en fournit la preuve : presque tous les arts qui s’appliquent aux nécessités, et ceux qui s’intéressent au bien-être et à l’agrément de la vie, étaient déjà connus, quand on commença à rechercher une discipline de ce genre. Il est donc évident que nous n'avons en vue, dans la philosophie, aucun intérêt étranger. Mais, de même que nous appelons homme libre celui qui est à lui-même sa fin et n'est pas la fin d’autrui, ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre, car seule est sa propre fin.”
Aristote, Métaphysique - Livre IV
“Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien”. Cette phrase de Socrate ramène aux prémices de la philosophie, l'acceptation de l’ignorance qui permet à celui qui décide de remettre en cause ses connaissances et d’en acquérir de nouvelles, grâce à la réflexion, la philosophie.
Ce texte présente l’homme comme un être curieux, s’étonnant de tout afin de mieux comprendre son environnement. Une curiosité initiée par les “premiers penseurs”, qui éprouvaient le besoin de connaître ainsi que de comprendre le monde dans lequel ils vivaient. Or, les “premiers penseurs” ne correspondent pas aux premiers hommes, mais bien à ceux qui, une fois toutes les connaissances relatives à leurs besoins acquises, ont su se tourner vers une réflexion plus spirituelle que matérielle. Cette création qui semble tardive de la philosophie par l’homme s’explique notamment par la nature de la philosophie, car celle-ci ne répond effectivement à aucun de nos besoins essentiels et n’a pas de fin “utilitaire” pour l’être humain. Le texte porte donc sur la question de savoir pourquoi l’homme étudie la philosophie si celle-ci ne satisfait pas ses besoins et n’a pas de fin ? C’est en s’interrogeant sur ce qu’est la philosophie, sur la nature de cette discipline et ses prémices, qu’Aristote cherche à répondre à cette question. Dans ce texte, Aristote s’inscrit dans la lignée de celui dont il a été le disciple pour donner sa définition de la philosophie. En effet, comme Platon, l’auteur reprend l’idée selon laquelle l’étonnement est aux origines de la connaissance et revient aussi à l’étymologie du mot pour le définir comme l’amour (philein en grec) de la sagesse et du savoir (sophia en grec). Il décrit la philosophie comme une observation sans réelle fin “utilitaire” du monde ne répondant pas aux besoins essentiels de l’homme mais semblant être une nécessité à son développement car cette contemplation féconde apporte une certaine liberté à celui qui sait en faire usage.
Dans un premier temps, Aristote revient sur les prémices de l’étonnement comme fondement essentiel de la philosophie ayant permis aux “premiers penseurs” d’avancer dans leur réflexion. La deuxième partie s’attache elle davantage au sens étymologique du terme et dépeint la philosophie comme une science sans nécessité réelle ne reposant que sur une contemplation libre de tout ce qui nous entoure faite par amour du savoir, de la sagesse.
L’étonnement sur le plan de la perception
L’étonnement peut être perçu de multiples manières. L’étonnement se résume essentiellement à une situation dans laquelle on est amené à se trouver devant quelque chose d'inattendu, que l’on ne connaît pas, à faire face à quelque chose que l’on ne comprend pas. Sur le plan philosophique, l’étonnement consiste plutôt à remettre en cause ses propres connaissances, à “reconnaître sa propre ignorance”. Pour cela, il faut apprendre à se poser des questions sur ce que l’on est amené à découvrir ou bien même sur des choses ordinaires auxquelles chaque homme ne prêtera pas attention au premier abord.
Dans le texte, l’étonnement nous est présenté comme l’origine de la connaissance, de la sagesse philosophique, comme l’élément “qui poussa (..) les penseurs aux spéculations philosophiques”. Aristote présente ici l’esprit philosophique qui consiste à s’étonner de tout, à approfondir tout ce qui entoure celui qui pense. L’étonnement constant permet au philosophe de repousser les limites de la philosophie à chaque nouvelle question. Toutefois, pour se poser les bonnes questions, le philosophe se doit de prendre du recul sur ce qu’il n’a pas pris le temps de réellement comprendre, pour s’en étonner afin d’ensuite mieux s’y intéresser. L’étonnement perçu par le philosophe est ainsi ce qui lui permet de dépasser les simples observations du monde sensible, et d’être à l’origine d’une réflexion d’ordre philosophique, qui échappe à celui qui se concentre sur la résolution de problèmes purement techniques et utilitaires.
La logique des premiers penseurs
Dans ce texte, Aristote présente une certaine classification dans la recherche de réponses de l’homme. L’utilisation du terme “premiers penseurs” illustre bien le propos d’Aristote : il ne parle pas des premiers hommes en tant que tels, mais de ceux qui ont usé les premiers de leur pensée pour philosopher. Il présente dans une phrase l’apparition de la philosophie comme quelque chose étant arrivé dans la pensée des hommes seulement après que tout ce qui était considéré comme utile, c’est-à-dire tout ce qui concerne les “nécessités”, le “bien-être” et “l’agrément de la vie” soient “déjà connus”. Ce n’est donc qu’une fois que tout ce qui était essentiel aux besoins des hommes était acquis que les “premiers penseurs” sont apparus et se sont intéressés à ce qu’ils ignoraient mais qui n’était jusqu’alors pas considérés comme nécessaire à l’être humain.
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