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« La liberté consiste d'abord à ne pas mentir. Là où le mensonge prolifère, la tyrannie s'annonce ou se perpétue. » - Albert Camus, "Servitude de la haine", Actuelle II. Écrits politiques

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Par   •  16 Juillet 2024  •  Dissertation  •  2 316 Mots (10 Pages)  •  60 Vues

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« La liberté consiste d'abord à ne pas mentir. Là où le mensonge prolifère, la tyrannie s'annonce ou se perpétue. » - Albert Camus, "Servitude de la haine", Actuelle II. Écrits politiques

                                 « Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez. » Citation de Hannah Arendt, extraite d'un entretien de 1974, avec l'écrivain français Roger Errera sur la question du totalitarisme. A première vue, la liberté consiste à pouvoir exercer sa volonté. La liberté est aussi la possibilité de choisir ce qui est bien. Sans la liberté, il n'y aurait pas de moralité dans les actions humaines. Pour Albert Camus, la liberté est intimement liée à la notion de vérité. En s'opposant au mensonge, Camus met en lumière le fait que "faire croire" quelque chose qui n'est pas vrai, altérer la vérité ainsi que dissimuler, déguiser des faits, compromet la liberté et la dignité humaine. Cela rejoint la thèse défendue par Hannah Arendt lors de son entretien. Tous les deux insistent sur le fait que la vérité est essentielle pour maintenir des sociétés libres et justes, pour eux la liberté est incompatible avec le mensonge. La liberté, c’est donc la possibilité de choisir la vérité comme principe moral. Cependant, la liberté reste un idéal, un absolu. Tout homme désire être libre, mais ce désir se heurte sans cesse à des obstacles, que sont par exemple les libertés d’autrui, les lois, mais aussi la domination usurpée et illégale exercée par un tyran. Un gouvernement légitime, mais injuste et cruel dans lequel s’exerce toutes sortes d'oppressions et violences ne permet pas l’existence des libertés individuelles et collectives. Dans cette situation, le mensonge peut être perçu comme un outil de résistance et de survie. Lorsque la vérité est dangereuse ou censurée, le mensonge peut offrir une voie d'échappatoire, permettant aux individus de préserver leur liberté d'expression et d'action. Par exemple, dans des régimes autoritaires où la dissidence est sévèrement réprimée, le mensonge peut être utilisé comme une stratégie de survie pour échapper à la surveillance et à la répression du gouvernement. Le mensonge est donc utile et libérateur.

Mensonge et liberté sont-ils inconciliables ?

Certes, une société qui revendique la liberté doit impérativement fonder ses valeurs sur des principes moraux, ce qui ne correspond pas à notre définition du mensonge. Mais le mensonge n’est pas pour autant un frein à cette liberté, et peut même l’engendrer. Dès lors, la quête de la liberté se fait avant tout dans la morale et dans l’intériorité.

                                    Tout d’abord, le mensonge est instrument principal de la tyrannie, il ne peut mener qu’à des situations injustes, dénuées de moralité, dans lesquelles règnent la terreur et l’oppression, c’est-à-dire dans lesquelles les libertés sont restreintes. Le mensonge permet de perpétuer la tyrannie. Hannah Arendt explore la manière dont le mensonge en politique peut compromettre la liberté et la démocratie. Elle illustre son propos avec la manipulation de la vérité par les régimes totalitaires du XXe siècle, tels que le nazisme et le stalinisme. Ces régimes ont utilisé le mensonge comme un outil de propagande pour contrôler l'opinion publique, réprimer l'opposition et maintenir leur pouvoir. Ce mensonge généralisé a affaibli la confiance du peuple dans les institutions démocratiques et a restreint sa liberté de pensée et d'action. Ainsi, l'exemple des régimes totalitaires souligne comment le mensonge en politique peut conduire à la tyrannie en étouffant la liberté de la société. De manière analogue, dans Lorenzaccio, le duc règne sur Florence grâce à un système de tromperies, de manipulations et de mensonges, maintenant ainsi son emprise tyrannique sur la ville. Alexandre de Médicis utilise le mensonge comme un outil pour maintenir son pouvoir et opprimer le peuple florentin. Il dissimule ses véritables intentions derrière des promesses creuses et des discours trompeurs, manipulant ainsi les citoyens pour qu'ils restent soumis à son autorité. Par exemple, le duc peut promettre des réformes ou des améliorations pour le peuple, tout en planifiant secrètement des actions qui servent ses intérêts personnels et renforcent sa propre position de pouvoir. « Les familles florentines ont beau crier, le peuple et les marchands ont beau dire, les Médicis gouvernent au moyen de leur garnison ; ils nous dévorent comme une excroissance vénéneuse dévore un estomac malade. » (I,2 ; L’orfèvre au Marchand). Les mensonges perpétrés dans le roman de Pierre Choderlos de Laclos compromettent la liberté des personnages en les entraînant dans un réseau complexe de manipulation et de tromperie. La marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont manipulent et trompent constamment les autres personnages pour servir leurs propres intérêts. Par exemple, Valmont feint des sentiments amoureux envers Madame de Tourvel dans le but de la séduire et de la conquérir, tout en sachant qu'il ne ressent aucun véritable amour pour elle. Ce mensonge compromet la liberté de Madame de Tourvel à prendre des décisions éclairées sur ses relations, la plongeant dans une situation où elle est manipulée et contrôlée par les faux sentiments de Valmont. Par conséquent, le mensonge dans cette relation crée un déséquilibre de pouvoir qui limite la liberté de Madame de Tourvel et la soumet à la volonté de Valmont, qui en est le tyran. « Vous méprisez l’amitié ; et dans votre folle ivresse, comptant pour rien les malheurs et la honte, vous ne cherchez que des plaisirs et des victimes. » (Lettre 78).

                                    Cependant, le mensonge n’est pas forcément mauvais, on distingue différentes sortes de mensonges, notamment le mensonge utile. Le mensonge peut parfois servir le bien moral. Il est possible de mettre le mensonge au service de la vérité. Dans Lorenzaccio, Lorenzo, le protagoniste, utilise le mensonge comme une arme subtile pour combattre la tyrannie qui sévit à Florence. Lorenzo feint d'être un homme ambitieux et avide de pouvoir pour gagner la confiance du duc Alexandre de Médicis. Il se présente devant le duc Alexandre sous les traits d'un homme avide de reconnaissance et de faveurs, exprimant des ambitions de grandeur et de renommée. Par ce stratagème, il réussit à gagner la confiance du duc, qui, le croyant allié, lui ouvre les portes de sa cour. Son véritable objectif est de se rapprocher du duc pour le tuer et ainsi libérer Florence de sa tyrannie oppressive. Par conséquent, cet exemple met en lumière comment le mensonge peut être un outil de résistance contre la tyrannie, permettant aux individus de lutter contre l'oppression en utilisant les armes de l'ennemi contre lui-même. « Je voulais agir seul, sans le secours d’aucun homme. Je travaillais pour l’humanité » (III, 3 ; Lorenzo à Philippe ». Dans le roman de Pierre Choderlos de Laclos, Cécile est soumise aux attentes et aux contraintes imposées par sa famille et par la société aristocratique. Elle est fiancée à Gercourt, selon les désirs de sa mère, et est élevée dans l'idée qu'elle doit obéir aux ordres de ses parents et se conformer aux normes sociales établies. Cependant, lorsque Cécile rencontre le chevalier Danceny, elle tombe amoureuse de lui et remet en question les attentes qui pèsent sur elle. Pour préserver sa liberté d'aimer et de choisir son propre destin, Cécile utilise le mensonge comme un moyen de contourner les obstacles qui se dressent sur son chemin. Par exemple, Cécile ment à sa mère et à Valmont sur la nature de sa relation avec Danceny, dissimulant ainsi ses véritables sentiments et ses actions pour éviter les conséquences désastreuses que pourraient entraîner la découverte de son amour interdit. Ce mensonge lui permet de continuer à voir Danceny en secret et à poursuivre leur relation, malgré les restrictions imposées par sa famille et par la société. Ainsi, le mensonge devient pour Cécile un moyen de protéger sa liberté individuelle et de préserver son bonheur face aux contraintes sociales et familiales qui pèsent sur elle, et en refusant de se plier aux normes oppressives de la société aristocratique. Dans Du Mensonge en Politique, Hannah Arendt explique comment les Etats-Unis ont choisi de dissimuler des informations sensibles sur les opérations militaires ou sur l'ampleur des pertes afin de maintenir la cohésion nationale et de prévenir les fuites d'informations à l'ennemi. Cette utilisation stratégique du mensonge peut être justifiée comme un moyen de protéger la sécurité nationale et de préserver la confiance du public dans le gouvernement, même si elle implique de ne pas divulguer toute la vérité. Dans ce cas, le mensonge est utilisé comme un moyen de gérer la crise et de garantir la stabilité sociale, en mettant l'accent sur la protection des intérêts collectifs plutôt que sur la transparence totale. Cet exemple met en lumière comment le mensonge peut être utilisé de manière pragmatique et constructive dans la sphère politique pour protéger les intérêts collectifs et préserver la paix sociale, soulignant la tension entre les impératifs de la sécurité nationale et les principes de transparence et de responsabilité démocratique.

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