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Lecture Méthodique, Le Mariage De Figaro, Scène 10, Acte I

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avait promis d'abolir le droit du seigneur. Figaro insiste avec lourdeur sur la « sagesse » (1.7) du Comte et sur « la pureté de ses intentions » (1.10). Suzanne l'aide en vantant hypocritement la « vertu »(1.21) de celui qui vient d' essayer de la séduire. La Comtesse l'aide aussi en vantant ironiquement la fidélité de son mari avec l'utilisation d'un imparfait révélateur : « l'amour charmant que vous aviez pour moi»

Ce dernier sent d'ailleurs la pique et rectifïeaussitôt en mettant le verbe au présent: « Que j'ai toujours » (1.26). Les conspirateurs composent le portrait de l'image que le Comte veut donner : bon seigneur et bon mari, mais en réalité c'est un véritable contre-portrait, un reflet inverse de sa vraie nature. L'auteur, par la négative, nous montre son vrai visage: menteur, cupide, arbitraire et volage... Figaro se sert habilement de l'assemblée nombreuse et des symboles. Le valet en bon meneur du peuple sait utiliser ce dernier qui est constitué par les vassaux réunis pour agir avec poids sur le comte. Quand celui-ci débute une tirade embarrassée (1.13,14) pour essayer de se sortir de cette embuscade, le serviteur n'hésite pas à lui couper la parole pour faire appel à la foule : « Joignez- vous à moi, mes amis» (1.15). Ce plan fonctionne si bien que spontanément, elle intervient une seconde fois : « Vivat »(1.28). Le valet n'a même plus besoin de les solliciter . Complices inconscients et involontaires de Figaro, les vassaux, croyant rendre hommage à un maître intègre et juste, accablent un fourbe pris au piège. Cependant si l'on s'aperçoit que Figaro connaît le pouvoir des mots, il ne néglige pas pour autant celui des symboles. Au début de cette scène nous voyons Figaro « tenant une toque de femme garnie de plumes blanches et de rubans blancs» . C'est cette « toque virginale » (1.9) qu'il demande au Comte d'offrir à Suzanne. Par ce geste symbolique, le Comte renoncera sollennellement à toute prétention sur ses servantes .Pourquoi, alors qu'il y a déjà renoncé auparavant ? Figaro connaît le poids des rites et des symboles dans la vie d'une collectivité et il sait qu'ils accroissent la portée des mots... Il choisit aussi le blanc , symbole de pureté et tient « Suzanne par la main » dans un geste lui aussi symbolique du futur mariage . Il montre au Comte sans en avoir l'air que Suzanne lui appartient... L'ironie n'est pas absente de ce passage,avec la Comtesse mais aussi de manière moins explicite avec Suzanne et Figaro. L'emploi de l'hyperbole « un éloge que vous méritez bien »( L.17)donne à la servante une supériorité évidente car elle peut révéler la vérité quand elle le désirera. Figaro, lui plus acerbe encore, jubile en insistant sur les charmes de Suzanne (1.19,20) et sur le sacrifice énorme consenti par le Comte.

II) Le Comte pris au piège :

On imagine bien les sentiments qui troublent le Comte dans cet extrait. Furieux mais impuissant, il résiste d'abord maladroitement, puis paraît se rendre en acceptant sa défaite: « c'est à ce titre que je me rends »(1.26,27) dit-il à son épouse. Mais on sait bien qu'un personnage aussi orgueilleux et sanguin ne va pas s'avouer vaincu aussi vite. Dans un dernier sursaut, à la fin du passage, il reprend l'initiative en préparant un nouveau plan. Figaro mise sur la comédie du despote éclairé que joue son maître, dest là sa faiblesse, car s'il agissait en public en brute tyrannique, sans souci de son image, le stratagème du valet ne marcherait pas . Mais nous sommes au XVHIème siècle et le Comte veut apparaître comme le modèle

du despote éclairé vanté par Voltaire et Diderot. Comme nous le verrons dans le procès de l'Acte III, il veut se présenter comme le garant du droit. Dans la théorie du "despotisme éclairé",le chef politique n'use de sa force que pour faire respecter la volonté générale et la morale publique. C'est la raison pour laquelle le Comte refuse tout éloge pour avoir aboli "un droit honteux". Accepter d'être glorifié pour cela reviendrait à admettre qu'un "noble Castillan" ne vaut guère mieux qu'un "Vandale" d'autrefois.

Mais le Comte veut donner de lui également l'image d'un noble galant et chevaleresque, il joue aussi la comédie du chevalier idéal? C'est l'héritage plus souriant de la culture aristocratique sous l'Ancien Régime. A coté de la guerre, de la loi et de l'administration, un noble est également un homme du monde qui aime les femme et les plaisirs. Le Comte veut bien correspondre à ce role mais sans pour autant encourir le reproche d'être un vil séducteur. dans sa première réplique, il affirme qu'il est normal " de vouloir conquérir la beauté par les soins", donc en utilisant les procédés honnetes et raffinés de la séduction : le charme, la galanterie vis à vis des femmes.

Il sent bien que ce plaidoyer risque d'attirer sur lui des soupçons. C'est la raison pour laquelle il neutralise cette image galante et la rend inoffensive, à la fin du passage étudié, en l'enferment dans le cadre du mariage. La déclaration d'amour à la Comtesse préserve à la fois son image de chevalier galant et de bon époux et il garde son prestige moral auprès de ses vassaux.

Cependant, comme il est loin d'être un sot, il n'est pas dupe de la situation. et Figaro a du mérite à le tromper, son intelligence d'homme du peuple est ainsi mise en valeur. Le Comte n'est à aucun moment dupe, dès le début quand il s'écrie : « Tu te moques , ami »( 1.1), la formule est à double sens. Il veut surtout dire à FUnoxo qu'il comprend sa mauvaise foi. Ainsi, il affirme de manière claire dans un aparté, que « c'est un jeu que tout ceci » (1.22). D'ailleurs, la moitié des répliques du Comte sont prononcées « à part ». Ce procédé dramarurgique permet à Beaumarchais d'insister sur la différence

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