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Commentaire, les jugements remarque 11

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n relief, elle est différente et à part des autres animaux. On retrouve une idée de relation de supériorité et de hiérarchie entre les animaux et l'humanité. Il s'agit en effet d'un véritable scandale pour La Bruyère que la confusion des espèces humaines et animales qui abolit l'attribut spirituel qui distingue précisément l'humanité de l'animalité. Il utilise d'ailleurs à plusieurs reprises le topoï du rabaissement animal pour décrire les égarements de la société. On retrouvera notamment cela dans la remarque 103 de ce même chapitre ainsi que dans différents portraits théâtraux visant à animaliser le sujet pour en critiquer les vices.

On retrouve dans les deux subordonnées qui suivent la reprise anaphorique du « si » hypothétique qui marque bien le fait que l'auteur fait des suppositions participant à la rhétorique du texte.

Le mot « hommes » est placé en tant que sujet du verbe « être » ainsi qu'en attribut du sujet après ce même verbe. Ici, le terme « d'hommes » est au pluriel, il sera repris le plus souvent par le pronom à la troisième personne du pluriel « ils » qui donne un caractère universel à ces hommes, ce qui prouve que La Bruyère parle des hommes en général, de toute l'humanité.

La Bruyère propose un questionnement sur toutes les institutions créées par l'homme notamment dans le domaine de la justice avec un champs lexical appartenant au vocabulaire du droit, tel que le terme de « lois » l.4 repris également à la l.9.

Mais on remarque aussi, un rythme ternaire « les lois, leurs textes, et le prodigieux accablement de leurs commentaires. » suivi de « le pétitoire », « le possessoire » « et tout ce que l'on appelle jurisprudence ». Ce rythme ternaire donne une impression de progression dans l'énumération des termes, le troisième terme indiquant un dépassement du conflit entre les deux premiers.

On retrouve un semblant d'oxymore dans l'expression « prodigieux accablement » qui semble mettre en garde contre une justice et des jugements admirables en apparences mais pouvant se révéler ridicules d'autant qu'il n'y a pas forcément relation de cause à effet entre la faute et le jugement. On retrouve, ici, le motif de la différence entre l'être et le paraître cher à La Bruyère dans l'ensemble des Caractères.

De plus, le fait que la justice ait été inventée par les hommes pour les hommes découle uniquement de leur manque de droiture. Les questions rhétoriques avec le verbe « devenir » dans l'expression « que deviennent ... » reprise deux fois consécutives amènent la réponse « rien » dans l'esprit du lecteur. En effet, si les hommes étaient justes et impartiaux toutes ces institutions ne seraient pas nécessaires.

Ces noms appartenant au domaine de la justice font partis d'un jargon spécifique du domaine du droit, tel que le « pétitoire » étant une réclamation présentée aux tribunaux pour la propriété d'une chose, en opposition avec le « possessoire » étant une réclamation pour demander la jouissance d'une chose. On peut remarquer que ces mots sont écrits en italique, cela peut être important à souligner car chez La Bruyère l'italique sert le plus souvent à évoquer des termes ou des expressions douteuses. Le terme de « jurisprudence » étant une source du droit qui désigne l'ensemble des décisions de justice relatives à une question juridique donnée. Cela est également une création de l'homme qui serait inutile si les hommes avaient plus de sagesse. Cela participe à la remise en question de la justice et des lois tels qu'ils sont car les hommes se font justices eux mêmes.

L'idée sur les choses superficielles inventées par l'homme se poursuit alors dans la remarque. On s'aperçoit que cela naît de son orgueil, illustré par les expressions « tout leur relief » et « toute leur enflure » de la phrase suivante, l. 7-8. On retrouve notamment cette idée de gonflement illustrant l'orgueil de l'humanité dans la remarque 7 de ce même chapitre « avec tout l'orgueil dont nous sommes gonflé... ».

Dans la phrase suivante, on retrouve une fois de plus, un rythme ternaire, opposant d'une part des qualités telles que « la droiture » et « la sincérité », ainsi que le fait d'être « guéris de la prévention », et d'autres part « les disputes de l'école », « la scolastique » et « les controverses » c'est à dire des discussions argumentées engendrées par l'expression d'une différence d'opinion ou d'une critique quant à un problème, un phénomène ou un état de choses. Cela ne devrait pas existait suivant les hypothèses précédentes, ce qui affirment alors que les hommes manquent encore une fois de sagesse. Ce motif de la dispute nous renvoie notamment à la parodie visant la critique de la dispute chez Rabelais dans Pantagruel.

La phrase suivante est construite elle aussi sur un rythme ternaire de termes évoquant des qualités « tempérants, chastes et modérés » précédés encore une fois d'un « si » hypothétique qui visent à montrer par le biais de la question rhétorique que les hommes sont dépourvus de ces qualités là.

Le « jargon mystérieux de la médecine » évoqué directement après est un thème que l'on trouve notamment à la remarque 5 du même chapitre. Ce jargon est utilisé pour impressionner les autres hommes qui ne sont pas en mesure de le parler, il participe à l'illusion d'une érudition des médecins mais cela n'est qu'un leurre. Le jargon ne sert qu'à affirmer l'orgueil des hommes faux savants et l'admiration des autres éblouis simplement par des mots ou des attitudes. On retrouve une fois de plus l'idée que le paraître compte plus que l'être pour l'humanité alors que ce devrait être le contraire qui prime.

On retrouve ce motif du jargon chez Rabelais notamment dans Pantagruel. Le chapitre XIII de Pantagruel, s'intitulant « Comment un grand clerc d'Angleterre voulut débattre contre Pantagruel et fut vaincu par Panurge. » où Panurge usent de mimiques totalement grotesques pour parodier les faux savants qui se présentent en temps qu'érudits avec des gestes ridicules et un jargon incompréhensible. Plus on ne comprend rien, plus on est qualifier comme savant. Rabelais se moquait notamment du jargon incompréhensible des hommes de lois et des médecins, ce que l'on retrouve ici un peu plus d'un siècle plus tard chez La Bruyère qui blâme, lui aussi, le pédantisme, la prétention des hommes qui ne reposent uniquement que sur des faux semblants.

On assiste en réalité à la parade de solitaires incapables de communiquer entre eux, repliés sur leurs idées fixes et leurs vices. Cet égocentrisme absurde concerne les esprits pseudo-savants qui sont malheureusement enfermés dans leurs spécialité et n'accorde pas la moindre estime aux travaux des autres et ne se rendent pas accessibles à la société.

On trouve de plus, un vocabulaire de la médecine qui rythme toute la remarque avec les termes de « guéris » l.10, « médecine » l.13, « légistes », « docteurs », « médecins » l.15, « remèdes » l.22, « maux » l.22… qui démontrent que les vices sont perçus par La Bruyère comme une sorte de maladie que seule la sagesse peut guérir, pourtant les hommes semblent se tromper de remèdes en mettant toutes leurs croyances dans des choses qui ne seraient pas nécessaires s'ils faisaient preuve de sagesse. En effet, cela est renforcé aux lignes 15-16, lorsque La Bruyère évoque la chute des « médecins » face à l’acquisition de la sagesse des hommes. Cela prouve que ce n'est pas les médecins qui ont le secret du remède contre les vices, mais bel et bien la sagesse qui est le remède à tous maux. Le blâme de la science et l'art de la médecine sera repris aux lignes 22-23.

On remarque également que pour la première fois ligne 16, l'auteur s'englobe lui même ainsi que le lecteur dans cette humanité avec le pronom « nous » qu'il oppose au pronom « vous » désignant les médecins, légistes et docteurs.

Les locutions adverbiales « De combien » et « A quel point » donne un effet hyperbolique aux deux phrases suivantes, un effet renforcer par la modalité exclamative.

Les arts et les sciences ne devraient pas être nécessaires si les hommes n'étaient pas sujet aux vices.

Beaucoup de choses ont été créent par les vices de l'homme et qui ne sont absolument pas nécessaire à la vie telle qu'elle devrait l'être pour être une vie sage. Si les hommes savaient canaliser leur vices et avoir un minimum de sagesse. Cela est avancer par le fait que la malice, étant un vice, est l'unique cause de cela. Le déterminant possessif « notre » montre que l'auteur ne s'exclue pas du reste de l'humanité, cela donne un effet de complicité avec le lecteur amené comme l'auteur lui même à se remettre en question, comme tout le reste de l'humanité.

On retrouve dans cette dernière partie de la remarque, deux occurrences du nom « Varron ». Varron était un écrivain et un savant romain qui devient responsable de l'organisation des premières

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