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Lecture Analytique "La Mort d'Emme" Madame Bovary

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la description de cette scène, le narrateur mettant en évidence les symptômes physiques d’Emma, de façon détaillée et expressive : il donne à voir le parcours de la protagoniste vers la mort. Les propositions « Sa poitrine aussitôt se mit haleter », « ses yeux, en roulant, pâlissaient », « L’effrayante accélération de ses côtes », donnent à voir des manifestations très précises du déclin physique d’Emma, le narrateur n’omettant pas les détails les plus crus, ce qui est une des caractéristiques de l’écriture réaliste. Le lecteur assiste donc à la perte de contrôle du corps d’Emma, ce qui provoque chez lui un effet de panique proche de celui que ressentent les spectateurs de cette agonie. De plus, l’emploi du pronom personnel indéfini « on » donne l’impression au lecteur de participer à cet événement. Ainsi, à la lecture de la phrase « on entendit sur le trottoir un bruit de gros sabots », le lecteur a l’impression de faire partie de ce « on » Cette phrase a été déplacée, car tu l’avait mise dans le II, mais c’est un argument mettant en évidence le réalisme du récit de l’agonie. La phrase « elle n’existait plus » marque une ellipse, puisque le narrateur se place au moment suivant immédiatement l’instant où Emma est morte ; il n’y a pas de description à proprement parler du moment précis où Emma passe de la vie à la mort, ce qui provoque un effet de soudaineté, de brutalité de cette mort, qui a eu lieu sans que personne ne s’en aperçoive.

Le réalisme du récit de la mort d’Emma n’empêche pas cependant que cette mort soit perçue comme étant tragique. Emma apparaît en effet une femme maudite : tandis qu’elle agonise, l’Aveugle, personnage qu’elle croisait lorsqu’elle se rendait à Rouen rejoindre Léon, et qui l’a toujours effrayée, revient dans son environnement, sa présence se manifestant par sa chanson. Le choc provoqué par cette présence est traduit par la réaction extrêmement violente d’Emma, qui « se releva comme un cadavre que l’on galvanise, les cheveux dénoués, la prunelle fixe, béante. » La comparaison symbolique avec un cadavre galvanisé, ainsi que la description de l’aspect physique d’Emma et de sa physionomie expriment la terreur extrême ressentie par l’héroïne, qui, en entendant l’Aveugle, est ramenée à son passé. La chanson de L’aveugle constitue d’ailleurs une allégorie de la vie d’Emma, les paroles de la chanson renvoyant aux différentes étapes de la vie d’Emma. Ainsi, dans le premier couplet de la chanson, « Souvent la chaleur d’un beau jour fait rêver fillette à l’amour », on peut voir une évocation des rêves de jeune fille d’Emma. Dans le deuxième couplet « Pour amasser diligemment / Les épis que la faux moissonne / Ma Nanette va s’inclinant / Vers le sillon qui nous les donne », les mots « épis » et « amasser » évoquent les amants d’Emma, les adultères qu’elle a commis. Enfin, dans le dernier couplet, la chanson de l’Aveugle évoque, de façon allégorique, la mort d’Emma elle-même, la proposition « Et le jupon court s’envola » étant une allégorie de l’âme d’Emma quittant son corps, c’est-à-dire, une allégorie de sa mort. Cette correspondance allégorique est d’ailleurs renforcée par le fait que le chant de ce dernier couplet « Il souffla bien fort ce jour-là / Et le jupon court s’envola » corresponde exactement au moment où Emma meurt, « une convulsion la [rabattant] sur le matelas ».

Au delà du réalisme et de l’aspect tragique de cette mort d’Emma, il faut également voir dans ce passage le regard critique que Flaubert pose sur la société dans laquelle il vit. Quand il apparaît clairement, à travers les manifestations physiques, que la mort d’Emma est proche, certains personnages, tels que Charles, Félicité et Bournisien, montrant de la compassion pour Emma, intensifient leurs prières ; le narrateur les décrit l’un après l’autre : « Félicité s’agenouilla devant le crucifix », « Bournisien s’était remis en prière », « Charles était de l’autre coté, à genoux, les bras étendus vers Emma ». D’autres, tels que le pharmacien et M. Canivet n’éprouvent pas d’intérêt à son égard ; ils sont présents dans la chambre de la mourante uniquement pour se montrer, ce que le narrateur met en évidence en décrivant leur attitude de façon ironique et moqueuse. Ainsi, dans la phrase « le pharmacien lui-même fléchit un peu les jarrets », le narrateur rend grotesque la posture de M. Homais, en se référant à lui par un terme rappelant un animal, « les jarrets ». De même, l’ironie du narrateur se perçoit à travers la description de M. Canivet, qui « regardait vaguement sur la place », l’emploi de l’adverbe « vaguement » montrant clairement l’indifférence de l’homme vis-à-vis de la mourante et contribuant donc à donner de Canivet l’image négative d’un homme insensible et égoïste. La critique du narrateur porte également sur Emma, qui est toujours égale à elle même, en dépit de sa situation ; elle est en effet narcissique jusqu’au bout : alors qu’elle est sur le point de mourir, elle pense encore à son apparence physique puisqu’« elle demanda son miroir »,

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