Meursault-L'Étranger

bjectifs.

Son ton étrange et son point de vue sont établis au début et continuent jusqu'à une conclusion inévitable à la fin du livre où l'on le retrouve en train d’essayer désespérément d'échapper à ses sentiments de chagrin refoulé dans son esprit depuis la mort de sa mère ainsi que le fait qu’il est mal jugé par les autres même s’il est reconnu par la plupart de la population pour cet acte. Toute son existence solitaire l'éloigne de la population autour de lui de telle manière qu'il agit automatiquement comme un somnambule à travers la vie ou il a de brèves rencontres avec ceux qui sont proches de lui. Ils le regardent. Ils s'interrogent à propos de lui. Même quand il est avec Marie, elle s'inquiète de temps en temps à son sujet et de son état émotif.

Plus tard dans le roman et au cours de sa progression, il se réveille lentement de son sommeil métaphorique et se rend compte que son existence, ainsi que la vie en général, sont absurdes. Dans un instant en particulier, Meursault se rende compte de l’absurdité de la vie le jour où Raymond lui donne le revolver. En le tenant, il a « pensé à ce moment qu’on pouvait tirer ou ne pas tirer » (p.77). Il ne fait aucune distinction entre l'option de vivre ou l’option de mourir puisque, selon lui et le moyen dans lequel il mène sa vie quotidienne, il n’y a pas beaucoup de différence entre les deux. Pour lui, les deux options pourraient se manifester par hasard et aucune préférence n'est accordée à l'une ou l'autre. Un peu plus tard, en prison, il se rend compte que la même option pourrait s’appliquer aussi à sa vie, « mais tout le monde sait que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Dans le fond, je n’ignorais pas que mourir à trente ans ou à soixante-dix ans importe peu… » (p.130-131).

Cette sorte d'existence est tragique pour Meursault à cause de la compréhension de l’inutilité de son existence. Ce n’est qu’à ce moment qu’il comprend cette tragédie de la connaissance de soi et le désespoir quand il conclut, « Rien, rien n’avait d’importance et je savais bien pourquoi. » (p.137). Ni sa vie, ni la vie de ses amis, ni la vie en général.

À partir de cette conclusion finale, il n'y a que deux possibilités: il peut sombrer dans un profond désespoir ou se montrer à la hauteur pour revendiquer sa victoire sur la compréhension de l'inutilité de la vie. Soudain, quand il est au seuil du dernier jour de sa vie et au cours de l’une des dernières aurores avant son exécution, il se réveille tranquillement en notant bien la merveilleuse odeur de l'été et de la terre. Il se vide de tout espoir et se libère des convenances sociales. Il émerge sans tracas. Camus nous donne une représentation épuisante de son calme à la dernière page « comme si cette grande colère l'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, il s'ouvrais à la tendre indifférence du monde. » (p.138) Meursault est enfin en paix avec le philosophe en lui. Il a mûri tout au long de l'expérience et nous sommes émus par son courage.

Quand un homme contemple sa propre condition absurde, il est tourmenté par ses pensées jour après jour. Quand il se retrouve enfin face à elles, le monde devient silencieux. Finalement, il trouve la paix intérieure. Meursault a choisi de contempler son existence et s’est permis d’éprouver « la tendre indifférence du monde. » (p.138).

Il se rend compte que sa vie n'a aucun sens, mais que la vie en général devrait être suffisante pour se satisfaire, même si on n’a pas d’objectif ou de but. Face à son exécution, tout ce qui reste pour lui c’est d’éprouver une certaine satisfaction « qu’il y [ait] beaucoup de spectateurs le jour de son exécution et qu’ils l’accueillent avec des cris de haine. » (p.138).

Meursault espère de pouvoir s’encrier vers la population en espérant éprouver la haine ils ont envers lui—une haine qu’il pourra éprouver de l’extérieur au lieu de toujours l’éprouver de l’intérieur. Il veut être jugé et être puni pour avoir gaspillé sa vie. Pendant le déroulement de l’intrigue, la chaleur du soleil était métaphoriquement son châtiment extérieur seulement pendant ses