Analyse de situation en cada
Commentaires Composés : Analyse de situation en cada. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiress. Les cuisines et sanitaires sont communs à chaque unité de vie, soit pour 16 personnes selon les compositions familiales. Les populations sont très diversifiées et s’adaptent plus ou moins facilement en fonction de leurs origines ou de leur langue.
La fragilité psychologique des demandeurs d’asile est manifeste. Ils se trouvent sous le choc du déracinement et des traumatismes parfois violents qui ont précipités leur départ et aux difficultés inhérentes à leur situation d’attente.
C’est pourquoi, dans un premier temps, je vais m’attacher à décrire les difficultés liées aux traumatismes vécus par les demandeurs d’asile afin d’apporter un éclairage sur l’étude de situation socio-éducative qui suivra dans la deuxième partie de mon écrit.
I Présentation du lieu institutionnel
1. Les missions du CADA
- Accueillir et héberger des demandeurs d'asile dont la demande est en cours d'instruction.
- Assurer l'accompagnement administratif, social, médical.
- Scolariser les enfants et organiser des activités socioculturelles au profit des résidents.
- Préparer et organiser la sortie du centre lorsque la demande a fait l'objet d'une décision définitive.
2. L’équipe de travailleurs sociaux
L’équipe est composée d’un chef de service (éducatrice spécialisée) et de 6 travailleurs sociaux de formations diverses (éducatrice spécialisée, conseillère juridique « asile », assistante sociale, CESF, BEATEP, Français Langue Etrangère).
Depuis 2000, les travailleurs sociaux travaillent par un système de référence. Chaque unité de vie où logent les résidents est composée de 4 studios et 8 chambres individuelles, soit un total de 16 résidents. Chacun des 6 travailleurs sociaux est donc amené à effectuer l’accompagnement global de 16 personnes qui va de l’accueil au CADA à la gestion de la sortie du centre.
C’est donc selon les places disponibles dans chaque unité de vie que sera déterminé quel est le travailleur social qui sera le référent d’un nouvel arrivant. Ce travail de référence, qui s’établit autour de la relation à l’autre n’est pas possible sans un travail avec l’équipe de travailleurs sociaux. Ainsi, le travail en équipe permet de prendre du recul, de la distance pour mieux évaluer et apprécier des situations vécues émotionnellement comme difficiles.
3. Le rôle du ME
Le moniteur-éducateur au sein d’un CADA, et particulièrement quand l’équipe est organisée autour d’un système de référence par unité de vie qui implique l’accompagnement global des résidents, est amené à réaliser l’ensemble des missions confiées à ce type d’établissement. Toutefois les spécificités, compétences et goûts personnels de chaque professionnel peut les amener à s’impliquer davantage dans telle ou telle activité.
Mon engagement dans la formation de moniteur-éducateur m’a conduit à investir les champs de l’animation et de l’aide à la scolarité où le travail éducatif prenait toute sa dimension.
4. La population accueillie : les demandeurs d’asile, porteurs de traumatismes
Selon le Petit Larousse : « le traumatisme est l’évènement qui pour un sujet a une forte portée émotionnelle et qui entraîne chez lui des troubles psychiques ou somatiques par suite de son incapacité à y répondre adéquatement sur-le-champ ».
La psychanalyse a introduit avec l’idée de trauma psychique quelque chose de différent. En effet, elle va introduire le concept de représentation : entre l’évènement et les effets, il y a la représentation que chaque individu construit de ce qui lui est arrivé.
Les observations cliniques du Comité Médical pour les Exilés (COMEDE) ont montré que les troubles liés au vécu traumatique (insomnies, troubles de la mémoire et de la concentration, états dépressifs…) sont amplifiés par la situation de précarité et d’exclusion.
Ainsi, les traumatismes sont nombreux et se cumulent : il y a ceux qui sont liés aux évènements vécus au pays, mais aussi ceux de l’exil et les difficultés que les demandeurs d’asile rencontrent en arrivant en France. Les souffrances psychiques et les somatisations sont réactivées. L’éloignement du marché du travail, la différence de culture, de langue peut engendrer chez la personne une perte de l’estime de soi et de ses capacités.
Selon Michelle Larivey, psychologue : « l’estime de soi est le résultat d’une auto-évaluation. Il s’agit en quelque sorte d’un baromètre révélant dans quelle mesure nous vivons en concordance avec nos valeurs. L’estime de soi se manifeste par la fierté que nous avons d’être nous-mêmes et repose sur l’évaluation continue de nos actions. Que nous en ayons conscience ou non, l’évaluation que nous faisons de nos comportements nous atteint toujours. A chaque action subjectivement importante, nous émettons un verdict à peu près dans ces termes : « ce que je fais est valable à mes yeux » ou « ceci n’est pas valable ». Dans le premier cas, l’action me revalorise, alors que dans l’autre cas, je suis dévalorisé à mes yeux. De plus, cette appréciation s’inscrit immédiatement en mémoire et s’attache au concept de soi ».1
Ainsi une bonne estime de soi est un moteur nécessaire à l’équilibre d’un être humain, à son épanouissement et à sa réussite personnelle et sociale. Celui qui s’estime à tendance à mettre ses aspirations de l’avant et à se développer. A contrario, moins on s’estime, moins on se sent capable d’entreprendre. On va alors hésiter à repousser ses limites.
1 Michelle Larivey, « La lettre du psy », Volume 6, n°3c, Paris 2002
II Une situation sociale particulière
2.1 Présentation de la situation
Mon référent de stage vient me faire part d’une demande de soutien scolaire qui lui a été adressée et me propose de l’accompagner dans l’entretien qu’elle est en train de conduire à ce propos. M’étant déjà investi dans cette mission et m’y sentant plutôt à l’aise, j’accepte immédiatement.
Mme Matondo1 est en larmes dans le bureau de mon référent et nous explique qu’elle ne sait plus quoi faire pour sa fille âgée de 10 ans et scolarisée en CM2 qui éprouve de grandes difficultés. Ses difficultés ont débutées dès son arrivée en France. Elikya était alors en classe de CM1 et malgré ses lacunes le redoublement ne lui a pas été proposé. Aujourd’hui, Elikya se sent dépassé (« c’est comme si on m’avait fait sauter 3 classes par rapport à l’Afrique » dit-elle). Ses institutrices lui disent qu’elle n’ira jamais au collège et ses camarades se moquent de son accent. Elikya se plaint de ne pas connaître l’histoire ou la géographie de la France.
La famille Matondo est de nationalité congolaise et a été reconnu réfugiée en République d’Afrique du Sud. Suite à des menaces pesant sur les étrangers dans ce pays, la famille est venue en France pour y demander un transfert de protection qu’ils viennent d’obtenir. La famille est composée de Mme Matondo, sa fille et Mr Matondo qui est l’époux par un second mariage et n’est donc pas le père d’Elikya. De plus, Mr et Mme Matondo ne s’entendent plus et sont séparés de fait mais ne semblent pas disposés à officialiser cette séparation notamment par rapport à la pression familiale. Mme Matondo loge dans une chambre avec sa fille et Mr Matondo dispose d’une chambre à lui. Par ailleurs Mme Matondo est gravement malade puisqu’atteinte d’une leucémie diagnostiquée lors de l’exil en RSA.
J’ai donc proposé une aide aux devoirs durant la période des vacances scolaires. Le premier jour Elikya n’est pas venu prétextant qu’elle avait oublié. Puis les activités de loisirs organisées pour les enfants du CADA m’ont amené à faire connaissance avec Elikya. Celle-ci a commencé à venir régulièrement pour travailler.
Au cours de ces leçons de soutien, j’ai constaté que bien qu’ayant encore des difficultés pour la lecture ou l’orthographe, Elikya était très capable. Les principaux problèmes que j’ai pu déceler étaient un manque de concentration et un manque de confiance en soi manifestes.
1 Par soucis de confidentialité, le nom de famille et le prénom ont été modifiés.
2.2 Analyse de la situation
Les problèmes rencontrés par Elikya sont donc multiples et la situation s’avère complexe. Il s’agit de cerner quels sont les éléments qui influent sur la scolarité d’Elikya afin de déterminer sur lesquels il nous est possible d’agir et comment.
Tout d’abord, la situation précaire de la famille ici en France est une barrière à l’épanouissement des membres de cette famille. Les conditions d’hébergement, bien que remplissant les conditions de décence imposées aux CADA, sont probablement nettement moins confortables et gages d’intimité que chez la plupart des camarades de classe d’Elikya pourtant issus d’un quartier
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