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La Dimension Interculturelle

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égré dans l’apprentissage de la langue, et dépasser le niveau de « civilisation », « Landeskunde », pour aborder des éléments plus profonds tels les systèmes de valeurs ou de croyances, et la vision du monde. Si la langue influence la manière dont nous nous comportons et percevons les choses, la culture est aussi inhérente à la langue même, à sa structure, à son vocabulaire, ses expressions, et peut être enseignée en même temps que la langue.

1. La compétence de communication

Dans la compétence de communication l’on distingue généralement les composantes linguistiques, paralinguistiques, sociolinguistiques, référentielles, discursives, stratégiques et socioculturelles, bien que cette dernière composante soit souvent négligée dans l’enseignement des langues étrangères (Binon et Claes, 1995). Nous allons voir comment toutes ces composantes de la compétence communicative comportent un aspect culturel aussi bien que linguistique.

La composante linguistique est l’habileté à interpréter et à appliquer les règles du code (phonétiques, phonologiques, morphologiques, syntaxiques, sémantiques etc.). La structure d’une langue reflète souvent les thèmes importants de la culture. Ainsi, beaucoup de langues distinguent une forme formelle et une forme informelle d’adresse (tu et vous en français, du et Sie en allemand, tu et Usted en espagnol etc.), cependant la différence réside dans les configurations contextuelles qui incitent les personnes à choisir une forme plutôt qu’une autre, et le passage de la forme formelle à la forme informelle se fait de manières très différentes d’une langue à l’autre. Par ailleurs, la structure complexe d’adresse en japonais reflète la structure sociale et hiérarchique pareillement complexe de cette société.

Pour sa part, le vocabulaire a un aspect culturel important, puisqu’il est adapté à l’environnement naturel et culturel : il existe plus de termes pour désigner la neige dans les langues inuits que de termes pour désigner un chameau, et l’inverse est sans doute vrai dans les langues du Sahara. Des objets, des concepts nouveaux sont hérités d’une autre culture avec, en général, le mot les désignant dans la langue étrangère, comme par exemple les mots « bungalow », « sauna », ou même notre tomate, qui vient de l’aztèque « tomatl », notre chocolat, cacao ou pizza. Des problèmes de communication surgissent souvent lorsque la signification d’un mot diffère d’une langue à l’autre : ainsi le concept de « village » est différent en Inde ou en Europe, le concept « liberté » n’a pas la même signification en Europe qu’aux États-Unis d’Amérique. Si le concept « indépendance » a une connotation positive aux États-Unis, celle-ci peut être négative dans des cultures plus collectivistes (comme la Turquie par exemple), où l’interdépendance est plus valorisée. La culture a donc été définie, entre autres, comme un système de significations partagées. Si les significations diffèrent, des malentendus naissent, car on ne parle pas de la même chose : si le mot « mariage » est associé par les Américains du Nord à l’idée d’amour et de partenariat, les Japonais y associent la confiance, mais aussi le compromis, les restrictions, les obligations, la « fin de la vie », tandis que les Français, fidèles au stéréotype sans doute, associent le mariage à l’amour, à la passion et au sexe. Ces associations montrent comment le dictionnaire mental est structuré, et quels mots sont disponibles à l’esprit en réponse à un stimulus donné. On découvre ainsi le champ de significations du mot, et on peut voir dans quelle mesure ces significations se recouvrent ou divergent d’une langue à l’autre.

La composante paralinguistique concerne les gestes, les mimiques et tout le langage du corps, ou ce qu’on appelle encore le langage non verbal. Dans ce domaine, la prudence est de mise, car des gestes peuvent être interprétés de manière différente ou même contraire à l’intention. Ainsi, faire un O en joignant le pouce et l’index signifie OK aux États-Unis, zéro en France, de l’argent au Japon, et est un geste obscène dans beaucoup de pays latins. De même, le sourire, que nous interprétons comme une expression de plaisir, est souvent une façon de cacher l’embarras ou même la douleur dans des cultures asiatiques. S’il est relativement facile d’observer comment les gens se saluent dans une culture donnée, les signaux infimes dans la composition du visage nous échappent la plupart du temps, et quelqu’un qui ne nous regarde pas quand nous lui parlons nous irrite en général, tandis que dans sa culture cette personne exprime ainsi le respect.

La composante sociolinguistique est l’habileté à interpréter et à utiliser différents types de discours en fonction des variables de la situation de communication et des règles qui s’en dégagent. Ainsi, on ne s’adresse pas de la même façon à un ami qu’à un supérieur, à un étranger, etc. Comme nous l’avons vu plus haut, les manières formelles et informelles d’adresse varient selon les langues, mais aussi selon les cultures. Si en France on utilise facilement le prénom d’une personne accompagné de « vous », en Belgique francophone l’usage du prénom signifie automatiquement le tutoiement, et le prénom accompagné de vous ne s’entend que dans des situations comme ’chez le coiffeur’. Un correspondant étranger qui dans un reportage radio utilise soudain l’expression « ils s’en foutent » choquera, ou du moins étonnera facilement ses auditeurs francophones.

La composante référentielle est la connaissance des domaines d’expérience, des objets du monde et de leurs relations, tels que les sports, l’économie, la politique, etc. Ces domaines sont en général abordés dans ce qu’on appelle les cours de « civilisation » : on étudie les institutions, les organisations et les données chiffrées d’un pays, on parle de la manière de se loger, de se nourrir, de se divertir, de travailler ou d’enseigner. La difficulté de lire un journal dans une langue étrangère réside souvent plus dans la connaissance de toutes ces références liées à l’actualité d’un pays ou d’une région que dans la connaissance de la langue. De même, la référence dans la publicité, ou les attentes que les personnes d’une culture peuvent avoir par rapport à la publicité, sont à prendre en compte par les grandes agences qui ne demanderaient pas mieux que de pouvoir faire de la publicité « globale » et des économies d’échelle par la même occasion. Dans tous les pays d’Europe, la publicité doit être avant tout honnête et informative : c’est le modèle normatif moyen européen. Cependant, des écarts apparaissent entre la publicité attendue et la publicité perçue : par-delà le modèle normatif moyen, les divergences s’affirment. Les attentes des consommateurs européens par rapport à la publicité peuvent être résumés dans un tableau (Bonnal, 1990):

| |Allem. |Dan. |Esp. |Fr. |G.-B. |Ital. |

|Créative | | |X |X | |X |

|Esthétique | | |X |X | |X |

|Amusante | | | |X |X | |

|Spirituelle | | | | |X | |

|Honnête |X |X | | |X | |

|Informative |X |X | | | | |

|Sérieuse | |X |X | | | |

Déjà, on voit se dessiner la séparation entre le Nord de l’Europe et le Sud, avec la Grande-Bretagne entre les deux. Nous y reviendrons plus bas.

La composante discursive est la capacité de comprendre et de produire certains types de discours, comme un fait divers, une fable, la macrostructure d’un mode d’emploi ou de la notice de la boîte d’un médicament. Ainsi, une présentation selon le modèle français (thèse, antithèse, synthèse) n’est pas nécessairement bien accueillie par des auditeurs de culture anglo-saxonne : ils la trouveront chaotique et manquant de structure et de clarté. Inversement, une présentation selon le mode anglo-saxon aura un effet souvent négatif sur des auditeurs latins qui la trouveront superficielle et simpliste (Bennett et al, 1998).

La composante stratégique concerne l’habileté à utiliser des stratégies verbales et non verbales pour réaliser et maintenir le contact avec les interlocuteurs, et gérer l’acte de communication en accord avec l’intention de communication du locuteur. Un aspect important et pourtant négligé de cette stratégie verbale est le tour de parole et l’interruption. Dans

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