Supplément au voyage de Bougainville, Diderot (Analyse - Chapitre 2)
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" elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu féroce entre les leurs ". La structure en chiasme permet de souligner une fois de plus la confrontation entre ces deux peuples que tout oppose. Leurs différences sont renforcées par la symétrie : le vieillard met les Européens à la place des Tahitiens. Il utilise également des questions oratoires dans cet extrait qui animent le discours et elles montrent l'assurance du vieillard.
II. Les méfaits de la civilisation :
Pillage et immoralité des colons :
Diderot qualifie les hommes civilisés de " méchants ". Il utilise un champ lexical fort pour souligner cette cruauté avec des verbes comme " enchaîner ", " égorger ", " assujettir ", " se haïr ", " asservir "… Ce champ lexical renforce l'attitude des européens envers les Tahitiens et Diderot développe le champ lexical de la violence : " funeste avenir ", " fureurs inconnues ", " folles ", " féroces ", " esclaves " et " teintes de sang ". Les mots sont appuyés grâce notamment à des énumérations. L'auteur utilise également le passé composé qui renforce le caractère néfaste des européens et s'accompagne d'un processus de cause à effet " tu as tenté d'effacer ". Grâce aux champs lexicaux de la violence et de la guerre, Diderot dresse ainsi un portrait réaliste du comportement des européens face aux tahitiens.
Intrusion de la notion de propriété :
L'injustice et l'immoralité dont font preuve les Européens sont marquées ici par l'intrusion de la notion de possession. De plus les Européens font preuve de mépris (indigne d’estime = arrogance) " sommes-nous digne de mépris ".
On a aussi l'émergence de besoins nouveaux : des besoins factices qui créent une hiérarchie, une jalousie. Cette injustice se traduit par l'application de la loi du plus fort dès l'arrivée des occidentaux " ce pays est à nous ". Le vieillard s'indigne (" ce pays est à toi ? Et pourquoi ? ") d'un tel comportement de la part des occidentaux et s'exprime grâce à un renversement de situation. Cette loi du plus fort est ainsi en totale opposition à la loi naturelle défendue par l'auteur dans la seconde partie du discours.
Diderot nous montre que le pouvoir et la propriété entraînent l'injustice et la jalousie, il met en avant la haine entre les membres de la société : "allument des fureurs inconnues", "femmes folles", "féroces", "haïr".
L'auteur s'oppose ainsi aux lumières de la civilisation que tentent d'imposer les colons et rejette la colonisation que pratiquent ces derniers.
III. L'éloge de la vie naturelle :
La vie naturelle est présentée dans ce texte sur 4 valeurs essentielles : innocence, tolérance, liberté et simplicité.
Innocence :
Diderot défend une société s'appuyant sur l'innocence et entraînant un bonheur : " nous sommes innocents, nous sommes heureux ". Ceci est rattaché à la notion de nature très présente dans le texte : " nous suivons le pur instinct de la nature ". Cette innocence est due à la copropriété : " tout est à tous " et leurs mœurs sont « plus sages et plus honnêtes que les tiennes ». Ce que les Européens qualifient d'ignorance est en fait l'innocence, la sagesse aidant au bonheur de cette société.
Un monde de liberté et de tolérance :
L'auteur défend également les concepts de liberté et de tolérance : " nous sommes libres ". La liberté se manifeste également en opposition au terme " esclave " et à travers le souci de tolérance : la compréhension d'autrui est marquée par l'expression " nous avons respecté l'image qui est en toi "et aussi par les questions rhétoriques.
Un monde où la vie est simple :
Diderot insiste fortement sur l'absence de superflu à la fin de cet extrait : " Tout ce qui est nécessaire et bon, nous le possédons ", " lorsque nous avons faim (…) vêtir ". Ils
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