Aristote et la justice
Dissertation : Aristote et la justice. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Emma Jezequel • 20 Février 2018 • Dissertation • 818 Mots (4 Pages) • 1 172 Vues
La définition de la justice et sa place dans la politique d’Aristote
Aristote propose dans le livre V de l’Éthique à Nicomaque une définition globale de la justice qu’il cherche à accommoder à la complexité du monde réel et de la nature humaine. En revanche, pour lui, la justice consiste d’une part à attribuer à chacun ce qui lui revient, et d’autre part à se conformer à la loi et à respecter l’égalité. Cette définition place dès lors la justice à l’intersection entre l’égalité arithmétique (la même chose à chacun) et l’égalité géométrique (à chacun selon son mérite).
Avant Aristote, la notion de justice n'était comprise que par rapport à un droit d'origine divine. II semble que l'avènement de la démocratie à Athènes ne soit pas étranger au fait que la justice se rationalise, le législateur formulant le nomos (loi en grec) et le juge rétablissant l'équilibre symbolisé par la balance. Pour le sens commun, la loi, non dépouillée de toute autorité divine, représente la justice et, dans la mesure où la Cité définit la totalité de l'existence humaine, la justice était devenue la vertu par excellence, la sauvegarde de l'ordre et de l'harmonie. Dire que « la justice contient toutes les autres vertus », correspond donc à la notion communément admise en Grèce classique ; là où Aristote est novateur, c'est dans la systématisation qu'il a faite de la distinction entre la légalité et l'égalité comme fondement de la justice. Pourtant la philosophie aristotélicienne est reconnue pour être méritocratique, non pas égalitaire.
Mises à part les définitions qui traitent des conditions subjectives de l'acte juste, les définitions de la justice au livre V de l'Ethique à Nicomaque s'élaborent par rapport à la légalité, à la nature, à l'équité et à l'égalité.
Aristote défend une justice mixte
Ainsi, la justice doit en premier lieu être commutative. Il s’agit de celle qui règle les échanges : une partie doit donner à l’autre un bien ou un service de valeur identique à celui qu’elle reçoit en échange. Dans cette conception, les personnes comme les choses sont considérées comme équivalentes. « Si (donc) l’injuste, c’est l’inégal, le juste est l’égal, en déduit Aristote. Pas besoin de raisonnement pour que tous s’en aperçoivent » (Éthique à Nicomaque). L’injustice est le point de départ de la définition de la justice parce qu’elle apparaît comme un mal évident qui ne respecte pas l’égalité. Filant une métaphore économique, le philosophe identifie cette égalité comme la « juste moyenne », c’est-à-dire le prix moyen capable de contenter toutes les parties, tel qu’il est pratiqué sur un marché concurrentiel. En pratique, la justice doit cependant composer avec l’inégalité des personnes.
La justice doit donc aussi être distributive. Elle demande de distribuer les richesses, droits, obligations, charges et avantages en fonction de critères de mérite (« à chacun ce qui convient ») et de besoins. Aristote la décrit comme la « première espèce de la justice particulière qui s’exerce dans la distribution des honneurs ou des richesses ou des autres
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