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Commentaire composé Missanthrope vers 1 à 34

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de.

De plus ici une action nous est révélée. Pour cela, Molière s'exprime à l’aide de vers, des alexandrins, parmi lesquels on distinguera 2 types de discours versifiés. D'abord, la stichomythie : l'action passe par le vers, le discours se trouve donc être rapide. Ensuite, la tirade. Ce sont deux formes accordées à l'évolution des sentiments, de l'emportement au calme relatif. Par suite, le mot « action » (v.16) est prononcé par Alceste au début de la tirade : il est valorisé par la diérèse (acti/on), donc porteur d'un message important. On remarque qu'un verbe de perception survient peu après " Je vous vois " (v.18), qui a charge de restituer la scène antérieure qui vient de se passer : Philinte a manifesté trop d'amitié à un courtisan qu'il ne connaît même pas. Donc cette action unique est passée, ne sert pas l'intrigue, et se trouve être le prétexte d'une présentation des caractères. On ne sera donc pas surpris de la minceur des éléments dramatiques. Nous sommes donc dans une comédie de caractères. Enfin l’essentiel de l’intrigue nous est livré dans ces premiers vers : il s’agit de la division provoquée au sein d’une famille par l’intrusion d’un faux dévot, « cet homme » (v.22), dont on ne sait « à peine […] comme[nt] il se nomme » (v.23). Il s’avérera qu’il s’agit de Tartuffe plus loin dans la pièce.

C’est donc d’emblée une scène comique qui remplit son contrat pour une comédie de caractères.

A travers cette exposition qui nous présente donc les caractères très différents d’Alceste et de Philinte, on comprend le sujet de la pièce, c’est-à-dire une dénonciation de l’hypocrisie par Alceste. En effet Alceste explose car il refuse l’hypocrisie dans l’amitié, il ordonne à Philinte de le « laisse[r] » (v. 2 et 4) et de « cour[ir se] cacher » (v.4) et rejette le mot « ami » (v.9) après cette « telle action » (v.16) de Philinte. En effet, selon Alceste, Philinte devrait « mourir de pure honte » (v.15) car il a témoigné à « un homme » (v.18) , « cet homme » (v.22), « les dernières tendresses » (v.19) en l’étouffant « de caresses » (v.18) mais quand Alceste lui demande des renseignements Philinte peut à peine lui dire comment « il se nomme » (v.23) et traite son ami « d’indifférent » (v.25). Alceste refuse de voir, un soi disant ami, « s’abaisser » (v.27) de la sorte et ayant aucun « regret » (v.29) face à cet acte hypocrite. Mais cette dénonciation reste quand même en harmonie avec la politesse car il nous apparaît qu’une certaine retenue doit toujours limiter les rapports sociaux et ils se parlent quand même à cœur ouvert car ils sont tout de même amis. Mais Alceste sachant très bien que l’hypocrisie est une mode de son siècle et qu’elle est donc passagère, s’emporte quand même.

En effet Molière a voulu a travers « cette telle action » (v.16) faire une dénonciation de l’hypocrisie au XVIIème siècle. On assiste bien, « cachée » à travers cette tirade d’Alceste, à une critique virulente à l’égard de son époque. On retrouve dans cette scène d’exposition le thème de cette pièce : l’hypocrisie très présente à cette époque par exemple à la Cour du Roi. Molière à travers l’acte hypocrite de Philinte en rapport avec « cet homme » (v.22) dénonce l’acte du paraître lié à cette hypocrisie constante de ce siècle d’où il faut se montrer sous son meilleur jour, être accepté par le plus de gens possible, briller aux premiers rangs. De plus, en refusant l’hypocrisie dans l’amitié, Alceste s’en prend aux conventions très chargées du XVIIème siècle car l’hypocrisie est un jeu pour les courtisans qui est « indigne, lâche, [et] infâme » (v.26), que n’utilise pas Alceste. Pour lui, « homme d’honneur » (v.17), l’amitié touche à la sincérité.

On assiste donc bien à travers cette exposition à une dénonciation de l'hypocrisie et à une critique virulente d'Alceste à l'égard de son époque

Une spécificité du théâtre passe par le langage. En effet, toute parole au théâtre est intentionnelle, les premières répliques particulièrement. On a donc un bel aperçu du caractère d’Alceste à partir des formes de son discours. En effet la première personne du singulier et sur-employée dès son premier vers. Par exemple en trois vers prononcé il y a 6 formes de la première personne du singulier employé à travers « moi » (v.2, 4, 6), « je » (v.2, 4, 6), « me » (v.6),… Déjà, Alceste choque dans cette société où le « Moi » est haïssable. De plus, un discours injonctif est utilisé. Alceste est autoritaire, donne des ordres, des leçons, des reproches à travers " laissez " (v.2 et 4) , " rayez " (v.9),… Il y a abondance des modes impératifs et subjonctifs. De plus, Alceste suremploi les hyperboles comme " mourir de honte " (v.15), " scandaliser " (v.17), " accabler […] de caresses " (v.18), " dernières tendresses " (v.19), " fureur de vos embrassements " (v.21). Il y a surcharge dans le discours de ces métaphores excessives. Ce sont ces formes qui expriment l'authenticité du personnage, mais en complet décalage avec les valeurs classiques, qui sont la mesure et la retenue. Alceste est incapable d'euphémisme, de litote, pourtant forme idéale. Par ailleurs, son discours peut paraître très affectif, à travers le vocabulaire avec "tendresses" (v.19), "embrassements" (v.21), "caresses" (v.18). Enfin, son vocabulaire restitue trop les anciennes valeurs comme " tout homme d'honneur » (v.17), « abaisser […] son âme » (v.27), « Morbleu" (v.26) qui peuvent traduire une nostalgie des vertus antérieures de la chevalerie, gâchées au XVIIème siècle, et une nostalgie de la sincérité.

Alceste est un personnage emporté, excessif, colérique, qui dès le début « veu[t s]e fâcher » (v.6) , têtu, qui ne démord pas de ce qu’il dit, donneur de leçon, pessimiste, mais moins que Philinte : ce dernier pense que les hommes sont incorrigibles, alors qu’Alceste les réprimande pour les corriger. Alceste est plus optimiste sur la nature humaine que son ami. Il refuse les défauts des hommes à l’excès, à la différence de Philinte. C’est un Misanthrope. Il est ridicule, toujours dans l’excès avec ses propos extrêmes. Il jure et il a des gestes « brusques » (v. 7) à travers par exemples ses gestes en « se levant brusquement » (v.9), qui se trouve être à l’opposé de la

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