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Connaissance du monde contemporain

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aut comprendre la diffusion dans les campagnes du travail industriel à temps partiel exécuté par une main d’œuvre paysanne comme un processus autonome et spécifique d’expansion de l’économie marchande et lire ce phénomène comme une première étape du processus plus global de l’industrialisation française ». On verra 1. les caractères généraux 2. avantages 3. déclin I. Définition et caractéristiques générales

Le terme de proto-industrialisation est lancé en 1969 par l’historien économiste Franklin Mendels dans sa thèse sur la Flandre au XVIIIe siècle. Il désigne des « industries rurales » qui se sont fortement développées à cette époque, industries qui sont en réalité le fait de paysans qui consacrent une partie de la morte-saison aux activités artisanales. Cette proto-industrialisation aurait constitué une première étape vers la révolution industrielle, sorte de phase préalable. Depuis, les historiens ont multiplié les monographies locales et sectorielles, et l’on a trouvé partout en Europe ces « fabriques rurales ». On s’est aussi aperçu

que cette proto-industrialisation n’a pas toujours disparu au moment de l’essor industriel. L’exemple français montre ainsi que l’industrialisation a reposé sur la proto-industrialisation, et que celle-ci a perduré jusqu’à la « grande dépression ». D’après Mendels, la fabrique proto-industrielle comprend des établissements urbains et des unités de travail dispersées à la campagne. Elle apparaît au XVIIe siècle et croît au XIXe siècle avec l’industrialisation. Mais l’industrie rurale se développe au 19e et croît avec l’industrialisation • caractéristiques générales 3 éléments essentiels : _ la production se fait à l’échelle régionale et elle est dirigée par des grands marchandsfabricants qui ont les moyens financiers et la connaissance des réseaux d’achat de matière première et de vente. La production est destinée non au marché local mais au marché national voire international. _ emploi d’une main d’œuvre paysanne à temps partiel dans les campagnes _ c’est un mode complexe d’organisation du travail qui repose sur une double logique d’organisation de la production par la division du travail, et de gestion de la main d’œuvre. La production est répartie entre la ville et la campagne. Elle est atomisée à la campagne dans des petites unités rurales familiale ou domestiques, faiblement mécanisées, et en ville elle est le fait de petits ateliers urbains. Tâches productives sont doublement divisées : ville/campagne et hommes/femmes Les ateliers urbains conservent les travaux les plus qualifiés (phases de finition et d’apprêt) alors que les tâches moins qualifiées (et moins rémunérées) se font à la campagne. La ville garde par ailleurs un pouvoir de commandement sur la production et garde le monopole de la commercialisation. Le système permet de gérer la main d’œuvre. La main d’œuvre rurale pour qui l’industrie n’est pas la principale source de rémunération est donc prête à accepter un salaire inférieur à celui des travailleurs urbains, d’autant qu’il s’agit souvent de femmes et d’enfants. Salaires donc bien inférieurs au monde de la grande industrie et temps de travail souvent supérieur. • grande variabilité du système selon relation entre les fabricants et ses ouvriers. Le fabricant se contente parfois d’acheter la matière 1ère et de récupérer les ouvrages. Mais parfois, cet achat revient au paysan. Quelques exemples tirés de Dewerpe Haut Rhin 1ère ½ 19e : • tisserand de coton à domicile est en relation avec un facteur-commissionnaire, un contremaître ou un chef de dépôt (installé dans village proche) qui est en relation directe avec le fabricant. Le contremaître reçoit les filés et les distribue avec les consignes, puis récupère les tissus et les remet à l’entrepreneur. Finitions, lavage et teinture se font alors en atelier, en ville. • Dans la laine, le fabricant achète matière brute, la fait laver et dégraisser, puis teindre par des ouvriers concentrés qu’il embauche et contrôle directement. La laine est ensuite confiée aux cardeuses ou aux fileuses (un sous-entrepreneur assure la distribution). Les fils, au retour, sont ourdis sur la chaîne puis remis à un nouvel entrepreneur chargé du tissage qui distribue les pièces dans les villages. A la fin, le fabricant fait apprêter les étoffes dans les ateliers urbains.

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Nord : 4 types de relations tisserands/fabricants : • L’entrepreneur est seulement un négociant, « fabricant à façon », qui fait filer ou tisser à domicile, sans atelier urbain, avec l’aide d’un contremaître • L’entrepreneur dirige à la fois un tissage concentré urbain et des métiers dispersés à la campagne • Il y a parfois association, sous la direction d’un même fabricant de la filature mécanisée et filature manuelle rurale • C’est parfois le patron de fabrique concentrée et mécanisée • diffusion du système Il faut bien comprendre que le système se DIFFUSE dans la première moitié du XIXe siècle. Ce n’est pas un système résiduel. En 1840 dans les environs de Roubaix : 40000 tisserands ruraux et seulement 10000 en ville La soierie lyonnaise qui était totalement urbaine à la fin de l’AR, se ruralise dans la première moitié du XIXe. 1830 25% de main d’œuvre rurale ; 50 % en 1848. C’est une conséquence de la révolte des canuts en 1831. La campagne produit des tissus unis ; la ville des tissus façonnés, des produits nouveau dans les métiers Jacquard 1.

Un métier Jacquard du début du XIXe siècle 1900 : on dénombre encore 47000 métiers à bras et seulement 30000 mécaniques. L’inversion entre les deux techniques a lieu vers 1906-1910 seulement.

Le métier Jacquard est une vraie révolution dans le tissage. Il est commandé par une série de cartes perforées qui permettent d’enregistrer une sorte de programme déterminant le motif qui va être tissé. Il permet donc un tissage automatique du motif. Inventé par un fils de canut en 1801. De plus, un seul ouvrier suffit à l’actionner. Par parenthèse, ce système de cartes perforées est à l’origine de l’informatique !

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Dans la Fabrique de Reims : ¾ de la main d’œuvre est rurale en 1850 Romans : industrie du cuir repose encore pour ½ sur ouv ruraux en 1900 !!! La diffusion du système est géographique mais aussi sectorielle : on le trouve dans la petite métallurgie, la clouterie, l’épinglerie, l’horlogerie.

II.

Les avantages du système : les raisons de son maintien

Il faut bien comprendre que tant que les entrepreneurs et les paysans y trouvèrent leur compte, le remplacement de l’industrie rurale disséminée par le travail usinier centralisé ne s’imposa pas. On pourrait parler de « convenances réciproques de la population rurale et de l’entreprise industrielle » (Bergeron) Cependant, lorsque les avantages économiques de l’usine (et de la mécanisation) étaient considérables, les formes artisanales du travail disparurent très vite. Ex : filature mécanique liée à la concentration en usine s’imposa très rapidement. Idem pour la sidérurgie. Mais si l’écart de productivité n’était pas très grand, le système proto-ind (ou petit atelier) continua à fonctionner longtemps. • avantages pour l’entrepreneur remarque : pas nécessairement concurrence entre les 2 systèmes : ils dépendent de marchés différents, caractéristiques… d’où coexistence dans la sidérurgie de petites forges rurales au charbon de bois et de très gds établissements modernes (les produits et le marché étant différents) _ coûts salariaux moindres Rémunération femmes : moitié du taux masculin. Femmes rurales : filage. Rémunération des hommes également inférieure à la campagne _ très grande flexibilité du marché du travail travail à temps partiel, caractère saisonnier car ce travail est intégré dans le calendrier agricole. La main d’œuvre rurale supporte les aléas des commandes et donc de la conjoncture d’autant qu’on ne fait pas de stocks car les marchés sont limités et segmentés. On fait travailler quand c’est nécessaire. Par ailleurs, ça correspond bien au caractère encore saisonnier de la production (chômage saisonnier classique jusqu’aux années 1880). _ faible immobilisation des capitaux dans les locaux, les métiers ou outillage (important car à cette époque, les patrons ne sont pas vraiment fortunés) On a là les facteurs économiques. Mais il faut aussi faire la part des représentations. Longtemps les patrons eurent peur de concentrer les ouvriers : forcément plus revendicatifs. Ils crurent longtemps au modèle de l’ouvrier-paysan, petit propriétaire et donc très attaché au droit de propriété. La terre est parée de vertu moralisante. A l’ouvrier des villes, dissipé, alcoolique, dépensier on oppose l’ouvrier paysan, économe, occupé et sage. Pas de déracinement et de rupture de sociabilité paysanne. Peur largement diffusée d’une prolétarisation intense de la population et des conflits sociaux.

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• avantages pour les paysans on pourrait croire à une exploitation subie. On pourrait au contraire évoquer une exploitation choisie. La population rurale se satisfait du système ce qui explique d’ailleurs le fait que lorsqu’une industrie disparaissait, elle était vite remplacée. _ garantie en période de crise : en cas de crise agricole, le travail

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