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François Rabelais, Gargantua, chap. XI à XXIV (1534)

Chronologie : François Rabelais, Gargantua, chap. XI à XXIV (1534). Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  21 Avril 2023  •  Chronologie  •  407 Mots (2 Pages)  •  276 Vues

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Séquence 2 – François Rabelais, Gargantua, chap. XI à XXIV (1534)

Objet d’étude : la littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle

Séance 6 – texte n° 2 étudié pour l’oral, issu de l’œuvre intégrale

Extrait du chapitre XXIII

Gargantua s'éveillait donc environ à quatre heures du matin. Cependant qu'on le frictionnait, il lui était lue quelque page de la divine Écriture, à voix haute et claire, avec une diction parfaitement adaptée au sens : tâche dévolue à un jeune page natif de Basché, nommé Anagnostes[1]. Souvent le propos et le sens de cette leçon l’amenait à prier, révérant, adorant et suppliant le bon Dieu, dont la lecture avait démontré la majesté et le jugement merveilleux.

Puis il se retirait en des lieux privés pour faire excrétion des digestions naturelles.  Là, son précepteur lui répétait ce qui avait été lu, lui en expliquant les points les plus obscurs et les plus difficiles.

Pendant qu’ils s’en revenaient, ils considéraient l'état du ciel, le comparaient à ce qu’ils avaient vu la veille, se demandant en quels signes entrait le Soleil, et aussi la Lune pour cette nouvelle journée.  

Ce fait, il était habillé, peigné, coiffé, arrangé avec élégance, parfumé, et l’on profitait du temps de ces préparatifs pour lui répéter les leçons du jour d’avant. Lui-même les récitait par cœur, et en tirait quelques cas pratiques concernant la nature humaine, qu’ils développaient parfois pendant deux ou trois heures, mais ordinairement ils s’interrompaient lorsqu’il était entièrement habillé.

Puis, pendant trois bonnes heures on lui faisait lecture. Cela fait, ils sortaient, conférant toujours du propos qui avait été lu ; et ils se dirigeaient vers le jeu de paume du grand Bracque[2], ou vers les prés, où ils jouaient à la balle, à la paume, à la pile trigone, exerçant leurs corps avec autant d’élégance qu’ils avaient auparavant exercé leurs âmes.

Le jeu se faisait en toute liberté, car ils abandonnaient la partie selon leur bon plaisir, et cessaient généralement quand leur corps était en sueur, ou autrement quand ils étaient las. Ils étaient alors très bien essuyés et frottés, ils changeaient de chemise. Et en se promenant paisiblement, ils allaient voir si le déjeuner était prêt. En attendant, ils récitaient d’une voix claire et éloquente quelques sentences retenues de la leçon.

         Cependant, monsieur l'appétit venait, et ils s’asseyaient à table fort opportunément.


[1] Anagnostes : mot grec signifiant lecteur.

[2] Bracque : célèbre jeu de paume parisien.

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