Parcourt Residentiel Et Projet

urcent des interviewés résident dans des cités ouvrières bâties sur un même modèle : un sous-sol où les WC, jadis au fond du jardin dans une cabane, y ont été transférés ; un plein pied avec cuisine et salle à manger ; deux chambres avec salle de bain à l'étage. Une cinquantaine d'année plus tard, ces enfilades de marches et les besoins de mobilité de chacun transforment cet agencement en parcours d'obstacles. Le nombre de pièces et les volumes qui ne sont plus habités, mais qui restent chargés de souvenir représentent souvent un surcroit de travail et un surcout en terme d'entretien et de chauffage. Pour une personne âgée, la seule possibilité qu'elle a d'accéder à sa chambre est de gravir les escaliers à genoux accompagnée de son mari qui la suit afin d'éviter les chutes. Elle semble se satisfaire du fait qu'elle arrive toujours à monter dans sa chambre :"j'ai besoin de rien, j'arrive à monter le soir, le matin, c'est lui qui me tient pour descendre. Tant qu'on est tous les deux ça va". Lui :" de toute façon je suis derrière et personne ne la voit, ça fait longtemps que c'est comme ça, depuis sont AVC".

Six personnes ont opté pour installer leur chambre au rez-de-chaussée et ainsi vivre de plein pied (à part les toilettes). Elles aussi semblent prendre ces situations pour une fatalité : "je suis bien là, et qu'est-ce qui me manque? J'ai besoin de rien de plus à mon âge".

Une dame veuve a clairement signifié : "j'attends la mort chez moi et personne ne me fera sortir autrement que les pieds devant!".

Toutes les personnes que nous avons rencontré bénéficiaient du chauffage central, de l'eau chaude et se disaient en sécurité (électricité et effractions).

Les personnes propriétaires, ayant pour projet de rester dans leur habitation, semblent avoir anticipé quelque peu sur les besoins qu'ils rencontreraient dans leur vieillissement. La grande majorité d'entre elles ont modifié petit à petit leurs installations. Les baignoires ont été échangées par des douches, les toilettes aménagées, les volets électriques….

Très attachées à leur lieu de vie, l'ensemble des personnes disent être satisfaites de leurs conditions de vie et ne semblent pas disposées à changer et encore moins à envisager un autre mode de logement. En pointant souvent le fait que de "leur temps" rien n'était facile et qu'elles se sont toujours débrouillé par leurs propres moyens, elles n'expriment aucunes demandes particulières. La vieillesse semble ressentie comme "normale" et incontournable. Dans la mesure où elles n'ont pas de besoins particuliers et que leur santé leur permet de vivre, comme elles l'ont toujours fait, chez elles, pourquoi se projeter autre part?

"Tant que je suis pas gaga, qu'on me foute la paix". "J'ai été veuve à 36 ans avec 4 gosses, je les ai tous élevé seule. Maintenant j'attends rien de personne et tant que je suis bien, je reste chez moi".

Au cours de nos entretiens, nous avons rencontré une personne âgée lourdement handicapée et dépendante vivant accompagnée par sa famille. Elles aussi ne semblent pas vouloir quitter son logement mais envisagerait dans un avenir proche un accueil en maison de retraite.

Il est à signaler qu'aucune personne visitée n'a fait la demande du portage des repas. Il semble que pour toutes les personnes