Commentaire sur le concile de Clermont

ANCELIN Claire TD4

Histoire médiévale

commentaire de document

Le concile de Clermont (1095)

            Orderic Vital est un moine anglo-normand né le 16 février 1075 à Atcham, en Angleterre, et mort en 1141 ou 1143 à l'abbaye de Saint-Evroult. Il est connu comme étant un des plus importants historiens du Moyen Âge central. Dans le quatrième livre de l'Histoire ecclésiastique, Orderic Vital nous raconte le cours de sa vie. Tombé aux mains des Normands, le père d'Orderic, Odelarius, un français veut trouver fortune dans le royaume anglo-saxon. Quand il eut dix ans, Odelarius le confia au monastère de Saint-Evroult en Normandie, possédant une bonne réputation dans le domaine de l'enseignement. Il passe les différentes étapes du parcours de moine, il prononce ses vœux en 1090, est ordonné sous-diacre en 1091, diacre en 1093, et il reçoit de la part de l'archevêque de Rouen la prêtrise. A l'abbaye de Saint-Evroult, sous la direction de Jean de Reims, il apprend la grammaire et le latin, il se spécialise dans la lecture et la copie d'ouvrages et est le bibliothécaire et responsable du scriptorium. Un abbé, Roger du Sap, lui demande donc d'écrire une histoire du monastère, c'est le commencement de l'Historia ecclesiastica.

            L'Historia ecclesiastica, ou l'Histoire ecclésiastique, retrace en partie l'histoire du duché de Normandie et du royaume d'Angleterre aux XIe et XIIe siècles, c'est donc une source importante pour l'histoire de la Normandie ducale et de l'Angleterre normande. Elle renseigne sur la société féodale, sur les coutumes sociales et sur la culture monastique. Son œuvre est considérée par les historiens comme un monument central de la littérature du Moyen Age. Le travail du moine devait simplement parler de l'histoire de l'abbaye de Saint-Evroult, mais s'élargissant géographiquement et temporellement, l'auteur s'intéresse à la Normandie, à l'Angleterre, à l'Italie du Sud ainsi qu'à la France, remontant même à la naissance du Christ. Orderic Vital s'y consacre à partir de 1114 termine son œuvre peu de temps avant sa mort en 1141. L'Histoire ecclesiastique est composée de 13 livres regroupables en plusieurs thématiques. Les livres I et II nous explique l'histoire des débuts de la Chrétienté, les livres III à V, les conquêtes de l'Angleterre et de l'Italie du Sud, le livre VI, nous explique l'histoire du monastère de Saint-Evroult, et enfin, les livres VIII à XIII, l'histoire de la Chrétienté à partir de 1083.

Le document étudié est extrait de cet ouvrage, il rapporte les évènements du concile de Clermont en 1095. A cette période, la situation en Occident est celle d'une réforme grégorienne entamée depuis le milieu du XIe siècle. La société féodale encourage le développement d'armées au service des seigneurs féodaux et le principe de lignage au sein de la noblesse entraine un afflux de jeunes nobles en quête de richesse vers les carrières militaires. Cela explique donc les forces vives à disposition en Occident pour faire la guerre à la fin du XIème siècle. A cette même période, en Orient, en 1095, la situation ( notamment politique ) est complexifiée  à Byzance depuis le schisme de 1054 et l'extension de l'empire des seldjoukides du Moyen-Orient vers l'Anatolie

Cet extrait de l’Histoire ecclésiastique d’Orderic Vital rédigé durant la première moitié du XIIe siècle, soit plusieurs décennies après l’événement auquel il fait référence, rapporte le déroulement du concile de Clermont convoqué en 1095 par le pape Urbain II (1088-1099). L’auteur insiste plus particulièrement sur le contenu des décrets édictés par le pape durant ce concile et sur l’appel à la croisade pour libérer Jérusalem lancé par le souverain pontifical, évoquant également au passage le premier mouvement populaire vers l’Orient consécutif à cet appel.

      Nous pouvons donc nous demander comment à travers le rôle qu’il occupe lors du concile lors du concile de Clermont en 1095, ce texte nous permet-il de nous interroger sur le nouveau statut du pape, sur ses ambitions et sur le degré d’influence qu’il pouvait avoir sur les différentes strates de la société occidentale au tournant du XIème et du XIIe siècle.

      Dans un premier temps, nous verrons le rôle nouveau du pape au sein de l'Eglise : diriger, corriger et protéger. Puis, nous verrons la place du pape en Occident et ses prétentions à l'égard de la société laïque.

Le pape a pour nouvelles fonctions : diriger, corriger et protéger.

Le pape est un législateur fidèle aux principes de réforme grégorienne. En 1095, Urbain II intervient suite à l'interdiction des seldjoukides de ne plus laisser un passage libre vers la ville de Jérusalem, la réforme grégorienne étant déjà bien avancée. De la ligne 1 à 2, nous pouvons voir que le concile est convoqué et présidé par Urbain II, un concile étant un rassemblement d'évêques ayant pour mission d'établir collégialement des règles concernant la vie de l'Eglise. Le concile se tient à Clermont car le pape Urbain Il choisit d'éviter le domaine royal de Philippe 1er, ayant répudié Berthe de Hollande en 1092 pour consanguinité afin de pouvoir épouser Bertrade de Monfort, ce qui contrevient à la nouvelle vision grégorienne du sacrement indissoluble du mariage. Nous pouvons voir aux lignes 2 à 3 que les grégoriens considèrent que seul le pape est légitime afin de diriger et de corriger, il peut donc édicter de nouvelles lois si nécessaire. Cependant, cela entraîne de nombreux conflits entre les papes et les empereurs germaniques au XIe-XIIe siècle comme le conflit en Grégoire VII et Henri IV.

Son nouveau rôle étant celui de législateur, le pape va pouvoir établir des règles. Celles-ci sont établies sur les fondements de la réforme grégorienne. En effet, de la 7 à 10, on aborde la chasteté qui fait référence au célibat des religieux, elle devient une obligation. La réforme grégorienne interdit et sanctionne le nicolaïsme, c’est-à-dire ceux qui ne respectent pas les mœurs imposées aux clercs, dont la chasteté. L'abbé Geoffrey de Vendôme est l'exemple d'un des réformateurs obsédé par la pureté et qui va jusqu'à la diabolisation des femmes. De plus, aucun laïc ne peut désormais accorder une fonction religieuse à un clerc car le sacré appartient aux religieux.