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Lecture Analytique : Albatros

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d’allongement crée par la prononciation des « e » muets : « qui suivent » v. 3, « vas/tes oiseaux des mers » v. 2, « le navi/re » v. 4,

- allitération en [en] et [v]

- prédominance des consonnes continues : sifflantes (s/z) et surtout liquides (l/r) dont la souplesse d’articulation souligne la fluidité de l’air et de l’eau.

Espace ouvert, infini, vertical.

II) Le récit d’une capture

a) l’emprisonnement de l’albatros

→ la chute et l’emprisonnement de l’albatros se caractérise par un changement de lieu : on passe d’un plan d’ensemble privilégiant la vision céleste (1er quatrain alabatros suivant le navire) à un plan rapproché (2e quatrain, albatros = sur les planches) ce changement manifeste l’emprisonnement au sol de l’albatros.

→ La capture s’accompagne d’une torture physique et morale :

- torture physique : bec brûlé par une pipe v. 11

- torture morale : moqueries cruelles des marins soulignée par les trois exclamatives v. 9-10 et 12.

b) la déchéance de l’albatros

→ On assiste alors à un renversement de situation : l’oiseau qui dominait le ciel se transforme en victime et en être « gauche », « maladroit » et ridicule.

→ Ce renversement est mis en valeur par tout un jeu d’oppositions qui soulignent l’inadaptation tragique de l’oiseau au monde ici-bas :

- les " ailes " du vers 7 qualifiés des deux épithètes " grandes " et " blanches " puis comparées à des « avirons » (vers 8)

- antithèses : « rois de l’azur/ « maladroits et honteux » v. 6, « beau » / « laid » (v. 10), « voyageur ailé »/ « gauche et veule » v. 9

- oxymore : « infirme qui volait » v. 12

c) la dramatisation de la chute

Cette chute de l’albatros est dramatisée par toute un sérié de moyens

→ Accent mis sur caractère soudain de la transformation : « a peine les ont-ils déposés sur les planches.

→ Le mouvement des phrases : opposition entre :

- Une ample phrase, bien balancée pour présenter l'oiseau en vol dans la première strophe avec enjambement (Souvent… prennent des albatros)

- dans la troisième strophe, une série de trois phrases exclamatives plus courtes, au rythme plus haché pour traduire la souffrance de l'albatros ;

→ le contraste des sonorités :

- strophe 3: accumulation de sonorités produit un effet désagréable avec l'assonance en "e", assonance déjà présente dans la strophe précédente avec "eu" de "honteux" au vers 6, "piteusement" au vers 7, "à coté d'eux" au vers 8 et l'allitération en "c" et en "gu" comme "gauche" au vers 9 et la cacophonie " comique et laid " du vers 10.

III) Un récit allégorique

a) du récit au symbole

→ quatrième quatrain : analogie entre le poète et l'albatros donne en partie la clé du poème et nous invite à interpréter la scène évoquée auparavant.

→ On s'aperçoit donc qu'il n'y a pas d'éléments purement descriptifs dans ce poème : les marins sont désignés par une périphrase, le bateau n 'est pas décrit si ce n'est que par les matériaux « planches » et la capture elle-même est simplement esquissée par le verbe « traîne ».

b) l’identification de l’albatros au poète

Ce qui est important, c'est l'identification de l'albatros et du poète qui s'effectue par différents procédés

→ le passage de l'article indéfini pluriel « des albatros » (v2) à l'article défini singulier du titre « l’albatros », ce qui met l'accent sur la valeur générale et symbolique de l'oiseau.

→ la personnification de l’oiseau : « indolents compagnons de voyage » v. 3, « voyageur ailé », «rois de l'azur » et « infirme qui volait ».

→ Identification du poète à l’oiseau par le motif de l’aile: « ses ailes de géants l’empêchent de marcher v. 16 qui fait écho à « leur grandes ailes blanches » v. 7, « voyageur ailé » v. 9, « qui volait » v. 12

Cette image assure à la fois l'unité du poème et le passage de l'anecdote au symbole. Cela nous incite alors à un déchiffrement.

c) le déchiffrement : la double condition du poète

→ L’albatros : une figure de grandeur :

Le poète apparaît comme un être singulier en raison de sa grandeur physique et morale.

La signification symbolique du poème se lit d'abord dans l'image de l'oiseau : celui-ci est attaché à l’idée de grandeur et à un sentiment de détachement par rapport au monde matériel : « indolent[s] » v. 3, rêveur, il plane au-dessus du navire et des « gouffres amers » v. 4 image chez Baudelaire des abîmes de l’existence et du temps, il « hante la tempête » et se moque des atteintes provenant de la terre : il « se rit de l’archer » v. 14.

La supériorité morale et spirituelle du poète vis-à-vis des hommes est donc liée à un univers aérien et céleste (= Idéal). Le poète est celui qui se complaît dans les sphères de L’Ideal

→ Une contrepartie douloureuse : un sentiment d’inadaptation et d’exclusion (figure du poète maudit)

- Les deux dernier vers de L’Albatros révèlent le revers douloureux du génie

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