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Les déterminants sociaux du vote

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ndateur de l’équipe de Columbia (université de New York). Ce travail est le résultat d’une étude menée lors de la campagne électorale présidentielle de 1940 aux Etats-Unis .

Les sociologues ont effectué des entretiens aux cours de la campagne et après celle-ci. Paul Lazarsfeld et son équipe conclurent qu’il existe un fort déterminisme social des attitudes et des choix politiques. Après cette enquête pionnière, nombreux sont les chercheurs qui se sont intéressés à cette question. Ainsi est née un courant qui explique le choix politique de l’individu par des facteurs déterministes. Deux modèles théoriques explicatifs se dégagent.

Dans un premier temps nous verrons le modèle écologique, qui privilégie une approche par le collectif, puis dans un second temps le modèle psycho-sociologique qui privilégie une approche par l’individu, à travers deux œuvres classiques.

A – Les modèles théoriques

1) L’approche écologique

On utilise le terme de modèle écologique pour désigner les analyses qui prennent en compte le poids du milieu dans lequel vivent les électeurs. C’est ce qu’on appel le déterminisme géographique.

En France, en 1913, André Siegfried, pionnier de la géographie politique, compare la géologie du sol. Il distingue le sol granitique du sol calcaire. Il prend pour exemple la région de la Sarthe. Le département apparaît divisé, tout au long de la IV e république, par un clivage qui sépare l’Est qui est déchristianisé et votant majoritairement à gauche et à l’ouest avec une population de pratiquants qui votent à droite.

C’est donc en remontent le fil de l’histoire qu’il explique cette rupture. Il remarque qu’à l’ouest le clergé a beaucoup de terres qu’il cultive avec de riches propriétaires terriens. Alors qu’à l’Est, c’est une région ou il y a moins de terres et elles sont peux fertiles, et ou le clergé est peu implanté.

En 1790 – 1792, c’est la période ou il y a la nationalisation des biens du clergé qui sont vendus aux riches aristocrates de l’Ouest. Ainsi le fossé se creuse d’avantage avec les paysans de l’Est, aux terres peu fertiles. Jusqu’à aujourd’hui l’Ouest vote majoritairement à droite et à l’Est ont vote plus à gauche. On peut parler de « tradition politique ».

Cependant au-delà, de ceux deux œuvres fondatrices, l’analyse écologique connaît des critiques. En effet, on ne peut pas déduire à partir d’une relation spatiale, l’existence d’un lien causal entre les phénomènes observés. Deux phénomènes peuvent n’avoir aucun rapport entre eux tout en étant concomitant. En d’autres termes, un phénomène peut avoir la même origine mais sans avoir de lien l’un avec l’autre. Prenons pour exemple une étude qui montre la coïncidence des cartes du vote communiste avec le suicide. Cela ne veut pas dire que les gens qui se suicident votent communiste ou que le communisme appelle au suicide. Cette critique est possible à prouver mathématiquement. Avec les techniques de calcul de sondage d’opinion, on peut déterminer s’il y a une corrélation ou pas. Cette technique s’appelle le Chi 2.

Après la seconde guerre mondiale, une autre approche voit le jour.

2) L’approche psycho-sociologique.

C’est le développement des enquêtes d’opinion qui a permis à partir des année 1940 de relier l’individu à des groupes d’appartenance et de montrer les corrélations que l’on peut faire en matière de comportement électoral. En effet, contrairement aux approches géographiques, les sondages permettent de mesurer les relations entre caractéristiques sociales et orientation électorale au niveau individuel.

C’est Paul Lazarsfeld et son équipe en 1944 (the people’s choice) qui avance l’hypothèse que « une personne pense politiquement comme elle est socialement. Les caractéristiques sociales déterminent les préférences politiques ». Même si le vote reste un acte individuel, la préférence politique obéit aux normes collectives propres au groupe d’appartenance dans lequel l’individu évolue.

Ces normes sont les variables socio-économiques, culturelles, et géographiques. Lazarsfeld montre, chiffres à l’appui, que le protestantisme oriente les votes en faveur des candidats républicains et que le catholicisme en faveur des candidats démocrates (variable culturelle).

Il montre aussi que plus le statut social est élevé, plus l’individu vote républicain, et plus le statut social est faible, plus l’individu vote démocrate (variable socio-économique) .

Enfin, le fait de résider en zone urbaine ou rurale influe lui aussi sur le vote.

Ces trois variables sont les principaux déterminants, mais d’autres, tels que l’age par exemple pèse sur la préférence politique.

B- Le poids des variables lourdes

Les travaux de Colombia ont ouvert l’analyse sociologique du vote. Mais quelques années plus tard, une autre équipe de chercheurs ont critiqué le caractère déterministe trop excessif et aussi que ce modèle ne permet pas de rendre compte des variations du comportement électoral à l’échelle individuelle. Pour les chercheurs du Michigan, montrer les corrélations entre appartenance sociale et vote, ne permet pas de les expliquer et de comprendre pourquoi les membres de tel ou tel groupe votent majoritairement pour tel parti.

Contre une analyse centrée sur « les groupe », il se concentre sur l’électeur en tant qu’individu qui produit une décision de vote. C'est-à-dire qu’on s’interroge au rapport que l’individu entretient avec l’objet politique (partis, programme, hommes politiques, symboles, etc.…). On parlera ici de modèles psychosociologiques.

Dans ce modèle, la notion principale c’est l’identification partisane, définie comme l’attachement affectif de l’électeur à l’un ou l’autre parti. Cette variable s’inscrit dans la durée. Cette identification se construit à travers la famille qui assure largement la transmission des préférences politiques. En d’autres termes, la socialisation primaire.

Cependant, ce modèle de stabilité du vote a fait l’objet de critiques. Ce concept d’identification partisane n’a pas la force prédicative qu’on lui prête, même si son influence n’est pas négligeable. Aux EU, en 1972, la moitié des jeunes s’identifiaient au même parti que leurs parents contre 70% près de 15 ans plus tôt.

Maintenant que nous avons posé le cadre théorique des hypothèses déterministes, nous posons une question importante : si il y a un déterminisme quelle est sa conséquence directe sur la vie politique ?

C) l’hypothèse déterministe structure durablement les systèmes politiques démocratiques

Le mécanisme de reproduction d’une attitude politique à partir d’une position sociale, se retrouve dans la théorie de Pierre Bourdieu. Notamment, à partir de la notion d’habitus : « système de disposition durable et transposable », qui veut dire qu’on a intériorisé un ensemble de normes, de principe, de vison du monde qu’on a hérité de son milieu social, et aussi lié au processus de socialisation politique à travers la famille.

Si l’on observe une reproduction du comportement politique, on peut donc dire que cette perspective structure durablement le système politique. Par exemple, l’habitus des ouvriers est de voter à gauche, c’est un phénomène observable à travers le temps. Je pense que l’habitus de classe est une hypothèse pertinente. Je prends ici pour exemple, une situation personnelle.

Mon père qui est un immigré, et qui est devenu français, a débuté sa vie professionnelle comme ouvrier. Pendant dix ans de sa vie, quarante heures semaine, il portait des sacs de sucre de 50kg sur le dos. Aujourd’hui, il est chef d’entreprise à la tête de plusieurs boutiques de prêt à porter en France et en Belgique, avec plusieurs salariés. On sait que statistiquement, la catégorie socioprofessionnelle des cadres et chefs d’entreprise votent majoritairement à droite. Or mon père continue toujours de voter à gauche alors que « statistiquement » il a « tout » pour voter à droite (propriétaire, habitant milieu rural, syndicat de patron).

La reproduction des comportements politiques est un élément d’information fondamental pour les détenteurs du pouvoir politique. En effet, l’homme politique connaissant ce qui détermine le vote de telle ou telle catégorie sociale, va pouvoir anticiper sur les attentes de celles-ci. Les chiffres nous montrent que les pratiquants catholiques votent prioritairement à droite. Avec cette information viable dans le temps, l’homme politique de droite va construire et proposer son programme en tenant compte de cette donnée. Ainsi les partis se structurent autour des valeurs que prônent leurs électeurs traditionnels.

Je pense que si aujourd’hui nous traversons une crise politique c’est justement en partie parce que les partis politiques ne sont plus fidèles aux idées et valeurs de leurs électeurs respectifs. La conséquence directe sur l’échiquier politique se traduit par un glissement des deux principaux partis de France (PS et UMP). Nombreux sont les commentateurs politiques qui observent un glissement du PS vers la droite. De même que l’UMP glisse vers sa droite extrême.

II) hypothèse des choix stratégiques

Dans

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