DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Carmen, Prosper Mérimée

Commentaire de texte : Carmen, Prosper Mérimée. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  12 Avril 2020  •  Commentaire de texte  •  5 388 Mots (22 Pages)  •  1 464 Vues

Page 1 sur 22

[pic 1]

[pic 2]


Le texte est un extrait de la nouvelle Carmen, de Prosper Mérimée. L’extrait correspond à l’excipit de la nouvelle. La fin de cette dernière coïncide avec la fin de la liaison du personnage éponyme et de Don José ; une fin marquée par la mort de Carmen. Dans quelle mesure la mort de Carmen a-t-elle été prévue et annoncée par la narration ? L’ambiance du départ de Don José et Carmen présage un drame. Dans le deuxième mouvement, le présage est encore marqué pendant le dialogue entre Carmen et Don José. Dans le dernier mouvement du texte, il s’avère que la fin de ce dialogue se termine par deux coups qui achèvent le récit et la vie de Carmen.

        

Le 1er  mouvement : L’avant départ :

Le premier mouvement du texte correspond aux 11 premières lignes : du début de l’extrait à « la grande reine des Bohémiens ». Ce mouvement correspond  à la narration régie par Don José. En effet, le mode narratif employé dans ce mouvement est celui du raconter. Le lecteur reconnaît que la narration est menée par Don José, l’un des personnages principaux de l’histoire. La présence du narrateur homodiégétique se manifeste par plusieurs indices notamment l’emploi de la première personne du singulier « je » et ses dérivés « me, mon »… D’ailleurs, le premier mot sur lequel s’ouvre l’extrait est le pronom personnel « je » : « je me sentais près de pleurer ». Cette première phrase est constituée de plusieurs éléments qui renseignent sur le personnage-narrateur. D’abord, l’emploi du pronom personnel « je », puis, le pronom réfléchi  « me » qui reprend le narrateur. Finalement, le sens de la phrase indique le sentiment qui l’envahi. Le fait d’être « près de pleurer »  révèle la sensation d’étouffement qui annonce, dès le début du texte, l’état d’âme du narrateur. L’étouffement est traduit au niveau syntaxique par une phrase simple, brève et concise. Il s’agit d’une phrase déclarative correspondant à la modalité assertive. Le personnage-narrateur n’explique pas davantage pour quelles raisons va-t-il pleurer, son étouffement est mimé par la brièveté de la phrase. La succession des actions et le suspens sont introduits par la 2ème phrase. Cette dernière (je lui dis que je reviendrai et je me sauvai) véhicule deux actions qui entretiennent des relations chronologiques dans la mesure où l’action A (dire qu’il reviendrait) précède l’action B (se sauver). Ces deux actions achevées, vu l’emploi du passé simple « dis, sauvai », permettent de déduire que le narrateur avait un projet : celui de fuir (se sauver cf. l.1) qu’il envisageait faire avec son interlocuteur (je lui dis). La probabilité de ce projet trouve ses échos dans l’emploi du conditionnel (je reviendrais). Le narrateur attendait probablement l’arrivée de son interlocuteur ; une attente qui ressort à la 3ème phrase. Effectivement, le fait d’entendre la cloche est un signal pour se lever. Le retentissement de la cloche est un signal qui fait cesser la première action mentionnée (se coucher sur l’herbe). Dans le cadre de l’attendre du personnage-narrateur, la symbolique de la cloche est particulièrement significative. En résonnant, la cloche avertit, invite les chrétiens et rythme leurs journées, des matines aux vêpres. Elle invite au rassemblement du peuple. En ce sens, la cloche est emblématique de la communication. Dans le texte, le retentissement de la cloche est subordonné à une arrivée ; un retentissement qui ne suscite pas uniquement la cessation d’une action (se coucher sur l’herbe) mais aussi le commencement de nouvelles actions : « alors, je m’approchai, mais je restai en dehors de la chapelle ». Les verbes sont conjugués au passé simple : dis, sauvai, j’allai, m’approchai, restai, fut, retournai, retrouvai… Il s’agit alors d’actions accomplies dans le passé. Cela permet de dire que la narration est ultérieure : le narrateur raconte ce qui s’est déroulé antérieurement dans un passé plus ou moins lointain. Le champ lexical de la religion se déploie autour des mots suivants : chapelle, cloche, messe… Ce champ lexical qui constitue le vocabulaire qui tisse les premières phrases de ce mouvement indique le cadre spatio-temporel dans lequel l’histoire se déroule. Le temps de l’histoire correspond à l’heure de la messe, alors que l’espace correspond à l’extérieur de la chapelle. Le lecteur trouve les réponses aux questions sur la situation d’énonciation depuis les premières phrases : Où se déroule l’histoire ? Quand ? Qui parle ? & à qui ? L’interlocuteur de Don José est explicitement mentionné dans la 6ème phrase : « J'espérais presque que Carmen se serait enfuie ; elle aurait pu prendre mon cheval et se sauver... mais je la retrouvai ». L’emploi du verbe « espérer » au conditionnel laisse entendre une déchéance. Cette dernière est plus apparente grâce à la ponctuation et à la syntaxe. Le point virgule introduit une pause moins légère que celle introduite par la virgule et fixe l’attention sur les nuances qui composent la pensée. Le verbe « pouvoir » conjugué au conditionnel passé (elle aurait pu prendre mon cheval et se sauver) contribue à l’expression de la déchéance. Les trois points de suspension qui laissent penser que le narrateur avait en tête un autre scénario envisagé avec Carmen, à part celui qu’il est en train de raconter. Outre les temps verbaux et la ponctuation, la catégorie grammaticale des conjonctions est aussi un moyen pour exprimer la déception et la déchéance (.. mais je la retrouvai). La conjonction « mais » marque une chute qui désillusionne le narrateur. Ce dernier, contre toute attente, se retrouve face à une femme qui se caractérise par son charisme et son courage : « Elle ne voulait pas qu'on pût dire que je lui avais fait peur». Cette phrase est une première indication sur le caractère fort de Carmen. Elle ne veut pas paraître peureuse du Don José. L’emploi du verbe pouvoir au subjonctif passé (qu’on pût dire) n’est pas fortuit. Le narrateur aurait pu dire « ne voulait pas qu’on dise » ; Carmen refuse le fait de soupçonner la peur de Don José. Le narrateur mentionne les occupations auxquelles vaquait Carmen durant son absence : « elle avait défait l'ourlet de sa robe pour en retirer le plomb ». La robe est considérée comme un vêtement féminin qui symbolise la féminité et la sensualité. La symbolique du plomb peut trouver ses échos dans le projet de Don José qui est voué à la déchéance : On dit « il a du plomb dans l’aile » pour désigner un projet qui semble rencontrer des difficultés. Mis à part cette expression idiomatique qui pourrait être lié au premier paragraphe, le plomb est un métal souvent associé à la magie. Le désenvoutement par plomb est l’une des manières les plus courantes dans la magie. Le terme « magie » est évoqué dans le texte : « elle était si occupée de sa magie ». L’adverbe « si » marque l’intensité de l’implication de Carmen dans la magie. Pour décrire cette activité de magie, le narrateur utilise des phrases-tapisseries, au sens de Georges Molinié. Ces phrases constituent un support pour la description « elle était devant une table, regardant dans une terrine pleine d'eau le plomb qu'elle avait fait fondre, et qu'elle venait d'y jeter. Tantôt elle prenait un morceau de plomb et le tournait de tous les côtés d'un air triste, tantôt elle chantait quelqu'une de ces chansons magiques … ». Contrairement aux premières phrases du paragraphe qui étaient généralement simples et courtes, les phrases complexes accumulent les actions de la magie : « était devant une table, regardant une terrine, elle avait fait fondre, elle venait de jeter.. ». Les processus de l’activité de magie semblent être longs et complexes, ce qui est traduit par des phrases longues. Le thème de la magie n’est pas présent seulement par le vocabulaire (mot magie répété deux fois : « sa magie », « magiques »), mais aussi par l’évocation de Marie Padilla. L’apposition du groupe verbal « dit-on » indique que Marie Pedilla est une personne connue dans l’entourage des personnages : Carmen et Don José. Pedilla était accusée d’avoir ensorcelé le roi Don Pedro. Cette accusation est remarquée par le sens de l’expression « dit-on » qui désigne une information infondée qui s’est propagée. Dans ce premier mouvement, Carmen parait comme une femme séductrice ayant une forte personnalité qui pratique la magie. Comme sa « Balli Crallisa » ou la grande reine des Bohémiens qui a pu ensorceler le roi Don Pedro, il se peut que Don José soit lui aussi ensorcelé par le pouvoir de Carmen. Son pouvoir est suggéré par les syntagmes verbaux reflétant des actions (elle avait défait, elle avait fait fondre, elle venait d’y jeter, elle ne s’aperçut pas, elle prenait, elle le tournait, elle chantait) et non d’états (elle était occupée, elle était devant une table). Parmi les 9 verbes dont le pronom reprend Carmen, uniquement deux sont des verbes d’états alors que 7 sont des verbes d’actions. La supériorité des verbes d’action reflète son pouvoir magique.

Le 2ème mouvement : une scène aussi bien tendue que dramatique :

Le deuxième mouvement est intitulé « une scène aussi bien tendue que dramatique » : dramatique dans le sens où le dialogue entre les deux personnages annonce dores et déjà une fin tragique. Il s’agit d’une scène où la tension augmente crescendo. Ce mouvement correspond au dialogue de Carmen avec Don José : un dialogue qui commence par « Carmen, lui dis-je, voulez-vous venir avec moi ? » et qui se termine par « et la jeta dans les broussailles » (cf. l.43). Le dialogue est rapporté par le discours direct qui confère plus d’authenticité au texte et qui fait croire au lecteur que les actions se déroulent devant ses yeux. Contrairement au 1er mouvement où le raconter régnait, le mode narratif employé dans le deuxième mouvement est le mode du montrer. En effet, les paroles des personnages ne sont pas présentées par une médiation du narrateur, ce qui leur donne plus de légèreté et d’expressivité. Le narrateur intervient de temps à autres pour indiquer les mouvements et les actions des personnages.

...

Télécharger au format  txt (31 Kb)   pdf (190.6 Kb)   docx (32.8 Kb)  
Voir 21 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com