Commentaire argumentatif de ''La Machine Infernale'' de Jean Cocteau
Discours : Commentaire argumentatif de ''La Machine Infernale'' de Jean Cocteau. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Alix Bonnet Ghnassia • 13 Avril 2016 • Discours • 1 834 Mots (8 Pages) • 3 270 Vues
FALLAH BOUDON Monna – 1°L1 01.03.2016
Commentaire argumentatif sur La machine infernale de Jean Cocteau
On se situe dans l’entre deux guerres, à la suite du bilan désastreux de la 1ère guerre mondiale. Le monde est toujours en situation d’instabilité, politique et économique, ceci a donc favorisé l’émergence des organisations extrémistes et des idéologies totalitaires. Période qui fut également marquée par un bouleversement durable des rapports de forces nationaux, ainsi que par des progrès techniques considérables. À partir de 1929, la crise économique et sociale, ainsi que la montée des nationalismes étatiques agressifs créent une atmosphère de tension et de peur. En France le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter, c’est la famine due au manque d’argent les gens ne parviennent donc plus à se nourrir.
C’est durant cette période que l’on retrouve Jean Cocteau, un écrivain de la première moitié du XX° siècle. Il est romancier, mais surtout poète et dramaturge, puis cinéaste à partir de la seconde guerre mondiale, et également un grand passionné de dessin et d’art en tout genre. Toutes ces œuvres sont nourries par la poésie. Et c’est au théâtre qu’il développe son talent, avec un intérêt pour la mythologie, et particulièrement le mythe d’Œdipe. Il se passionne et s’inspire de Sophocle, dont il réécrira de nombreuses pièces à sa façon.
C’est ainsi qu’il écrit en 1932 La machine infernale, issue du mythe antique d’Œdipe et de la tragédie de Sophocle Œdipe roi. C’est l’histoire de cet enfant maudit, abandonné à la naissance, il fuira de chez ses parents adoptifs croyant échapper ainsi au malheur qui l’attend ; c’est ainsi qu’il se précipite vers son destin, il tue son père et se marie avec sa mère, il est celui qui résout l’énigme du Sphinx, donnant ‘’l’Homme’’ comme ultime réponse.
On va alors étudier de quelles manières Cocteau se réapproprie le mythe d’Œdipe pour en faire une tragédie moderne.
Nous allons donc évoquer premièrement les modifications apportées aux personnages ; puis la mise en scène faite par Cocteau ; et nous finirons par aborder les thèmes et les messages délivrés par Cocteau au travers de cette pièce.
Nous commençons donc par la réinterprétation des personnages faite par Cocteau. Le Sphinx, est présenté sous la forme d’une jeune fille, et parait alors plus sensible aux sentiments de la compassion et de l’amour, il se trouve alors manipulé à son tour dans cette pièce, croyant que Œdipe lui serait redevable et se montrerait aimant avec elle. Le fantôme de Laïus, nous est présenté comme un personnage apeuré, mais aussi ridicule car il peine à s’exprimer et ne parvient qu’à apparaitre aux yeux des soldats et non à ceux de Jocaste lors du premier acte sur les remparts de Thèbes. Tirésias lui, est ici montré comme trop proche des dieux ; il sait tout du destin tragique d’Œdipe et de Jocaste mais personne ne l’écoute, il garde alors le silence face au malheur. Il est également ridiculisé par Jocaste qui le surnomme ‘’zizi’’ ce qui lui fait perdre d’autant plus sa crédibilité. Jocaste est ici une femme et reine faible, crédule et romanesque, dans l’acte I elle utilise un langage familier plutôt que solennel, comme avec le surnom qu’elle donne à Tirésias. Elle fait des rêves, a des pressentiments et des craintes dont elle ne perçoit pas le sens, elle se heurte aux apparences et se voile la face, par exemple quand elle découvre les cicatrices sur les pieds d’Œdipe elle est surprise mais se résigne tout de suite à croire les (fausses) explication de son nouveau mari, ou lorsqu’elle lui dit ‘’j’étais bouleversée parce qu’il te ressemblait’’ en parlant d’un garde, alors qu’à ce moment elle ne connaissait pas encore Œdipe, puisqu’elle s’embrouille en évoquant son fils qui aurait le même âge que celui-ci. De plus elle fait de nombreuses allusions à un amour presque maternel, comme l’adjectif possessif ‘’mon petit’’. Enfin, Œdipe lui, est présenté par Cocteau comme un homme ‘’faible et orgueilleux’’ comme le dit Tirésias ; mais également sans mérite, détourné du mythe tragique ce n’est pas lui qui a découvert la réponse à l’énigme de la Sphinx, c’est elle-même qui lui a soufflée, il n’est donc pas un héros conquérant qui triomphe sur la connaissance et l’énigme humaine. C’est seulement à la fin du récit qu’il parvient à la place du héros, ‘’Son orgueil ne le trompe pas. Il a voulu être le plus heureux des hommes, maintenant il veut être le plus malheureux’’ nous dit-on. On peut aussi noter que la voix du cœur avec ses chants rythmés est considérablement réduite dans La machine infernale, contrairement à Sophocle dans Œdipe Roi, afin d’avoir une plus grande liberté d’allure et de rythme.
Ici Cocteau change les caractéristiques des personnages à son aise, afin de se détourner de la tragédie traditionnelle, et de l’hypotexte de Sophocle.
Maintenant nous allons travailler sur la mise en scène que fait Cocteau dans La machine infernale.
Premièrement on note que la pièce est découpée en quatre actes, totalement différents dans leur climat, leur rythme, leur thématique, leur style de jeu et leur langage, ce qui produit alors l’effet de quatre pièces différentes qui se lient et font un ensemble. Pour cela les trois premiers actes sont totalement interprétés par Cocteau, tandis que le dernier acte lui est calqué sur le modèle de la tragédie de Sophocle. Le premier acte est quant à lui inspiré de la pièce Hamlet, par la présence du fantôme de Laïus en référence au spectre du père de Hamlet. Dans le second acte rentre en jeu Anubis à la tête de chacal, qui discute avec la Sphinx sur la relativité du temps et la hiérarchie des dieux, ce qui change l’univers du contexte de base de la tragédie. Puis le troisième acte est éclairé une partie du mythe souvent laissé dans l’ombre, la nuit de noce, nuit de l’acte charnel et donc de l’inceste-même, ici il y a un climat de sensualité et de sommeil à la fois, cette scène montre l’approche du danger, et du destin tragique des personnages.
Cocteau choisit dans cette pièce d’introduire ‘’la Voix’’ qui éclaire la structure de l’œuvre alors qu’elle n’a même pas débuté, elle rappelle les épisodes les plus importants du mythe, annonce le dénouement tragique de la pièce et donne les informations nécessaires au lecteur ou spectateur pour une compréhension maximale. Elle raconte l’intrigue par avance afin d’introduire les émotions du public, qui n’est donc pas ignorant et de garder donc une réelle signification. La voix est également présente au début de chaque acte afin de nous replacer dans l’histoire et de nous prévenir des événements importants.
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