Diderot, autorité politique
Analyse sectorielle : Diderot, autorité politique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar nadachkaiban • 27 Avril 2016 • Analyse sectorielle • 952 Mots (4 Pages) • 1 404 Vues
Texte 2
L’article « autorité » est inspiré des thèses du philosophe anglais Locke et témoigne de l’audace de la réflexion politique des Lumières.
AUTORITE POLITIQUE Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison. Si la nature a établi quelque autorité, c’est la puissance paternelle ; mais la puissance paternelle a ses bornes ; et dans l’état de nature elle finirait aussitôt que les enfants seraient en état de se conduire. Toute autre autorité vient d’une autre origine que la nature. Qu’on examine bien, et on la fera toujours remonter à l’une de ces deux sources : ou la force et la violence de celui qui s’en est emparé, ou le consentement de ceux qui s’y sont soumis par un contrat fait ou supposé entre eux, et celui à qui ils ont déféré l’autorité.
La puissance qui s’acquiert par la violence n’est qu’une usurpation et ne dure qu’autant que la force de celui qui commande l’emporte sur celle de ceux qui obéissent ; en sorte que si ces derniers deviennent à leur tour les plus forts, et qu’ils secouent le joug1, ils le font avec autant de droit et de justice que l’autre qui le leur avait imposé. La même loi qui a fait l’autorité la défait alors : c’est la loi du plus fort.
Quelquefois l’autorité qui s’établit par la violence change de nature ; c’est lorsqu’elle continue et se maintient du consentement exprès de ceux qu’on a soumis ; mais elle rentre par là dans la seconde espèce dont je vais parler ; et celui qui se l’était arrogée devenant alors prince cesse d’être tyran.
La puissance qui vient du consentement des peuples suppose nécessairement des conditions qui en rendent l’usage légitime utile à la société, avantageux à la république2, et qui la fixent et la restreignent entre des limites ; car l’homme ne peut ni ne doit se donner entièrement et sans réserve à un autre homme, parce qu’il a un maître supérieur au-dessus de tout, à qui il appartient tout entier. C’est Dieu dont le pouvoir est toujours immédiat sur la créature, maître aussi jaloux qu’absolu, qui ne perd jamais de ses droits et ne les communique point.
Denis DIDEROT (1713-1784), Encyclopédie, article « Autorité politique ».
Diderot précise les conditions dans lesquelles une relation peut s’établir entre le monarque et son peuple. Il remet en cause la tradition du droit divin en affirmant une conception fondée sur la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes
1. Dégagez la thèse et analysez-la.
La nature humaine se définit fondamentalement par la liberté et la raison qui rend possible l’usage cette liberté. « Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres ». (l.1).
Registre polémique : la phrase négative dans la formule initiale « Aucun homme n’a reçu » attaque le principe de la monarchie du droit divin. La liberté de l’individu renvoie à l’égalité de chacun.
2. Quel est le type de raisonnement adopté ?
Le raisonnement déductif : il part d’un postulat qui se réfère au discours théologique : « La liberté est un présent du ciel » qu’il s’attache par la suite à démontrer en se référant aux différentes formes d’autorité : naturelle, politique et religieuse.
3. Reformulez les arguments et analysez-les.
• Caractère naturel de l’autorité paternelle mais limitée par le temps.
Le connecteur logique " si……..mais " (l. 3-4) induit un raisonnement concessif : Diderot introduit ainsi son point de vue doucement, tout en respectant celui de son adversaire. On
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