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Explication linéaire du Prologue de "Juste la Fin du Monde"

Fiche de lecture : Explication linéaire du Prologue de "Juste la Fin du Monde". Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  3 Juillet 2022  •  Fiche de lecture  •  1 711 Mots (7 Pages)  •  524 Vues

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Eléments pour une explication linéaire du prologue (p. 51 et 52),

Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce

Eléments de contexte

Juste la fin du monde est une pièce écrite en 1990, proche par ses thèmes, notamment celui de l’intime

et du retour, et par sa dimension autobiographique, de deux autres œuvres de Jean-Luc Lagarce (J’étais dans

ma maison et j’attendais que la pluie vienne et Le Pays lointain). Jamais jouée du vivant de l’auteur, elle a

connu différentes mises en scène après sa mort qui ont montré l’importance et la singularité de l’écriture de

Lagarce dans le théâtre contemporain.

Ce texte est un prologue (Dans le théâtre antique, partie de la pièce qui précédait l’entrée du chœur et

qui était consacrée à l’exposition du sujet). Ici, le prologue est pris en charge par le personnage principal,

Louis, dans un monologue qui précède le début de l’histoire en elle-même (scène 1 de la première partie qui

réunira tous les personnages).

(Il y aura également dans la pièce un intermède la séparant en deux parties, chaque partie renvoie à un

moment de la journée, et un épilogue. Dans l’Antiquité, intermède = passages chantés, commentaires de

l’action).

L’unité du passage

Ce prologue est une seule et longue phrase

➢ qui comporte différentes strates (un énoncé principal et des commentaires), des répétitions.

➢ dont la mise en espace (entre la prose et une forme poétique libre) est surprenante et structurante.

➢ engage l’acteur dans un travail sur le rythme, lent et marqué, et le souffle.

Mouvements et progression du texte

Le 1er mouvement (l. 1 à 20) s’appuie sur la répétition régulière de « l’année d’après » l. 1, 5, 9, 15 qui ouvre

à chaque fois sur des commentaires de Louis, la ligne 20 venant refermer ces multiples parenthèses et

rappeler la structure principale de la phrase. Le premier sujet exposé dans ce prologue (à travers cette

répétition et un champ lexical) est donc celui du temps.

Le 2ème mouvement (l. 21 à 32) est centré sur les éléments essentiels de la phrase, exposant les intentions

de Louis et le motif central de la pièce : son retour auprès de sa famille pour lui annoncer sa mort à venir.

Le 3ème mouvement (l. 33 à 43) qui débute par la conjonction de coordination « et » s’adresse à différents

destinataires de ce prologue et énonce finalement le but essentiel que s’est fixé Louis : être celui qui dirige.

Le projet de lecture

Comment, dans ce prologue, l’unique phrase nous permet-elle de suivre le cheminement de la pensée de

Louis ?

Explication linéaire

1

er Mouvement (l. 1 à 20) : la préoccupation du temps

Le premier mouvement relie, à travers une complexité et un brouillage temporel, le thème du temps à

celui de la mort.

L’œuvre commence ainsi à partir du moment où Louis dit son attention au temps. La première ligne « Plus

tard, l’année d’après » interroge : après quoi ? et fait allusion à ce qui précède la pièce, à ce qui appartient

à la vie et non pas à l’œuvre. Cette première phrase permet d’entrer la fiction.

Le personnage suspend alors la ligne principale de cette phrase, ajoute une précision dans les lignes 2 à

4, reliant d’emblée la notion du temps au thème de la mort : cela renvoie à l’expression « la fin du monde »

dans le titre de l’œuvre !

Cependant, il est à noter que l’emploi de l’imparfait « j’allais mourir à mon tour » dit ce qui a déjà eu lieu

(≠ je vais mourir à mon tour) : Louis est donc mort quand il présente ce prologue. La pièce évoque ainsi le

temps qui reste à vivre (avant une mort qui interviendra « après » la pièce).

Ce temps est un temps d’angoisse, comme le montre la répétition lancinante, obsédante de « l’année

d’après » et celle de « de nombreux mois que j’attendais » (l. 6, 8). Louis est comme pétrifié par l’issue

tragique qui l’attend, ce que souligne notamment la négation dans l’énumération « à ne rien faire, à tricher,

à ne plus savoir » (« tricher » ayant lui-même un sens négatif : il s’agit de ne pas accepter la vérité).

Cette préoccupation du temps qui reste est intime mais le prologue rappelle qu’elle est aussi universelle.

Ainsi, le pronom personnel « je » est le sujet de tous les verbes conjugués dans ce texte, hormis dans les l.

10 à 15 : « Comme on ose bouger parfois […] aussitôt ». Ces lignes étaient annoncées par le GN « à mon

tour » (l. 2). On peut y lire la dimension autobiographique (Sida, maladie mortelle…). Toutefois, le

personnage ne s’appelle pas Jean-Luc, mais Louis, et il nous parle, grâce à l’œuvre, au-delà de sa propre

mort. Rappel de la condition humaine universelle, mortelle, tragique et d’un des rôles d’une œuvre (créer

du commun). Ce commun est ici exprimé par l’emploi des pronoms « on » (indéfini, l. 10) et « vous » (l. 14),

le présent de vérité générale « ose » (l. 10) et l’imprécision de la menace : « un extrême danger » (l. 12) et

« l’ennemi » (l. 14). Ce qui est partagé ici : comment l’attitude la plus discrète, la moins vive, nous donne

l’illusion de pouvoir échapper au danger, c’est l’expérience humaine de la peur (explicite l. 16 à 19) qui est

envisagée ici.

➢ Donc ce 1er mouvement permet d’entrer dans la fiction : il situe les événements (moment évoqué

dans la pièce avant la mort du personnage principal) et met en partage un vécu intime, et annoncé

comme tragique.

2

ème mouvement (l. 21 à 32) : les intentions de Louis

Après les précisions temporelles du 1er mouvement, le 2ème mouvement permet de progresser dans

l’énoncé. L’attitude volontariste de Louis est soulignée par le sujet + le groupe verbal des l. 21 et 22. La

décision qui est prise est celle d’un retour dont la pièce fera le récit, voir le lexique (« retourner », « revenir »,

« aller », « faire le voyage ») et le pronom « les » qui, associé à ce champ lexical du retour, renvoie

implicitement à la famille de Louis. On comprend que le singulier « je » se distingue de la famille envisagée

comme un ensemble cohérent, ce que rappelle le commentaire des lignes 26 et 27 posant la question de ce

que

...

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