Plaidoirie "je mourrais pas gibier"

Statistiquement 79,3% des citoyens pensent un accusé coupable.           Simplement parce que la justice et les médias en parlent. Cela vient donc d’une autorité supérieure, ils se donnent dès lors le pouvoir de conjecturer sur l’issue de l’affaire.                                                                                                

Cette façon d’agir porte un nom : l’effet Milgram en référence au scientifique qui portait ce nom.

Vous vous demandez pour quelle raison je vous relate ces chiffres ?                      Tout simplement, Mesdames et Messieurs les jurés, pour vous rendre compte que dans l’assemblée il y a une moyenne de 79,3% de personnes qui pensent, mon client coupable. Fait plus grave, seulement 3 des jurés ici présent se baseront sur les circonstances atténuantes et ce simplement à cause des informations sans conviction émises par les autorités, diffusées sur les médias. Cela est préjudiciable pour mon client.

Avez-vous imaginé, ne fusse qu’une seconde pourquoi monsieur Marcial ici présent à commis cet acte ? Car bien sur vous vous limitez aux faits. Alors que pour agir il y a des motivations qui l’ont poussé à commettre son acte jugé légitime pour lui.

Et oui mesdames et messieurs tout n’est pas rose dans le patelin peu connu de Mortagne. Vous calomniez mon client, sans connaitre son entourage, alors qu’assurément, ses motivations venaient de là !

Avant de commencer ma plaidoirie, retenez bien ce mot clé « la rage »

Mesdames et Messieurs les jurés plongez-vous un instant dans la vie de martial, compliqué comme ça sans contexte ?!                                        Heureusement pour vous, je vais tenter de vous immerger le mieux possible dans son quotidien pour le moins très spéciale.

Pour commencer imaginez-vous, adolescents dans une famille de trois enfants, une mère peut présente, un père peu compatissant.

Des rêves inexistants et même irréalisables, Martial rêve d’un métier bien précis. Hors, dans son existence toute tracée les rêves ne peuvent pas voler très haut et n’ont pas leur place.

Peu d’amis, sauf un vrai, Terrence. Un frère pour le moins méchant avec lui et une sœur faisant part de moqueries incessante à son insu.                          Dans ce village où l’absence de loyauté, l’hypocrisie, la bêtise, la lâcheté des uns et des autres règnent, comment s’y faire une place ?

Concrètement il n’a pas sa place dans le village.

Quand son père lui annonce qu’il souffre d’un cancer les seuls mots pour le réconforter venant de son patron sont « c’est de ta faute ».                        Sympathique vous ne trouvez pas ? Quel euphémisme !

S’il n’y avait que ça, la vie serait juste amphigourique, non ?

Bien sûr viens s’additionner à cela, le fait que Terrence se fait harceler, battre, violenter à sang. À sa place qu’auriez-vous fait ?

Ma question est rhétorique, car bien sûr je connais déjà la réponse, le sentiment de rage vous aurait envahi, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Alors Mesdames et Messieurs les jurés qui est le vrai coupable mon client, ne sachant pas gérer sa colère ou alors la violence faite à une personne sans défense ?